Dans une déclaration unanime, le Conseil de sécurité de l'ONU a réclamé un "arrêt immédiat des combats", qui font rage depuis trois jours dans la région disputée du Haut-Karabakh, entre l'Azerbaïdjan et des forces séparatistes soutenues par l'Arménie.
À l'issue d'une discussion à huis clos sur le Haut-Karabakh, le Conseil de sécurité des Nations unies a demandé, mardi 29 septembre, une cessation immédiate des combats.
Les 15 membres du Conseil de sécurité ont "fermement condamné le recours à la force" dans la région disputée du Haut-Karabakh entre l'Azerbaïdjan et des forces séparatistes soutenues par l'Arménie.
"Les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur soutien à l'appel du secrétaire général [Antonio Guterres] à une cessation immédiate des combats, une désescalade des tensions et un retour sans délai à des négociations constructives", a déclaré le Conseil dans un communiqué adopté pendant une réunion d'urgence demandée par les pays européens du Conseil (Belgique, Estonie, Allemagne, France et Royaume-Uni).
Le texte, court, affirme enfin le "plein soutien" du Conseil au "rôle central des coprésidents (États-Unis, Russie, France) du Groupe de Minsk de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) et ont exhorté les parties à travailler en étroite collaboration avec eux pour "une reprise urgente du dialogue sans conditions préalables".
La crainte d'une escalade militaire
L'Arménie avait affirmé plus tôt, mardi, qu'un chasseur-bombardier turc soutenant l'Azerbaïdjan avait abattu un de ses avions militaires, ce qu'ont aussitôt démenti Ankara et Bakou, au troisième jour de combats meurtriers dans la région disputée du Haut-Karabakh.
Une intervention militaire directe turque marquerait un tournant majeur après des combats, qui ont fait près de cent morts et qui se poursuivent, malgré les appels au calme de la communauté internationale. Une guerre ouverte entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan risquerait de déstabiliser le Caucase du Sud et d'y entraîner les puissances régionales, au premier rang desquelles la Turquie et la Russie.
Depuis dimanche, les forces de l'enclave séparatiste du Haut-Karabakh, soutenue politiquement, militairement et économiquement par l'Arménie, et celles de l'Azerbaïdjan s'affrontent dans les combats les plus meurtriers depuis 2016.
Le Kremlin a appelé, mardi, la Turquie, qui soutient Bakou, à œuvrer au rétablissement de la paix au Haut-Karabakh. La veille, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait promis que son pays resterait "aux côtés" de l'Azerbaïdjan "par tous les moyens".
Vladimir Poutine s'est entretenu, mardi soir, au téléphone avec le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, à la demande de ce dernier, et a souligné "la nécessité urgente d'un cessez-le-feu" et de "désamorcer la crise".
Une centaine de morts
Le bilan officiel s'établissait, mardi, à 97 morts, à savoir 80 soldats séparatistes et dix-sept civils : douze en Azerbaïdjan et cinq côté arménien. Mais les deux camps affirment chacun avoir tué des centaines de militaires ennemis.
"Il y a une guerre, il y a beaucoup de destructions, de victimes, un grand nombre de militaires sont impliqués", a pour sa part déclaré Nikol Pachinian dans un entretien la chaîne de télévision russe Rossïia 1, "Nous percevons cela comme une menace existentielle pour notre peuple."
"Il n'y a pas une seule preuve d'une participation de la Turquie au conflit", a pour sa part martelé le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, affirmant qu'Ankara apportait seulement "un soutien moral" à Bakou. L'Azerbaïdjan "rétablira son intégrité territoriale", avait-il plus tôt affirmé.
Le ministre arménien de la Défense a déclaré que les séparatistes avaient détruit 72 drones, sept hélicoptères, 137 chars, un avion et 82 véhicules militaires azerbaïdjanais depuis dimanche. Les autorités du Haut-Karabakh disent également avoir regagné des positions perdues "au sud et au nord du front", ce que Bakou dément, faisant état d'une nouvelle progression des troupes azerbaïdjanaises et de la destruction d'"une colonne motorisée arménienne" et des positions de deux bataillons arméniens dans la région de Talish et près de la ville de Terter.
Une région disputée
L'Azerbaïdjan, un pays turcophone dont les habitants sont en majorité chiites, réclame le retour sous son contrôle du Haut-Karabakh, majoritairement peuplé d'Arméniens, de confession chrétienne, dont la sécession en 1991 n'a pas été reconnue par la communauté internationale.
Après des semaines de rhétorique guerrière, l'Azerbaïdjan a annoncé avoir déclenché, dimanche, une "contre-offensive" en réponse à une "agression" arménienne, usant de son artillerie, de blindés et de bombardements aériens sur la province qui lui échappe depuis la chute de l'URSS et une guerre, qui a fait 30 000 morts.
La Russie, la France et les États-Unis, médiateurs au sein du Groupe de Minsk dans ce conflit, ont appelé sans succès à un cessez-le-feu et à des négociations. Les efforts de médiation depuis près de trente ans ne sont pas parvenus à régler ce conflit et le Haut-Karabakh est régulièrement secoué par des violences.
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