Les obsèques, solennelles et grandioses, de Margaret Thatcher se sont déroulées mercredi à Londres en présence de dirigeants du monde entier, à peine troublées par quelques sifflets venus rappeler la personnalité controversée de la "Dame de fer".
Hymnes, honneurs
militaires, rires et larmes: les funérailles de celle qui dirigea le
Royaume-Uni de 1979 à 1990, ont été comparables en importance à celles de
Winston Churchill, son héros, il y a près d'un demi-siècle, en 1965.
Le cercueil de l'ex-Premier
ministre conservatrice, recouvert de l'Union Jack, a été transporté sur un
attelage tiré par des chevaux, du Parlement de Westminster jusqu'à la
cathédrale Saint Paul. Il a été ensuite porté par un groupe de soldats et de
marins à l'intérieur de la cathédrale pour un service auquel assistait la reine
Elisabeth.
Des milliers de
partisans s'étaient massés sur le parcours du cortège, certains lançant des
roses bleues. Ses opposants entonnaient "Ding, Dong, la sorcière est
morte", chanson tirée du film Le Magicien d'Oz. D'autres se sont détournés
ou ont sifflé au passage du cercueil.
Dans la mort, comme de
son vivant, la "Dame de fer" disparue le 8 avril à l'âge de 87 ans,
divise les Britanniques.
Ses partisans la voient
comme la championne des réformes et d'un libéralisme sans entrave tandis que
ses opposants se souviennent de sa volonté d'en découdre avec les syndicats et
de privatiser sans limites, inaugurant une ère d'avidité financière dont
l'apogée sera la crise financière de 2008.
Le défilé solennel à
travers Londres a été ponctué de salves tirées toutes les minutes de la Tour de
Londres. Les célèbres cloches de Big Ben ont été réduites au silence pour la
première fois depuis les funérailles de Churchill.
Aux airs de Beethoven,
Mendelssohn et Chopin joués par les musiciens de l'armée britannique -plus de
700 militaires participaient à la cérémonie- se mêlaient des applaudissements
de la foule. Durant le service funéraire de Margaret Hilda Roberts, dirigé par
l'évêque de Londres Richard Chartres, le ministre des Finances, George Osborne,
n'a pas caché ses larmes.
KISSINGER PRÉSENT,
GORBATCHEV ABSENT
Nombre de Britanniques
ont vu d'un mauvais oeil le coût élevé de ces funérailles, évalué à 10 millions
de livres (près de 12 millions d'euros) aux frais du contribuable.
Ses admirateurs, en
revanche, estiment que le rôle joué par "Maggie", première femme, et
à ce jour la seule, à avoir dirigé un gouvernement britannique, justifiait une
telle cérémonie.
"Elle a fait des
choses extraordinaires dans sa vie", a déclaré le Premier ministre, David
Cameron. "Ce qui se passe aujourd'hui est tout à fait ce qui convient et
ce qui est juste", a ajouté le chef des Tories, le Parti conservateur que
Margaret Thatcher mena trois fois à la victoire.
Plus de 2.300 personnalités
ont assisté aux obsèques, parmi lesquelles 11 chefs de gouvernement en
exercice, mais aussi tous les membres du gouvernement britannique, deux chefs
d'Etat et 17 ministres des Affaires étrangères.
L'ancien secrétaire
d'Etat américain Henri Kissinger était également présent. Au total, 170 pays
devaient être représentés.
La délégation des
Etats-Unis était conduite par George Shultz, secrétaire d'Etat sous Ronald
Reagan, dont la politique fut très proche de celle de Margaret Thatcher, ainsi
que par James Baker, qui exerça de hautes fonctions sous les administrations de
Reagan et de George Bush père. En revanche, aucun membre de l'administration
Obama n'avait fait le déplacement.
La France, qui elle non
plus n'avait envoyé aucun membre de l'exécutif, était représentée par la
députée socialiste Elisabeth Guigou, ancienne ministre et présidente de la
Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale.
L'ambassadeur
d'Argentine, pays avec lequel Margaret Thatcher entra en guerre en 1982 au
sujet des îles Malouines, avait décliné l'invitation à la cérémonie, la
présidente argentine Cristina Fernandez, n'ayant pas été invitée à la demande
de la famille de Margaret Thatcher.
Autre absent de marque, l'ancien numéro un soviétique Mikhaïl Gorbatchev. A 82 ans, sa santé fragile ne lui a pas permis de faire le voyage à Londres. Margaret Thatcher fut l'une des premières à l'Ouest à juger que le père de la Glasnost et de la Perestroïka était quelqu'un de fréquentable.
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