Six mois après son investiture, François Hollande va tenter mardi de
redorer son image présidentielle malmenée dans la presse et les
sondages, alors qu'il entame un virage délicat sur fond de nouveaux
efforts demandés aux Français pour relancer la compétitivité de
l'économie française.
Fini le président "normal", désormais il faut que François Hollande
"passe au président avec un grand P, qu'il prenne la hauteur
nécessaire", "gagne un peu en solennité et en dramatisation", estimait
récemment un de ses fidèles, le ministre de la Défense Jean-Yves Le
Drian dans les colonnes du Monde.
Signe de ces temps nouveaux,
le chef de l'Etat a finalement choisi d'organiser sa première grande
conférence de presse du quinquennat sous les ors de grande salle des
fêtes de l'Elysée, alors qu'en avril, il avait en tête un lieu moins
imposant hors les murs du palais présidentiel. Ce rendez-vous très
attendu avec quelque 400 journalistes, retransmis en direct sur France 2
et les chaînes d'information en continu, intervient alors que le chef
de l'Etat négocie un virage délicat pour tenter de restaurer la
compétitivité de l'économie française.
Revenant sur des
promesses de campagne, il a ainsi effectué un revirement spectaculaire,
en décidant d'augmenter les taux de TVA, cet impôt pourtant honni de la
gauche. Sans y voir une volte-face comparable au tournant de la rigueur
de 1983, l'économiste Elie Cohen, soutien de François Hollande pendant
sa campagne y voit un "changement de cap". Une réorientation à risque
alors que le chef de l'Etat reste à un bas niveau dans trois sondages
(BVA, Ipsos et LH2), publiés lundi où il stagne entre 41 et 44%
d'opinions favorables.
Pour le président de l'institut CSA, Bernard Sananes, le président doit
d'abord "donner aux Français des raisons d'espérer alors que la crise
est là et que leur moral est au plus bas", ensuite "montrer que le
gouvernement est mobilisé", alors qu'une série de couacs a fragilisé la
crédibilité de son Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Enfin, lui-même
"s'imposer dans l'habit présidentiel face au Hollande bashing" qui a
quand même mis à mal dans l'opinion "l'autorité du président de la
République".
"L'opinion est prête à accepter des changements de
positions" comme sur la TVA, mais les Français "jugeront sur deux
critères : est-ce que c'est juste, est-ce que c'est efficace",
estime-t-il aussi. L'exercice risque de s'avérer compliqué, le chef de
l'Etat devant "envoyer des signaux forts aux acteurs économiques" tout
en conservant "son socle électoral". La gauche de sa majorité l'attend
déjà au tournant.
"Demain, on va voir comment François Hollande
va expliquer que ce qui n'a pas marché ailleurs --en Grèce, en Espagne,
au Portugal-- va marcher ici !", a d'ores et déjà prévenu le coprésident
du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon. Pour un de ses proches,
François Hollande joue "une partie très importante" avec ce "temps fort"
qui doit désormais rythmer son quinquennat tous les six mois.
"Il
va devoir expliquer le sens de son action, fixer un cap, une
perspective mais aussi se poser en rassembleur devant des Français
inquiets", notamment "sur la question centrale de l'emploi". Au
gouvernement et au PS, les attentes sont également fortes. "J'attends
une excellente pédagogie, une claire vision de là où il veut aller",
affirme une ministre tandis que David Assouline, porte-parole du parti,
voudrait que l'exercice permette aux Français de "comprendre le sens des
efforts qui sont demandés".
La droite, à l'instar du secrétaire
général de l'UMP Jean-François Copé, attend tout autre chose de
François Hollande : "un moment d'autocritique face à tous les mensonges
qu'il a pu faire aux Français pendant sa campagne".
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