Jeudi, la « Dame de Fer » du Liberia a ouvert le ban. A la tête d’un pays anglophone n’appartenant pas à l’ancien pré-carré africain de la France, Ellen Johnson Sirleaf, était le premier chef d’Etat africain, et étranger, à être reçu par Nicolas Sarkozy à l’Elysée depuis la prise de fonction du nouveau président, le 16 mai. Ce vendredi, c’était au tour du Gabonais Omar Bongo, un tout autre profil. Le doyen des gouvernants africains est un « vieil ami de Paris ». Au pouvoir depuis 1967, il a connu tous les présidents de la Ve République. Au cours de sa campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy a promis une politique nouvelle avec l’Afrique.
Source : rfi.fr
Ellen Johnson Sirleaf n’est restée qu’un quart d’heure. A sa sortie, elle a déclaré, « je suis ravie de pouvoir vous dire que le président Sarkozy s’est engagé à travailler avec d’autres pays membres du G8 afin de nous aider à résoudre, en particulier, notre problème d’endettement ». La visite de la présidente libérienne qui a fait de la lutte contre la corruption une priorité, a valeur de symbole. L’Elysée avait indiqué que M. Sarkozy souhaitait, en recevant sa présidente « rendre hommage à un pays meurtri dont la population a été martyrisée », et aider à son développement. Ellen Johnson Sirleaf, surnommée la « Dame de fer », a été élue en novembre 2005 après une guerre civile (1989-2003) qui a fait 270 000 morts.
L’allié traditionnel de Paris
Le président Omar Bongo et Nicolas Sarkozy, alors candidat à l’élection présidentielle, se sont déjà rencontrés à Paris dans le cadre d’une visite privée, le 22 mars dernier. Au lendemain de l’élection du président français, le président gabonais lui a exprimé son souhait « de pouvoir développer ensemble les conditions d’un partenariat équitable et renouvelé, propices à nos relations bilatérales d’Etat à Etat pour une parfaite compréhension entre les peuples gabonais et français ».
Privilégier les pays africains, pas seulement francophones
Dans son discours de Cotonou, en mai 2006, Nicolas Sarkozy avait promis de construire une « relation nouvelle » avec l’Afrique, tout en dénonçant « le paternalisme et les réseaux d’un autre temps ». Au cours de sa campagne électorale, Nicolas Sarkozy a promis une rupture avec la politique africaine menée par Paris qui a privilégié le soutien à des régimes au pouvoir dans les ex-colonies françaises. Le président français a expliqué que Paris devrait privilégier les pays africains, et pas seulement les francophones, respectant la bonne gouvernance tout en luttant contre la corruption.
Le président Omar Bongo, au pouvoir depuis 1967, est dénoncé par ses adversaires comme un dirigeant corrompu et comme la figure de proue de la « Françafrique ». Ce terme désigne les relations étroites nouées depuis les indépendances entre les dirigeants français et les régimes africains, ainsi que des pratiques (corruption et réseaux d’influence) dont M. Sarkozy assure vouloir faire table rase. Pour l’ONG Survie, avec cette visite, « Omar Bongo et la Françafrique reprennent leurs vieilles habitudes à l’Elysée ». « Avec Bongo, je ne vois pas de rupture », a déclaré Comi Toulabor, directeur de recherches au Centre d’études sur l’Afrique noire (CEAN) de Bordeaux (sud-ouest). « La visite d’Ellen Johnson Sirleaf est un contrepoint à la réception de Bongo », note de son côté Antoine Glaser, un spécialistes des relations franco-africaines.
Immigration : favoriser le « co-développement »
Pour l’heure, l’élément le plus marquant semble être la volonté affichée par Nicolas Sarkozy de faire de l’immigration une priorité. Il veut notamment favoriser le « co-développement », qui vise à donner aux Africains les moyens de vivre dans leur pays plutôt que d’immigrer vers l’Europe. Les échanges commerciaux franco-gabonais sont portés par la forte présence française dans tous les secteurs de l’économie. Ils constituent 80% des investissements étrangers au Gabon. Les deux pays entretiennent également une coopération militaire très étroite. Les actions entrent dans le cadre des accords de défense et de coopération militaire de 1960.
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