Du jour au lendemain, le tour-opérateur Thomas Cook met la clé sous la porte, faute d'avoir pu trouver ce week-end une solution de refinancement. Des centaines de milliers de voyageurs à travers le monde se retrouvent donc, au mieux, avec des voyages réservés qui n'auront jamais lieu, au pire des vacances qui ont débuté et dont ils ne savent pas encore quand, ni comment, elles vont se terminer. Sans compter les salariés du célèbre voyagiste britannique qui perdent brutalement leur emploi.
C'est un rapatriement sans précédent que s'apprêtent à vivre 600 000 clients de la célèbre agence de voyage en faillite. Les autorités britanniques ont déclenché, l'«Opération Matterhorn» du nom d'une campagne américaine de bombardements pendant la Deuxième Guerre mondiale. Elle concerne 150 000 de leurs ressortissants répartis dans le monde entier. Pour cela, 40 avions ont été affrétés et 1000 vols sont prévus.
Le rapatriement ne concerne pas uniquement des ressortissants britanniques. 140 000 Allemands se retrouvent également le bec dans l'eau. En Belgique, 10 000 personnes se trouveraient également en situation délicate. Toutefois un porte-parole de Thomas Cook a expliqué que les activités n'avaient pas encore cessé et que les avions décollaient pour amener les clients à destination.
10 000 Français et autant de Néerlandais en voyage aux quatre coins du monde vont devoir aussi faire preuve de patience. Dans les aéroports, c'est la stupéfaction et le désarroi qui règnent aux comptoirs Thomas Cook.
Côté employés, le scénario est également désastreux : ce sont plus de 20 000 personnes qui perdent brutalement leur emploi.
?Emoi au Royaume-Uni
De notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Sur la BBC, John McDonnell, bras droit de Jeremy Corbyn au Labour a réagi en critiquant durement le gouvernement de Boris Johnson. Il a affirmé que le parti travailliste n’aurait jamais permis au voyagiste britannique de sombrer et aurait donner les quelque 250 millions d’euros demandés par la compagnie pour assurer sa survie.
Le Premier ministre britannique a dit regretter la disparition d’une compagnie historique mais s’est défendu d’être inactif par la voix de son ministre des transports, Grant Shapps : « Au final, le problème est le montant abyssal de dettes : 1,7 milliards contractés par une compagnie qui n’a pas su s’adapter au fait que les gens font désormais tout en ligne et réservent tout en même temps, lieu de séjours, transports etc. Il y avait donc des problèmes de fond et il nous semblait que même en apportant une aide financière –ce qu’un gouvernement ne ferait pas de toute façon pour un tour-opérateur- nous risquions d’aboutir à la même situation dans quelques mois et d’avoir à débloquer encore plus de fonds pour rapatrier les gens ; ce qui n’était pas envisageable… »
Un habitant de Brighton qui devait partir en Egypte en juin prochain raconte qu'il a appelé hier le voyagiste pour annuler son départ : « Ils n’avaient pas d’informations pour moi mais ils prenaient encore des réservations et aussi l’argent des gens. Ils m’ont dit que si j’annulais les vacances, ils me prendraient 200 livres par personne pour l’annulation, donc ils voulaient 800 livres si j’annulais les vacances hier ».
LES TOURISTES DE L'UE PROTÉGÉS PAR LA GARANTIE EUROPÉENNE
? La Turquie, l’une des destinations-phares du voyagiste britannique
De notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer
Au moment où Thomas Cook a déclaré faillite, 21 000 de ses clients se trouvaient en Turquie – la grande majorité sur les rives de l’Egée et de la Méditerranée, dans les stations balnéaires d’Antalya, Bodrum ou encore Marmaris. La priorité, pour l’instant, est d’organiser leur retour. La préfecture d’Antalya a mis sur pied une cellule de crise.
Si elles s’efforcent de rassurer les vacanciers, les autorités turques auront en revanche beaucoup de mal à apaiser les professionnels du tourisme. Selon la Fédération des hôteliers turcs, entre 600 000 et 700 000 voyageurs venaient chaque année en Turquie grâce à Thomas Cook, soit presque 2 % du nombre total de touristes accueillis en 2018. Dès l’annonce de la faillite du voyagiste, le ministère du Tourisme a annoncé la mise en place d’un programme de crédits pour venir en aide aux entreprises locales qui risquent d’être affectées.
Les hôteliers sont bien sûr les premiers concernés, eux qui accueillaient toute l’année – sur leurs plages l’été, sur leurs terrains de golf l’hiver – les clients de Thomas Cook. Il s’agissait principalement de Britanniques, dont les devises soutenaient l’économie locale. Certains hôtels, souvent de taille moyenne, travaillaient même exclusivement avec le voyagiste et risquent désormais de mettre la clé sous la porte.
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