Des policiers ont abattu vendredi matin un homme armé notamment d'un couteau qui tentait de mettre le feu à une synagogue à Rouen et les menaçait, a annoncé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Vers 6h45, les policiers sont "intervenus sur un signalement de dégagement de fumée près de la synagogue", située rue des Bons enfants dans le centre historique de Rouen, a détaillé une source policière à l'AFP.
"Un individu a mis le feu à la synagogue de Rouen. Il aurait pris à partie les policiers et les pompiers", a indiqué à l'AFP le procureur de Rouen, Frédéric Teillet. "Ensuite, il aurait menacé un policier d’un couteau et ce dernier a fait usage de son arme et l’individu est décédé", a précisé le procureur.
Selon la version policière, la police nationale a vu sur les lieux "un individu debout sur le mur d’enceinte de la synagogue, porteur d’une barre de fer et d’un couteau de 25 centimètres. Il brandit le couteau et se dirige vers les policiers qui tirent".
Une première enquête a été ouverte pour "incendie volontaire" visant un lieu de culte, "violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique" confiée à la DGPN, a fait savoir le parquet.
Une autre enquête a été ouverte sur les circonstances du décès de l'individu armé pour "violences volontaires avec armes ayant entrainé la mort sans intention de la donner", confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).
"A Rouen, les policiers nationaux ont neutralisé tôt ce matin un individu armé souhaitant manifestement mettre le feu à la synagogue de la ville. Je les félicite pour leur réactivité et leur courage", a écrit M. Darmanin sur X.
L'homme abattu par les forces de l'ordre n'avait pas de pièce d'identité sur lui et n'a pas été identifié à ce stade, a-t-on précisé de source policière.
Une riveraine, Elias Morisse, qui habite en face de la synagogue, dit "avoir entendu aux alentours de 6h50 des coups de feu, des détonations. Au moment de partir, je décide d’ouvrir les volets de mon appartement, et effectivement j’ai vu de la fumée sortir de la synagogue, la police, les pompiers et vraiment à droite dans la rue un corps, celui de l’assaillant qui a été abattu à ce moment-là".
- "Choc absolu" -
"C'est l'effroi, c'est le choc absolu", a réagi le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, arrivé sur place.
Interrogé par les médias sur les éventuels dégâts, le rabbin Chmouel Lubecki dit espérer "que les rouleaux de la Torah n'ont pas été touchés. C'est le plus important qu'il y ait dans la synagogue".
"La communauté est bouleversée. On est une petite communauté et malheureusement, ça peut nous arriver aussi", a-t-il ajouté faisant référence à la montée des actes antisémites. Il a précisé que près de 150 à 200 familles composent la communauté juive de la ville normande.
Sollicité par l'AFP, le Parquet national antiterroriste indique être en train d'évaluer s'il se saisit du dossier.
"Tenter de brûler une synagogue, c'est vouloir intimider tous les Juifs. Une nouvelle fois, on veut faire peser un climat de terreur sur les Juifs de notre pays. Combattre l'antisémitisme, c'est défendre la République", a affirmé sur X le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi.
Gérald Darmanin avait demandé le 14 avril dernier aux préfets de renforcer la sécurité devant les lieux de culte juifs ainsi que devant les écoles confessionnelles, au lendemain de l'attaque menée par l'Iran contre Israël.
Les opérations militaires lancées par l'Etat hébreu contre la bande de Gaza, qui ont causé la mort de plus de 35.000 personnes, en représailles à l'attaque des combattants du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier ont provoqué une forte hausse des actes d'antisémitisme en France.
Début mai, le Premier ministre Gabriel Attal avait annoncé que "366 faits antisémites" avaient été enregistrés au premier trimestre 2024, soit "une hausse de 300% par rapport aux trois premiers mois de l'année 2023".
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