Un choix cornélien attend le CIO. Au moment où s’ouvre ce vendredi 10 février une conférence réunissant des ministres des Sports de plusieurs pays pour étudier la question de la présence des athlètes russes aux JO de Paris 2024, le Comité international olympique (CIO) est plus que jamais sous pression.
En cause ? Les déclarations du président ukrainien Volodymyr Zelensky, pour tenter d’obtenir l’exclusion totale des sportifs russes et biélorusses des prochains Jeux olympiques.
Désormais, la balle est dans le camp du CIO, qui finira bien par trancher cette question, où deux visions semblent s’affronter : d’un côté, les plus radicaux, menaçant de boycott si l’exclusion pure et simple de ces athlètes n’a pas lieu. De l’autre les plus modérés, militants pour une participation sous bannière neutre.
Kiev en première ligne
Lors de cette visioconférence organisée par Londres et regroupant de nombreux ministres des sports, Volodymyr Zelensky a été invité à s’exprimer. Et une fois encore, la position du président ukrainien n’a pas évolué. La présence de sportifs russes aux JO serait selon lui un « signe de violence et d’impunité », y compris sous bannière neutre, estimant que « les représentants de cet État terroriste n’ont pas leur place dans les compétitions sportives et olympiques ».
Pour défendre son point de vue, Zelensky invoque depuis plusieurs semaines le respect et la protection de la Charte olympique et de ses principes les plus fondamentaux pour éviter « de dire au monde entier que la terreur est en quelque sorte acceptable ». Le ministre des sports ukrainien Vadym Gutzeit a également fait valoir l’argument selon lequel « en Russie, le sport est un élément de la politique, une puissante propagande, en l’occurrence la promotion de la guerre ». Face à ce lobbying ukrainien qui prend de l’ampleur, le président du CIO a d’ailleurs été contraint de réagir fermement.
Dans un courrier daté du 31 janvier et révélé jeudi par le comité olympique ukrainien, Thomas Bach, président du CIO, y dénonce la posture de Kiev comme allant « à l’encontre des fondamentaux du mouvement olympique ». Il ajoute que les « pressions » ukrainiennes sont perçues comme « extrêmement regrettables » par « la vaste majorité » des comités nationaux olympiques (CNO) et fédérations internationales.
Face aux revendications du président ukrainien Volodymyr Zelensky, le président du CIO Thomas Bach a dénoncé les pressions de Kiev sur la question de la participation des athètles russes aux JO de Paris 2024.
« Et comme l’histoire l’a montré, les précédents boycotts n’ont pas atteint leurs objectifs politiques et n’ont servi qu’à punir les sportifs » des pays concernés, avance Thomas Bach en connaissance de cause puisqu’il a lui-même été privé de la défense de son titre olympique du fleuret par équipes suite au boycott de Berlin lors des JO de 1980 à Moscou. Pour sa défense, le CIO rappelle également dans cette lettre qu’un boycott sportif « est une violation de la Charte olympique », car « aucun athlète ne devrait être empêché de concourir uniquement à cause de son passeport ».
Une réponse avant l’été
Une posture plus docile avec la Russie qui fait grincer des dents à Kiev, alors que l’option défendue par l’Ukraine semble de plus en plus partagée. À l’instar de la maire de Paris, Anne Hidalgo, particulièrement concernée par la bonne tenue des prochains Jeux dans sa ville.
Surtout que l’édile a récemment fait volte-face après avoir défendu l’option de la bannière neutre afin de ne pas « priver les athlètes de leur compétition ». Jeudi, à Kiev, elle a réaffirmé sa position contre la participation de sportifs russes aux olympiades parisienne. « C’est au CIO de décider » si des athlètes russes peuvent participer aux JO de Paris, avait toutefois nuancé la maire de Paris le 7 février sur franceinfo. « Mon souhait, c’est qu’il n’y en ait pas », ajoutait-elle malgré tout,
Le gouvernement français, lui, temporise, quitte à accentuer la pression sur le CIO. « Une décision doit être prise d’ici à l’été », a réagi Olivier Véran, qui laisse « la coopération internationale se faire ». De son côté, Emmanuel Macron assure avoir « parlé » d’une possible exclusion des athlètes russes des Jeux avec son homologue ukrainien, lors de sa visite surprise à Paris.
