France : les députés entament l'examen du projet de loi sur l'immigration

Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP), le 8 septembre 2010.

Après l'agitation la semaine dernière sur la très controversée réforme des retraites, les députés ouvrent ce mardi 28 septembre 2010 un autre dossier brûlant : celui de l'immigration. Avec au menu, le projet de loi « immigration, intégration et nationalité » présenté par le ministre de l'Immigration, Eric Besson. Il reprend notamment les mesures annoncées le 30 juillet dernier par Nicolas Sarkozy dans son discours de Grenoble, un texte conspué par l'opposition. Les débats d'annoncent donc houleux à l'Assemblée.
On s'attend à nouveau à une ambiance extrêmement tendue à l'Assemblée nationale où l'opposition promet, comme sur les retraites, un véritable tir de barrage contre un projet de loi qui est, selon elle, discriminatoire et « contraire à l'Etat de droit ».

Le bras de fer risque d'être d'autant plus dur, que le texte présenté par le ministre Besson reprend les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy dans son désormais fameux discours de Grenoble. Celui qui a marqué le virage sécuritaire du gouvernement. C'était fin juillet et le président n'avait pas hésité à faire un lien entre « immigration et délinquance ».

Tollé depuis dans la classe politique, condamnation ferme de l'opposition et des associations de droits de l'homme, et malaise également dans la majorité. Un malaise renforcé par les évacuations estivales musclées de camps de Roms.

Près de 500 amendements ont été déposés contre ce projet de loi sur l'immigration qui comporte plus d'une centaine d'articles, dont la déchéance de la nationalité pour les français naturalisés depuis moins de 10 ans et condamnés pour le meurtre d'un policier.

Cinq projets de loi en sept ans sur l'immigration

Le texte vise également les campements illicites et l'expulsion des ressortissants européens comme les Roms. Sujet particulièrement sensible sur la scène nationale mais également internationale et qui déjà a valu au gouvernement et à la France les condamnations du Pape, de l'Onu, de l'Europe et même plus récemment de la diplomatie américaine.

Pour autant, Nicolas Sarkozy et son gouvernement n'entendent pas se laisser infléchir. La sécurité et l'immigration font depuis longtemps partie des « marqueurs politiques » du sarkozysme, de la Place Beauvau jusqu'à l'Elysée.

Ce nouveau projet de loi sera d'ailleurs le 5e en 7 ans sur l'immigration. Ce qui fait d'ailleurs dire à l'opposition que ce texte encore plus répressif marque véritablement l'échec personnel de Nicolas Sarkozy. Des attaques balayées par une grande partie de la majorité qui renvoie l'opposition à son « amateurisme sinon à son immobilisme » en la matière.

Même les protestations internationales ne semblent pas émouvoir le président qui à moins de 20 mois de la présidentielle a fait le choix de consolider avant tout le coeur de son électorat au prix même d'un clash s'il le faut avec ses partenaires européens.