Le gouvernement français vit sauf surprise ses derniers jours, l'extrême droite ayant annoncé lundi qu'elle voterait la censure sur des questions budgétaires, ce qui, avec les voix de la gauche, devrait précipiter la chute de l'exécutif dans une France plongée déjà depuis des mois dans le chaos politique.
"Nous voterons la censure du gouvernement", a tranché la figure de proue de l'extrême droite Marine Le Pen. Les voix du Rassemblement national (RN) et celles de l'alliance de gauche, qui a aussi déposé une motion de censure, sont suffisantes pour faire tomber le gouvernement de centre-droit dépourvu de majorité à l'Assemblée.
Peu avant, le Premier ministre Michel Barnier avait engagé la responsabilité de son gouvernement pour faire adopter sans vote le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
Devant un hémicycle survolté, M. Barnier, engagé depuis plusieurs jours dans de laborieuses tractations, a dit avoir été "au bout du dialogue avec l'ensemble des groupes politiques".
Le déclenchement de l'article 49-3 permettant l'adoption du texte sans vote a provoqué le départ des députés de la gauche radicale.
"Nous sommes à un moment de vérité qui met chacun devant ses responsabilités', a-t-il dit. "Je pense que les Français ne nous pardonneraient pas de préférer les intérêts particuliers à l'avenir de la nation", a-t-il ajouté.
Quelques instants après, la gauche radicale annonçait le dépôt d'une motion de censure, puis l'extrême droite faisait de même, tout en précisant qu'elle voterait aussi la motion de la gauche. Le texte sera examiné au plus tôt mercredi.
Le gouvernement Barnier devrait donc chuter, malgré les concessions qu'il a multipliées ces derniers jours à l'extrême droite, arbitre du jeu : pas d'augmentation des taxes sur l'électricité, aide médicale d'Etat réduite pour les étrangers, renoncement à un moindre remboursement des médicaments... Lundi, peu avant l'ouverture de la séance à l'Assemblée, le RN posait une nouvelle condition en exigeant un geste sur les retraites pour ne pas censurer le gouvernement.
- pays en "déclin" -
L'adoption d'une motion de censure serait une première depuis la chute du gouvernement de Georges Pompidou en 1962. Le gouvernement Barnier, constitué en septembre après de longues et douloureuses tractations, deviendrait alors le plus court de l'histoire de la Ve République.
La France continue de s'enfoncer dans la crise politique déclenchée par la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron en juin, qui a conduit à un hémicycle fragmenté en trois blocs, aucun ne disposant de la majorité absolue.
Le pays est confronté à une dette abyssale et au risque d'une crise financière.
"Sans le projet de loi de financement de la sécurité sociale que nous examinons aujourd'hui, le déficit des comptes sociaux atteindrait près de 30 milliards d'euros l'an prochain", a mis en garde dans l'hémicycle le ministre du Budget Laurent Saint-Martin.
Le président du groupe macroniste à l'Assemblée Gabriel Attal avait auparavant appelé les oppositions "à ne pas céder à la tentation du pire et donc à ne pas voter la censure du gouvernement".
Dans ce climat délétère, les Français, eux, sont essentiellement préoccupés par le pouvoir d'achat et jugent à 87% leur pays "en déclin", selon une enquête annuelle Ipsos-Sopra Steria publiée lundi.
Interrogés sur les enjeux qui les préoccupent le plus "à titre personnel", les Français placent en tête "les difficultés en termes de pouvoir d'achat" (38%), devant "la protection de l'environnement" (23%) et "le niveau de la délinquance" (22%), selon ce sondage sur "les fractures françaises".
D'après cette enquête d'opinion, près d'un tiers des Français (31%) souhaitent une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale après celle décidée le 9 juin dernier tandis que 52% d'entre eux sont favorables à la démission d'Emmanuel Macron.
1 Commentaires
De toute façon la France et foutue tant qu’il est au pouvoir,il faut qu’il aille l’humilité de démissionner c’est la seule solution.
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