Plusieurs personnes ont été arrêtées à Beyrouth après l'explosion qui a fait plus de 137 morts et 5 000 blessés. Toutes sont en lien avec le port de la capitale libanaise. L'enquête sur l'accident avance.
Beaucoup de Libanais attribuent cette explosion au laxisme de la classe politique et à sa mauvaise gestion du port et des matières qui y étaient stockés, comme ces milliers de tonnes de nitrate d'ammonium qui ont explosé.
Seize fonctionnaires du port de Beyrouth et des autorités douanières ont été placés en détention, sans que l'on sache la date exacte de leur arrestation, rapporte notre envoyé spécial Pierre Olivier. Il s'agit de responsables portuaires et de certains chefs de chantiers qui avaient effectué des travaux dans le hangar numéro 12, celui qui a explosé.
Ces arrestations sont un signal fort envoyé au peuple libanais qui attend bien sûr, que des comptes soient rendus et que les responsables de cette catastrophe soient identifiés et jugés. Tous espèrent que cette fois-ci la classe politique n’enterrera pas l'affaire. Et nombreux sont les Libanais à espérer que cette nouvelle crise fera prendre conscience de l'urgence à réformer les institutions politiques du pays, jugées corrompues et incompétentes.
En visite à Beyrouth, le président français Emmanuel Macron a réclamé jeudi une enquête internationale sur ce drame et appelé à un « profond changement » de la part des dirigeants libanais, accusés d'incompétence et de corruption par une population en colère.
Le bateau chargé de nitrate arrivé en 2013 et jamais reparti
Cette enquête internationale demandée par le chef de l'État passera sans doute par Chypre. La police de ce pays a indiqué jeudi avoir interrogé un Russe nommé Igor Gretchouchkine, après la publication d'informations liant cet individu au bateau qui avait transporté les 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium dont l'explosion a dévasté Beyrouth.
« Les autorités libanaises nous ont demandé de localiser cet individu et de lui poser des questions, ce que nous avons fait. Ses réponses ont été envoyées au Liban », a déclaré un porte-parole de la police à l'AFP, précisant qu'Igor Gretchouchkine n'avait pas été arrêté, mais seulement interrogé sur la cargaison du navire à la demande du bureau d'Interpol au Liban.
En 2013, le Rhosus, battant pavillon moldave et venant de Géorgie, a fait escale à Beyrouth, en route pour le Mozambique, selon une source de sécurité libanaise. À son bord, les 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium, qui peut entrer dans la composition de certains explosifs à usage civil, mais également être utilisé comme engrais. Les autorités portuaires du Mozambique ont officiellement nié avoir été informées de l'arrivée éventuelle du navire et de sa cargaison.
Selon plusieurs médias, dont le New York Times, Igor Gretchouchkine avait loué le bateau, forcé d'accoster à Beyrouth en raison d'un trou dans sa coque. Selon le site Marine Traffic, il est arrivé le 20 novembre 2013 et n'est jamais reparti. Il avait eu des problèmes techniques.
Cargaison placée dans un hangar avant que le bateau ne coule
D'après des sources sécuritaires libanaises, alors que le Rhosus était en transit à Beyrouth, une firme libanaise aurait porté plainte contre la compagnie à laquelle le bateau appartenait, poussant la justice locale à saisir l'embarcation. La cargaison a été placée dans un hangar et le bateau, endommagé, a fini par couler.
Selon un communiqué du cabinet d'avocats libanais Baroudi & Associates, qui représente l'équipage du navire, le bateau devait transporter une cargaison de Beyrouth en Jordanie, mais les autorités du port avaient empêché le navire de la charger et de partir en raison de « défauts techniques et de non-respect des règles de sécurité maritime ».
Le cabinet a ajouté que le propriétaire du bateau et ceux qui l'avaient affrété avaient abandonné les quatre membres de l'équipage à leur sort. Il a précisé avoir averti les autorités des « risques d'explosion de la cargaison à bord ».
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