Le chef de l’État français a par ailleurs préciser qu’il se prononcerait personnellement « à l’été » sur la question. Une échéance sans doute calquée sur le traditionnel envoi des convocations aux comités olympiques nationaux, organisé l’été précédant les Jeux. Même si le CIO rappelle sans cesse que les fédérations sportives internationales demeurent « les seules autorités » régissant leurs compétitions aux JO. Les disciplines sportives pourraient ainsi imposer des règles différentes et au cas par cas, voire contester entièrement l’autorité du CIO.
La bannière neutre, l’option de la discorde
Début février, le ministre des Sports polonais Kamil Bortniczuk avait estimé qu’une quarantaine de pays devraient faire part ce 10 février de leur opposition à une participation des Russes et des Biélorusses.
Et si la Pologne et la Lettonie -au même titre que l’Ukraine- ont déjà menacé de boycotter les Jeux en cas de participation « du pays agresseur », c’est désormais au Royaume-Uni de prendre parti pour Kiev : « Nous devons réclamer au CIO qu’il démontre que les valeurs de l’olympisme signifient quelque chose », a défendu Lucy Frazer, la ministre des Sports britannique, citée par AP. Une position également défendue par la République tchèque, l’Islande, la Norvège et la Suède.
La bannière neutre fait donc office de compromis pour permettre aux athlètes russes de participer sans forme de discrimination. Une position défendue par les États-Unis, en dépit de leur soutien indéfectible à l’Ukraine depuis près d’un an, mais à certaines conditions : « Il doit être absolument clair qu’ils ne représentent pas les États russe ou biélorusse » et « l’utilisation des drapeaux russe et biélorusse, d’emblèmes ou d’hymnes doivent aussi être interdits », a fait savoir la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre suite à la diffusion d’une feuille de route du CIO publiée fin janvier et vivement critiquée par Kiev.
Mais des critiques émergent également contre ce statut si particulier. Ce que rappelait d’ailleurs Anne Hidalgo au micro de franceinfo début février en estimant que la bannière neutre, « ça n’existe pas vraiment ». Pour elle, seuls les athlètes dissidents qui concourent donc « sous le statut de réfugié » peuvent défiler sous bannière neutre. Ce qui n’est pas toujours le cas concernant les athlètes russes et biélorusses.
Dans la lettre adressée par le CIO au comité olympique ukrainien, Thomas Bach assurait aussi que la participation sous bannière neutre de sportifs russes et biélorusses aux JO-2024 « n’a même pas encore été discutée en termes concrets », le poussant à qualifier de « prématurés » les efforts de Kiev avant cette première réunion décisive.
En cause ? Les déclarations du président ukrainien Volodymyr Zelensky, pour tenter d’obtenir l’exclusion totale des sportifs russes et biélorusses des prochains Jeux olympiques.
Désormais, la balle est dans le camp du CIO, qui finira bien par trancher cette question, où deux visions semblent s’affronter : d’un côté, les plus radicaux, menaçant de boycott si l’exclusion pure et simple de ces athlètes n’a pas lieu. De l’autre les plus modérés, militants pour une participation sous bannière neutre.
Kiev en première ligne
Lors de cette visioconférence organisée par Londres et regroupant de nombreux ministres des sports, Volodymyr Zelensky a été invité à s’exprimer. Et une fois encore, la position du président ukrainien n’a pas évolué. La présence de sportifs russes aux JO serait selon lui un « signe de violence et d’impunité », y compris sous bannière neutre, estimant que « les représentants de cet État terroriste n’ont pas leur place dans les compétitions sportives et olympiques ».
Pour défendre son point de vue, Zelensky invoque depuis plusieurs semaines le respect et la protection de la Charte olympique et de ses principes les plus fondamentaux pour éviter « de dire au monde entier que la terreur est en quelque sorte acceptable ». Le ministre des sports ukrainien Vadym Gutzeit a également fait valoir l’argument selon lequel « en Russie, le sport est un élément de la politique, une puissante propagande, en l’occurrence la promotion de la guerre ». Face à ce lobbying ukrainien qui prend de l’ampleur, le président du CIO a d’ailleurs été contraint de réagir fermement.
Dans un courrier daté du 31 janvier et révélé jeudi par le comité olympique ukrainien, Thomas Bach, président du CIO, y dénonce la posture de Kiev comme allant « à l’encontre des fondamentaux du mouvement olympique ». Il ajoute que les « pressions » ukrainiennes sont perçues comme « extrêmement regrettables » par « la vaste majorité » des comités nationaux olympiques (CNO) et fédérations internationales.
Face aux revendications du président ukrainien Volodymyr Zelensky, le président du CIO Thomas Bach a dénoncé les pressions de Kiev sur la question de la participation des athètles russes aux JO de Paris 2024.
