Florian Philippot a officiellement lancé dimanche à Saint-Laurent-Blangy, près d‘Arras (Pas-de-Calais), le mouvement des Patriotes, appelé selon lui à porter un sentiment national “venu du fond des âges” face à un Front national “qui se rediabolise”. Cinq mois après son départ du Front national (FN), l‘eurodéputé Florian Philippot revendique 6.500 adhérents, dont 500 inscrits au congrès de ce week-end destiné à doter d‘une visibilité la formation, dans l‘ombre du FN.
Depuis qu‘il a quitté le FN sur des divergences à la fois politiques, stratégiques et personnelles, Florian Philippot a rallié sous la bannière des Patriotes un député (José Evrard), deux eurodéputés, un maire et une trentaine de conseillers régionaux. Dimanche, après un vote symbolique qui l‘a confirmé à la tête du parti, il a réaffirmé le projet de sortie de l‘Union européenne et de l‘euro des Patriotes, ambition de campagne de Marine Le Pen sur lequel elle a amorcé un revirement l‘automne dernier.
“Notre premier défi vous le connaissez : que les Français nous repèrent, nous connaissent, et s‘intéressent à nous pour ce que nous sommes, les porteurs d‘un patriotisme venu du fond des âges de la France et amené à la guider dans un présent et un avenir”, a-t-il dit depuis Arras. Le député britannique Ukip David Coburn, dont le parti eurosceptique est allié aux Patriotes au Parlement européen a également pris la parole contre la bureaucratie européenne. Florian Philippot a fustigé son ancien parti, “Le FN, embourbé, perdu, qui a renoncé au pouvoir et ne cherche plus qu’à faire vivre la petite boutique, qui se rediabolise pour essayer d‘exister tandis qu‘il fuit les débats de fond les plus difficiles et se rallie à l‘Union Européenne”.
“PEU D‘ADHÉRENTS ET ENCORE MOINS D’ÉLECTEURS”
Depuis la rupture de septembre, les relations avec la présidente du Front national restent aigres. Marine Le Pen estimait dimanche lors d‘un déplacement à Laon (Aisne): “Florian Philippot n‘est pas un leader politique (...) il n‘a pas d‘espace politique, il n‘a pas de spécificité à offrir dans l’éventail de la vie politique, il a très peu d‘adhérents et encore moins d’électeurs.”
L‘ancien numéro deux du Front national a dénoncé pour sa part la rancoeur de son ancienne collègue: “Je lui laisse son aigreur, moi je n‘ai pas d‘aigreur contrairement à elle, parce que je défends des idées”, a-t-il dit sur Europe 1 dimanche. “Je comprends que c‘est compliqué quand on ne défend plus ses convictions, quand on les tord pour des petites raisons politiciennes.” Marine Le Pen continue en outre de gérer des différends avec son père, fondateur conforté par la justice dans son rôle de président d‘honneur du parti frontiste.
Dans le Journal du Dimanche, Jean-Marie Le Pen confirme qu‘il se rendra en mars au prochain congrès du parti à Lille, pour s‘opposer à tout changement de nom et à la dynamique de “dédiabolisation” du FN. Dans une lettre datée de samedi publiée sur son site, il prévient en outre que les interdictions n‘y feront rien et invite sa fille, qui ne lui parle plus, à “le retrouver dans les prochains jours pour fixer ensemble une position commune”. “Elle ne pourra rompre ses liens avec moi qu‘en se suicidant ! C‘est mon sang qui coule dans ses veines”, lance-t-il dans le JDD.
Julie Carriat, édité par Nicolas Delame
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