Jair Bolsonaro, premier président du Brésil issu de l’extrême droite depuis la dictature militaire, a prêté serment mardi à Brasilia, en promettant “la paix et la prospérité” à ses compatriotes et en s’engageant à lutter contre la corruption et la violence endémique. L’accession au pouvoir de cet ancien officier âgé de 63 ans a été facilitée par le rejet dans l’électorat du Parti des travailleurs, la formation de gauche qui a dirigé le Brésil pendant treize des quinze dernières années avant d’être emportée par des scandales de corruption à répétition.
Jair Bolsonaro, qui est ouvertement nostalgique de la junte militaire au pouvoir de 1964 à 1985 (), a promis d’employer la manière forte contre les gangs de trafiquants de drogue qui gangrènent le pays. “Nous allons mettre fin aux politiques qui protègent les criminels et criminalisent les policiers. Nous allons rétablir l’ordre dans ce pays”, a-t-il dit en s’adressant à la nation après son investiture. Le nouveau président brésilien s’est néanmoins engagé dans son discours à respecter la démocratie, une promesse qu’il avait déjà formulée devant les parlementaires quelques minutes après avoir prêté serment.
“Je vais travailler sans relâche pour que le Brésil réalise son destin”, a-t-il déclaré. Sur le plan économique, Jair Bolsonaro a promis de “créer un nouveau cycle vertueux pour ouvrir les marchés” et de “mener d’importantes réformes structurelles” pour réduire le déficit budgétaire. “Les Brésiliens vont pouvoir accéder à une vie meilleure grâce à la méritocratie”, a-t-il assuré dans son discours. Bolsonaro entend aussi modifier le cap du Brésil en matière de politique étrangère, voulant diminuer l’engagement du pays dans les blocs régionaux comme le Mercosur pour privilégier les relations bilatérales.
SORTIE DE L’ACCORD DE PARIS SUR LE CLIMAT?
Celui qui est parfois surnommé le “Trump des Tropiques” et qui s’est félicité mardi d’avoir “libéré le Brésil du socialisme et du politiquement correct” compte surtout se positionner dans la lignée de la politique nationaliste de Donald Trump, pour lequel il ne cache pas son admiration, et entend renforcer les liens avec Washington. Les deux dirigeants se sont d’ailleurs mutuellement adressés des amabilités sur Twitter mardi.
Symboles de ce nouveau cap: le souhait de Jair Bolsonaro de transférer l’ambassade du Brésil en Israël à Jérusalem, et de se retirer de l’accord de Paris sur le climat - comme l’a fait Donald Trump. Dans un entretien accordé lundi à Record TV, Bolsonaro s’en est pris à la bureaucratie “vraiment lourde” qui freine selon lui l’essor économique du Brésil. “Cette bureaucratie s’appuie sur des centaines d’organismes à travers le pays (...) Il nous faut mettre de l’ordre dans ce fouillis”, a-t-il affirmé. Les déclarations de Bolsonaro, ses “sorties” sexistes, racistes et homophobes, en ont fait une figure particulièrement clivante au sein de la société brésilienne.
Mais il est massivement soutenu par les conservateurs du pays, notamment les chrétiens évangéliques qui représentent un quart de l’électorat. Bolsonaro, qui est entouré de plusieurs généraux à la retraite, a promis de chasser l’éducation sexuelle des écoles et de s’opposer à un assouplissement de la législation sur l’avortement. Dans le domaine économique, le nouveau président s’est dit favorable à la réduction des retraites, aux privatisations et à la dérégulation de l’économie.
Les entreprises se sont réjouies de sa promesse de laisser carte blanche à l’économiste et investisseur Paulo Guedes, qui a fait fortune en pariant sur la baisse des marchés financiers, chargé de diriger un “super ministère” de l’Economie. Mettre en oeuvre certaines réformes comme celle des retraites constituera toutefois un défi important pour Jair Bolsonaro, qui ne dispose pas encore d’une assise politique au Congrès.
avec Brad Brooks à Sao Paulo; Jean Terzian, Guy Kerivel et Tangi Salaün pour le service français
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