À l'appel de divers syndicats et collectifs, une journée nationale de grève et de manifestations est organisée mardi dans les grandes villes françaises pour s'opposer à la réforme des retraites mise en œuvre par le gouvernement. Une nouvelle journée "noire" est attendue dans les transports.
Troisième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, mardi 17 décembre, présentée par les syndicats comme une journée "noire". Tous les syndicats sont invités dès mercredi à Matignon pour des discussions afin de trouver le chemin d'une sortie de crise avant Noël.
Au 13e jour d'une grève illimitée à la SNCF comme à la RATP, les salariés du public et du privé sont attendus en nombre dans les cortèges de cette nouvelle journée interprofessionnelle de protestation contre le système universel de retraites par points.
À Paris et en région
La démonstration de force du 5 décembre (806 000 manifestants selon le ministère de l'Intérieur), au premier jour du conflit, servira de référence, davantage que la mobilisation en net repli d'il y a une semaine (339 000 pour la place Beauvau).
Une donnée pourrait affoler les compteurs : la présence de tous les syndicats dans les manifestations, à Paris - entre République et Nation - comme en régions.
Les cortèges verront défiler cheminots, enseignants, fonctionnaires, avocats, magistrats en grève... Mais aussi des internes, médecins et soignants mobilisés dans toute la France pour réclamer davantage de moyens pour l'hôpital.
La CGT, Force ouvrière, la CFE-CFC, Solidaires et la FSU marcheront pour réclamer le retrait pur et simple du projet, en essayant de tirer parti des difficultés de l'exécutif. Le gouvernement est en effet fragilisé par la démission lundi de son haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye, après une semaine de révélations sur ses activités et mandats non déclarés.
"J'espère qu'on sera enfin entendus, que le gouvernement va finir par comprendre qu'il faut appuyer sur le bouton ‘stop’", a souligné lundi Yves Veyrier, le numéro un de FO, organisation qui participera mardi soir à une intersyndicale pour décider de la suite du mouvement. La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a déjà répondu : la réforme demeure, "nous ne la retirerons pas".
"Totalement injuste"
Dans les mêmes cortèges mais derrière leurs propres banderoles, les organisations du camp réformiste, la CFDT, la CFTC et l'Unsa, défileront non pas contre le principe d'une fusion des 42 régimes existants en un système universel, mais pour améliorer le contenu du projet. Et surtout pour refuser l'introduction dès 2022 d'un "âge d'équilibre" qui doit atteindre 64 ans en 2027 afin d'encourager, grâce à un dispositif de bonus-malus, l'allongement des cotisations et ainsi garantir l'équilibre des comptes.
"Changer toutes les règles est suffisamment anxiogène pour ne pas ajouter des mesures financières dès 2022", plaide dans les colonnes de La Croix le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, vent debout contre un âge d'équilibre "totalement injuste".
Même privé de son "Monsieur retraites" - son remplacement doit intervenir "dans les meilleurs délais", selon l'Élysée -, l'exécutif semble vouloir aller de l'avant pour éviter que la contestation ne s'installe durablement dans les rangs réformistes.
La majorité courtise le premier syndicat français : lundi soir, une dizaine de députés LREM ont rencontré Laurent Berger pour "renouer le dialogue" de façon "informelle".
Dans la foulée de la journée de mobilisation, Édouard Philippe compte recevoir les organisations syndicales et patronales représentatives pour des réunions bilatérales mercredi à partir de 14H30, suivies d'une "multilatérale" jeudi à 16H00.
"Il est temps de mettre un terme aux blocages"
Le temps presse à une semaine de Noël, et alors que la SNCF présente mardi matin son plan de transport - forcément réduit - pour le premier week-end des vacances.
Bouchons sur les routes, cohue sur les quais... En région parisienne, les jours se suivent et se ressemblent. Aucune trêve pour les fêtes ne s'annonce du côté des syndicats du ferroviaire ou de la RATP.
La situation dans les transports restera d'ailleurs très compliquée mardi, 13e jour de grève.
La SNCF a annoncé un trafic "très perturbé" avec un TGV sur quatre et un train de banlieue sur cinq "en moyenne". Il y aura trois liaisons TER sur dix, "essentiellement" assurées par autocars. Seulement 5 % des trains Intercités circuleront. Côté RATP, huit lignes de métro seront fermées. Les RER A et B circuleront "uniquement" aux heures de pointe.
La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a en outre demandé aux compagnies aériennes de réduire
de 20 % leur programme de vols au départ et à l'arrivée de l'aéroport d'Orly.
Les commerçants et hôteliers-restaurateurs parisiens s'alarment, qui disent enregistrer des chutes d'activité
de 25 % à 60 % par rapport à l'an dernier.
Le patronat s'impatiente. "Il est temps de mettre un terme aux blocages", a supplié le Medef dans une lettre à ses adhérents, tenaillés par "l'inquiétude d'une fin d'année dans le rouge".
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