Johannesburg, 1-er mars (APS) - L’ancien chef d’Etat ghanéen, Jerry Rawlings, a dénoncé mercredi soir à Johannesburg ’’la démocratie de l’argent’’ en Afrique, affirmant qu’une telle pratique est devenue ’’une réalité’’ partout dans le continent.
Envoyé spécial : Assane Diagne
’’La démocratie de l’argent est devenue une réalité. Les grands hommes d’affaires sont capables d’acheter le pouvoir’’, a notamment dit Jerry Rawlings, lors d’un dîner organisé à l’occasion du forum africain sur la lutte contre la corruption.
L’ancien président du Ghana a souligné qu’il est ’’devenu difficile pour les hommes intègres de rester intègres. La situation est telle qu’ils risquent d’être perçus comme des marginaux’’.
Pour les multinationales, ’’un changement de pouvoir est une œuvre à mener pour leurs propres intérêts’’, a indiqué M. Rawlings qui s’exprimait en présence notamment de l’ancien chef d’Etat de l’Ile Maurice, Cassam Uteem, et de l’ex-Premier ministre du Cap-Vert, Antonio Mascarenhas Monteiro.
’’Le contexte mondial actuel ne favorise pas la culture de la démocratie’’, a ajouté M. Rawlings qui a dénoncé ’’l’unilatéralisme et le capitalisme sauvage’’ en place, après la chute du bloc de l’Est.
’’Ce qui est arrivé en Amérique Latine, avec l’arrivée de Chavez (Hugo Chavez, président du Venezuela) au pouvoir est une réaction a l’unilatéralisme et au capitalisme sauvage’’, a analysé Rawlings, 60 ans, président du Ghana de 1981 à 2000.
Il a relevé que ’’ce qui se passe en Amérique Latine peut se passer en Afrique, c’est la restauration de la sobriété politique’’ et les pays occidentaux ainsi que leurs medias ’’manipulent certains Etats africains pour en faire les têtes de pont de la promotion de leur idéologie’’.
’’Nous devons bien former nos populations pour qu’elles soient capables de demander des comptes aux dirigeants. C’est le rôle du NEPAD et des gouvernements de bien former les populations’’, a-t-il dit dans un discours fortement ovationné.
’’Formez les populations et elles donneront le meilleur d’elles-mêmes, elles demanderont des comptes’’, a-t-il lancé avant d’ajouter : ’’si nous ne traduisons pas les paroles en actes, nous n’allons pas obtenir grand-chose. Nous devons agir pour arrêter le déclin moral en Afrique’’.
’’Est-ce qu’on est assez courageux en Afrique pour espérer ?’’, s’est-il demandé avant de souligner que les rencontres du genre auxquelles il assiste en Afrique du Sud lui donnent espoir dans ce sens.
Le Forum africain sur la lutte contre la corruption, dont le thème principal est ’’Vers une compréhension commune de la corruption’’, sera clôturé vendredi par une déclaration et un plan stratégique de lutte contre le phénomène.
La rencontre a pour objectif de consolider les programmes anti-corruption du continent et de préparer le 5-ème Forum mondial sur la corruption et la sauvegarde de l’intégrité.
Il est organisé par le ministère sud-africain de la Fonction publique, en collaboration avec l’Union africaine, la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, les communautés économiques régionales, la Banque africaine de développement, le secrétariat du NEPAD et la Coalition mondiale pour l’Afrique.
La rencontre se tient en prélude au Forum mondial sur la corruption prévu à Johannesburg en avril prochain. Le Sénégal y est représenté par le ministère de l’Economie et des Finances.
Aps
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