François Hollande a clairement montré mardi qu'il était sur le chemin d'une nouvelle candidature, affirmant qu'il n'y a pas d'alternative à gauche à sa ligne sociale-démocrate et que les programmes des candidats de la droite mettraient en cause "les fondements de l'Etat" s'ils étaient mis en oeuvre. L'impopulaire président a justifié sur Europe 1 son action, défendu son bilan, promis de nouvelles baisses d'impôts si les finances de la France le permettent, juré qu'il ne céderait pas sur la loi Travail et martelé son "ça va mieux".
"Ce n'est pas un propos de circonstance, de campagne ou de tribune, c'est une réalité", a dit le chef de l'Etat, indicateurs économiques à l'appui, tout en admettant que ce n'était pas le cas "forcément pour tous les Français". Sur le plan politique, François Hollande s'est montré pugnace, coupant court aux critiques de son camp en affirmant qu'il n'y avait pas d'alternative à son projet dont il a donné une définition : "une forme de social-démocratie à la française où il sera possible que l'Etat ait toute sa place et où les partenaires pourront jouer tout leur rôle."
Réagissant à l'appel lancé dimanche par l'ancien ministre socialiste Arnaud Montebourg pour "un projet alternatif en 2017", François Hollande assorti sa réponse d'un lapsus laissant peu de doutes sur ses intentions, qu'il dévoilera officiellement à la fin de l'année en fonction de l'évolution du chômage.
"Il y a une alternative de droite qui existe, et si je ne suis pas... si la gauche n'est pas reconduite, ce sera la droite qui l'emportera, ou l'extrême droite. Il n'y pas d'alternative de gauche", a-t-il dit. "En dehors du gouvernement qui est aujourd'hui en place, il n'y a pas d'alternative à gauche", a-t-il insisté. "Il n'y a pas d'alternative de gauche, au sens où il n'y a pas un mouvement qui aujourd'hui puisse accéder au second tour de l'élection présidentielle et puisse, sans avoir notre appui, conduire les destinées de la France".
VERBE ÉLECTORAL
François Hollande a aussi remis à sa place de ministre de l'Economie Emmanuel Macron, qui a lancé un mouvement hors partis aux ambitions encore floues. "S'il veut développer ses idées, il en a le droit, mais dans le cadre (...) de la solidarité gouvernementale", a dit François Hollande à propos de son ancien conseiller à l'Elysée. "S'il n'avait pas ma confiance, il ne serait pas au gouvernement." Le président français a réservé à la droite ses flèches les plus acérées, invitant les Français à lire, comme lui, les programmes des candidats à la primaire prévue en novembre.
"Je lis ce que les uns et les autres proposent, c'est d'ailleurs ça la démocratie", a-t-il reconnu, fustigeant certaines propositions, de la hausse de la TVA à la baisse du nombre de fonctionnaires en passant par la suppression de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF). "Je pense toujours que les hommes politiques sont sincères. Le risque c'est qu'ils le fassent, qu'ils détruisent ce que nous avons fait, qu'ils remettent en cause les fondements de notre Etat", a-t-il dit.
Ces propositions de la droite, "lisez-les !", a-t-il même lancé à l'adresse des futurs électeurs. Pour ses détracteurs, comme l'ancien Premier ministre LR Jean-Pierre Raffarin, François Hollande est bien candidat, un rôle dans lequel il se sent à l'aise. "Au fond, le président crée un désordre politique, sa fragilité est en lui-même, parce qu'il n'est jamais entré dans le costume de président, il s'enferme dans celui de candidat", a-t-il déclaré sur RMC et BFM TV. "On le sent bien, son verbe est un verbe électoral."
(Elizabeth Pineau et Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)
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Anonyme
En Mai, 2016 (11:56 AM)Participer à la Discussion