« Et comme l’histoire l’a montré, les précédents boycotts n’ont pas atteint leurs objectifs politiques et n’ont servi qu’à punir les sportifs » des pays concernés, avance Thomas Bach en connaissance de cause puisqu’il a lui-même été privé de la défense de son titre olympique du fleuret par équipes suite au boycott de Berlin lors des JO de 1980 à Moscou. Pour sa défense, le CIO rappelle également dans cette lettre qu’un boycott sportif « est une violation de la Charte olympique », car « aucun athlète ne devrait être empêché de concourir uniquement à cause de son passeport ».
Une réponse avant l’été
Une posture plus docile avec la Russie qui fait grincer des dents à Kiev, alors que l’option défendue par l’Ukraine semble de plus en plus partagée. À l’instar de la maire de Paris, Anne Hidalgo, particulièrement concernée par la bonne tenue des prochains Jeux dans sa ville.
Surtout que l’édile a récemment fait volte-face après avoir défendu l’option de la bannière neutre afin de ne pas « priver les athlètes de leur compétition ». Jeudi, à Kiev, elle a réaffirmé sa position contre la participation de sportifs russes aux olympiades parisienne. « C’est au CIO de décider » si des athlètes russes peuvent participer aux JO de Paris, avait toutefois nuancé la maire de Paris le 7 février sur franceinfo. « Mon souhait, c’est qu’il n’y en ait pas », ajoutait-elle malgré tout,
Le gouvernement français, lui, temporise, quitte à accentuer la pression sur le CIO. « Une décision doit être prise d’ici à l’été », a réagi Olivier Véran, qui laisse « la coopération internationale se faire ». De son côté, Emmanuel Macron assure avoir « parlé » d’une possible exclusion des athlètes russes des Jeux avec son homologue ukrainien, lors de sa visite surprise à Paris.
Le chef de l’État français a par ailleurs préciser qu’il se prononcerait personnellement « à l’été » sur la question. Une échéance sans doute calquée sur le traditionnel envoi des convocations aux comités olympiques nationaux, organisé l’été précédant les Jeux. Même si le CIO rappelle sans cesse que les fédérations sportives internationales demeurent « les seules autorités » régissant leurs compétitions aux JO. Les disciplines sportives pourraient ainsi imposer des règles différentes et au cas par cas, voire contester entièrement l’autorité du CIO.
La bannière neutre, l’option de la discorde
Début février, le ministre des Sports polonais Kamil Bortniczuk avait estimé qu’une quarantaine de pays devraient faire part ce 10 février de leur opposition à une participation des Russes et des Biélorusses.
Et si la Pologne et la Lettonie -au même titre que l’Ukraine- ont déjà menacé de boycotter les Jeux en cas de participation « du pays agresseur », c’est désormais au Royaume-Uni de prendre parti pour Kiev : « Nous devons réclamer au CIO qu’il démontre que les valeurs de l’olympisme signifient quelque chose », a défendu Lucy Frazer, la ministre des Sports britannique, citée par AP. Une position également défendue par la République tchèque, l’Islande, la Norvège et la Suède.
La bannière neutre fait donc office de compromis pour permettre aux athlètes russes de participer sans forme de discrimination. Une position défendue par les États-Unis, en dépit de leur soutien indéfectible à l’Ukraine depuis près d’un an, mais à certaines conditions : « Il doit être absolument clair qu’ils ne représentent pas les États russe ou biélorusse » et « l’utilisation des drapeaux russe et biélorusse, d’emblèmes ou d’hymnes doivent aussi être interdits », a fait savoir la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre suite à la diffusion d’une feuille de route du CIO publiée fin janvier et vivement critiquée par Kiev.
Mais des critiques émergent également contre ce statut si particulier. Ce que rappelait d’ailleurs Anne Hidalgo au micro de franceinfo début février en estimant que la bannière neutre, « ça n’existe pas vraiment ». Pour elle, seuls les athlètes dissidents qui concourent donc « sous le statut de réfugié » peuvent défiler sous bannière neutre. Ce qui n’est pas toujours le cas concernant les athlètes russes et biélorusses.
Dans la lettre adressée par le CIO au comité olympique ukrainien, Thomas Bach assurait aussi que la participation sous bannière neutre de sportifs russes et biélorusses aux JO-2024 « n’a même pas encore été discutée en termes concrets », le poussant à qualifier de « prématurés » les efforts de Kiev avant cette première réunion décisive.
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