Le gouvernement et les syndicats anticipent une participation massive aux manifestations prévues jeudi à travers la France à l'appel d'organisations de salariés et de jeunesse pour exiger le retrait du projet de réforme du Code du travail. Si la CFDT a bien accueilli les modifications apportées au texte pour apaiser la contestation, la nouvelle mouture du projet de loi porté par la ministre du Travail Myriam El Khomri cristallise encore les critiques.
"On s'attend à une mobilisation importante. La CGT se prépare depuis plusieurs semaines, la SNCF est mobilisée", déclare-t-on dans l'entourage du Premier ministre. "En même temps, nous sommes désormais dans une autre phase qui est celle de l'examen parlementaire, avec un travail d'enrichissement du texte sans remettre en cause sa portée réformatrice", dit-on de même source. Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez déclare quant à lui dans un entretien publié mercredi dans L'Humanité qu'"il y aura énormément de monde demain dans les rues, j'en suis persuadé."
UNE PROLONGATION PAS EXCLUE
Plus de 260 rassemblements sont recensés sur le site de la pétition "Loi Travail: non, merci !". La journée de jeudi est censée constituer le point culminant des manifestations des opposants à la réforme, qui ont battu le pavé une première fois le 9 mars, avant les journées de mobilisation à l'initiative des mouvements lycéens et étudiants les 17 et 24 mars. Les organisations ayant appelé à la mobilisation et à la grève - CGT, FO, FSU, Solidaires pour les salariés et Unef, UNL et Fidl pour les étudiants et lycéens - n'excluent cependant pas de prolonger le mouvement, en fonction de la réaction du gouvernement.
Faute de réponse de l'exécutif à l'issue de cette journée, elles inviteront "à débattre la poursuite de l'action dans les jours suivants et à renforcer les mobilisations, y compris par la grève et les manifestations", indiquent-elles dans un communiqué commun. La mobilisation devrait entraîner des perturbations dans les transports, la SNCF prévoyant des difficultés dans la circulation des TGV (sauf sur l'axe Est) et anticipant un TER sur deux en moyenne en région.
Le trafic sera en revanche normal pour les trains internationaux Eurostar, Thalys et Lyria. La RATP prévoit un train sur deux pour les RER A et B et trois rames sur quatre en moyenne pour les métros. Le secteur aérien ne sera pas épargné et 20% des vols ont été annulés à Orly et un tiers à l'aéroport de Marseille, a annoncé la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).
LE PARLEMENT, AUTRE TERRAIN DE BATAILLE
Le projet de loi, qui entend donner plus de place à la négociation collective dans les entreprises et les branches professionnelles pour renforcer la compétitivité et développer l’emploi, a été présenté la semaine dernière en conseil des ministres et doit maintenant être examiné par le Parlement. Les organisations patronales, qui estiment que les changements apportés par le gouvernement ont vidé de son sens un texte qu'elles avaient initialement plutôt bien accueilli, comptent d'ailleurs peser sur le débat parlementaire.
"Nous avons encore un petit espoir de convaincre les députés de droite et de gauche, surtout ceux de la majorité, que le moment est historique", a déclaré le président du Medef Pierre Gattaz mardi sur France Info. La CFE-CGC a quant à elle lancé sur Twitter un appel à un rassemblement aux abords de l'Assemblée nationale le 3 mai, jour où les députés commenceront l'examen de ce projet de loi.
(Jean-Baptiste Vey et Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)
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