Depuis 30 ans, chaque séance au Congrès américain s’ouvre sur une prière prononcée par un aumônier. Au nom du premier amendement, un représentant démocrate a saisi la justice pour qu’une « invocation laïque » puisse remplacer cette litanie.
La justice américaine a débouté vendredi un homme qui voulait prononcer une « invocation laïque » à la Chambre des représentants à la place de la prière religieuse ouvrant chaque journée de travail des élus.
Depuis 1789, le règlement de la chambre basse du Congrès des États-Unis prévoit que son aumônier prononce une prière à l’ouverture des débats dans l’hémicycle.
Des parlementaires peuvent demander à l’aumônier de laisser un autre religieux prononcer la prière à sa place. Au cours des 15 dernières années, 40 % des prières ont ainsi été confiées à des « aumôniers invités », représentant toutes les religions, selon des documents judiciaires. Un dispositif similaire existe au Sénat.
En 2014, un représentant démocrate avait demandé au père Patrick Conroy, aumônier en titre de la chambre basse, d’inviter Daniel Barker, un prêtre chrétien devenu athée et militant de la laïcité, pour qu’il ouvre la journée avec une « invocation laïque ».
Après avoir essuyé un refus, Daniel Barker avait saisi la justice au nom du premier amendement de la Constitution, qui interdit à l’État de favoriser « l’établissement d’une religion ». Il a perdu en première instance, puis à nouveau vendredi.
La Cour fédérale d’appel de Washington a expliqué que le Congrès était intervenu récemment pour clarifier son règlement et préciser que le terme « prière » signifiait bien « prière religieuse » et qu’il ne pouvait donc pas s’agir d’un discours laïc.
La formulation du premier amendement de la Constitution laisse la porte ouverte à de nombreuses interprétations. En raison de l’importance historique de la communauté protestante, la religion a de fait pris une place importante dans la sphère publique aux États-Unis.
Mais depuis quelques années, l’affirmation d’autres religions et le nombre croissant d’athées a entraîné une vague de contestation en justice, qui a visé les prières dans les écoles publiques, la mention de Dieu dans les prestations de serment et plusieurs crèches ou monuments.
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