Israel : Ehud Olmert pour un tracé définitif des frontières d'ici 2010

Le Premier ministre par intérim d'Israël a fait part de la volonté de l'Etat hébreu de se doter de frontières permanentes d'ici 2010. Cela, dans un délai "raisonnable". Un unilatéralisme qui n'est pas bien accueilli, côté palestinien.

Ehud Olmert est prêt à accorder un délai "raisonnable" au Hamas pour reconnaître l'Etat d'Israël, dont le Premier ministre par intérim entend tracer d'ici 2010 les frontières définitives si son parti Kadima remporte les élections législatives du 28 mars, rapporte jeudi le Jerusalem Post. A moins de trois semaines du scrutin, Kadima conserve une large avance sur le parti travailliste et le Likoud dans les intentions de vote, indiquent les derniers sondages parus le même jour dans d'autres journaux israéliens.

Kadima, classé au centre de l'échiquier politique israélien, est crédité de 37 ou 38 sièges sur les 120 que compte la Knesset. Les travaillistes en obtiendraient 19 ou 20 et le Likoud, qu'Olmert a quitté dans le sillage d'Ariel Sharon pour fonder Kadima, arriverait en troisième position avec entre 14 et 17 députés. "La question de savoir qui va remporter les élections est d'ores et déjà réglée. Le problème maintenant est de savoir si nous serons suffisamment puissants pour agir à notre guise et pour cela il nous faut le plus de sièges possible", a lancé Olmert mercredi lors d'une réunion électorale. Dans son interview, que le Jerusalem Post publiera vendredi dans son ensemble, Ehud Olmert se donne quatre ans pour "doter Israël de frontières permanentes, par lesquelles nous nous séparerons complètement de la majorité de la population palestinienne". Ces frontières seraient tracées soit après la conclusion d'un accord de paix avec les Palestiniens, soit par le biais de retraits unilatéraux de Cisjordanie.

Le négociateur palestinien Saëb Erekat a réagi en estimant que l'unilatéralisme n'était pas une façon de faire avancer les choses. "Nous exhortons M. Olmert à reprendre avec nous les négociations sur un statut permanent." "La route de la paix et de la sécurité dans la région ne passe pas l'unilatéralisme, la construction de murs et de colonies, mais par la reprise des négociations sur un statut permanent."

Dans son interview, Olmert se dit par ailleurs prêt à accorder un délai "raisonnable" au Hamas pour reconnaître l'Etat d'Israël, renoncer au "terrorisme", déposer les armes et endosser les accords conclus entre l'Autorité palestinienne et Israël. Le mouvement islamiste est chargé de former le prochain gouvernement palestinien après sa victoire aux élections législatives du 25 janvier. Il a jusqu'à présent refusé de reconnaître Israël, dont il prône la destruction.

Olmert exclut toute négociation avec le Hamas si le mouvement islamiste ne répond pas préalablement à ses exigences et à celles de la communauté internationale. "Nous allons attendre mais je n'ai pas l'intention d'attendre éternellement", prévient Olmert. "Si, après un délai raisonnable, il semble évident que l'Autorité palestinienne ne paraît pas disposée à accepter ces principes, nous devrons commencer à agir", souligne-t-il.

Les frontières définitives d'Israël seraient alors tracées après un dialogue interne à la société israélienne et après des consultations avec la communauté internationale, détaille le Premier ministre par intérim. Olmert, qui a pris la tête du gouvernement israélien après l'hémorragie cérébrale qui a plongé Ariel Sharon dans le coma le 4 janvier, a fait part de son intention de démanteler les implantations isolées de Cisjordanie mais de conserver les principaux blocs de colonies juives. L'un de ses principaux conseillers, Avi Dichter, a cependant prévenu qu'Israël conserverait dans ce cas une présence militaire en Cisjordanie.

Les Palestiniens assimilent ces projets à une annexion de territoires qu'ils revendiquent pour leur futur Etat. Sous l'impulsion d'Ariel Sharon, Israël a totalement évacué la bande de Gaza en août et en septembre.