Benyamin Netanyahu a été officiellement désigné pour former le prochain gouvernement israélien, ce mercredi 17 avril. Le chef du Likoud, parti de droite, est donc reconduit dans ses fonctions. Cela fait dix ans qu'il dirige le pays sans discontinuer, après un premier mandat à la fin des années 90. Et il est en passe de devenir le Premier ministre avec la plus grande longévité d'Israël, battant le père de l'indépendance David Ben Gourion.
De notre correspondant à Jérusalem, Guilhem Delteil
Manifestations après manifestations, ses opposants crient « Netanyahu, rentre à la maison ». Le chef du gouvernement fait face à des critiques sur sa gestion du pays, sur les affaires de corruption dans lesquelles son nom est cité. Mais malgré l'usure du pouvoir et la menace d'une mise en examen dans trois enquêtes distinctes, le Premier ministre reste malgré tout la personnalité politique préférée des Israéliens.
Un bilan économique positif
Les crises à répétition avec la bande de Gaza n'ont guère entaché son image de garant de la sécurité du pays. Benyamin Netanyahu a surtout réussi à défendre les intérêts d'Israël sur la scène internationale, créant une coalition anti-Iran passant par des capitales avec lesquelles le pays n'a pas de relations diplomatiques. Le Premier ministre peut aussi se targuer d'un bilan économique positif : si près d'un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté, le taux de croissance était encore supérieur à 3% en 2017 et moins de 4% de la population active est au chômage.
Sur le plan politique, Benyamin Netanyahu s'est maintenu au pouvoir en s'alliant avec des formations de plus en plus à droite. Son principal rival lors des dernières élections, Benny Gantz, l'a accusé d'avoir réussi à rallier les extrêmes. Mais s'il a mené une campagne très clivante, revendiquant une suprématie juive sur les autres communautés, Benyamin Netanyahu cherche à se présenter désormais comme un Premier ministre rassembleur. « Je veux que toutes les composantes de la société, juifs et non-juifs, soient associées à la grande histoire d'un succès appelé Israël », a t-il déclaré mardi 16 avril, au soir.
Le casse-tête de la coalition
Mais Benyamin Netanyahu doit désormais composer une coalition et pour cela, parvenir à rassembler des partis aux exigences parfois opposées. Au sein du bloc de droite, la principale fracture se situe entre les laïcs et les libéraux. Et les divergences n'ont pas attendu la désignation officielle de Benyamin Netanyahu comme Premier ministre pour s'exprimer.
Avigdor Lieberman, à la tête du parti Israel Beitenou, formation ultra-nationaliste mais laïque, a même fait durer le suspense sur son soutien au chef de file de la droite pour constituer une nouvelle coalition. Et l'ancien ministre de la Défense pose des conditions à son retour au gouvernement. La première est qu'une loi limitant les exemptions de service militaire pour les ultra-orthodoxe soit adoptée: un texte auquel s'opposent les partis représentant cet électorat très religieux. « Nous nous efforçons de soutenir le bon sens et la logique sur les questions de religion et d’État » a déclaré Avigdor Lieberman, quitte, dit-il, à provoquer de nouvelles élections.
Avec ces cinq élus, Israel Beitenou apporte les voix qui permettent à Benyamin Netanyahu d'avoir une majorité absolue, donnant un poids politique important à ce parti. Mais les trois formations religieuses représentées à la Knesset, qui ont 21 sièges, se sont alliées pour opposer un front uni aux revendications d'Avigdor Liberman. « Si nos positions ne sont pas acceptées, il n'y aura pas de coalition » a prévenu l'un de ses responsables. C'est à trouver le difficile équilibre entre les deux que Benyamin Netanyahu doit désormais s'atteler.
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