Une action militaire "combinée" a eu lieu cette nuit en territoire syrien, en réaction à l'usage présumé d'armes chimiques samedi dernier sur Douma, une attaque imputée par Washington, Londres et Paris au régime de Bachar al-Assad. L'annonce a été faite vendredi soir (à 03h00 dans la nuit de vendredi à samedi en Belgique) par le président américain Donald Trump, dans une allocution face aux journalistes.
Un avion français se prépare au décollage pour rejoindre l'opération décidée conjointement par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni © reuters.
Après plusieurs jours de tractations, ainsi que des délibérations avec le président français Emmanuel Macron et la Première ministre britannique Theresa May, une décision finale a donc été prise, dans le sens d'une réponse militaire impliquant les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni.
Les médias américains parlent de "frappes de précision", et l'agence française AFP rapportait, alors même que Donald Trump parlait encore, que de fortes explosions ont été entendues dans la capitale syrienne, Damas.
"Une opération combinée est en cours avec la France et le Royaume-Uni, nous les remercions tous les deux", a dit le président américain, qui s'exprimait à la Maison Blanche.
Des avions ont participé aux bombardements qui ont visé des cibles multiples. Selon le général américain Joseph Dunford, trois sites ont été visés dans les frappes occidentales opérées avant l'aube: un centre de recherche scientifique proche de la capitale syrienne Damas, un site de stockage d'armes chimiques près de Homs, ainsi qu'un complexe situé non loin du précédent, comprenant un important centre de commande ainsi que des capacités de stockage, selon les précisions de ce chef militaire.
Le ministère britannique de la Défense a confirmé de son côté avoir frappé un "complexe militaire" près de Homs, à l'ouest de la Syrie, avec "quatre avions de chasse Tornado GR4 de la Royal Air Force". "Ils ont lancé des missiles Storm Shadow contre un complexe militaire - une ancienne base de missiles - à 24 kilomètres à l'ouest de Homs", précise le ministère, qui indique qu'il s'agissait de la "contribution britannique à l'action coordonnée".
"Pas d'alternative" selon Theresa May
De Londres, la première ministre britannique Theresa May a affirmé qu'il n'y avait "pas d'alternative à l'usage de la force", assurant que "tous les recours diplomatiques" avaient été explorés, en vain. Le ministère britannique de la défense a parlé d'opération "couronnée de succès", dans un communiqué.
Depuis Paris, le président français Emmanuel Macron a souligné que les frappes françaises étaient "circonscrites aux capacités du régime syrien permettant la production et l'emploi d'armes chimiques". "Nous ne pouvons pas tolérer la banalisation de l'emploi d'armes chimiques", a-t-il martelé.
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"A l'Iran et à la Russie, je demande: quel genre de nation veut être associée au meurtre de multitudes d'hommes, femmes et enfants innocents?"Donald Trump
"En 2013, le président Poutine et son gouvernement ont promis au monde qu'ils garantiraient l'élimination des armes chimiques de la Syrie. L'attaque chimique d'Assad et la réponse d'aujourd'hui sont la résultante directe de l'échec de la Russie à tenir ses promesses"Donald Trump
Donald Trump a mis en garde l'Iran et la Russie, qui ont déployé des milliers d'hommes et du matériel pour aider Bachar al-Assad à reconquérir le pays, contre leurs liens avec la Syrie.
La Russie a "trahi" sa promesse
M. Trump a exhorté Moscou "à quitter la voie sinistre" du soutien à Bachar al-Assad. Il a affirmé que la Russie avait "trahi ses promesses" de 2013 sur l'élimination des armes chimiques syriennes. Il a aussi estimé que le sort des pays de la région était entre les mains de leurs habitants et qu'aucune intervention militaire américaine ne pourrait, à elle seule, apporter une "paix durable".
En avril 2017, Donald Trump avait fait bombarder une base militaire syrienne, en riposte à une attaque au gaz sarin imputée au régime, qui avait tué plus de 80 civils à Khan Cheikhoun (nord-ouest). Cette fois encore, c'est une attaque chimique présumée - le samedi 7 avril à Douma, près de la capitale syrienne - qui est à l'origine des frappes déclenchées dans la nuit de vendredi à samedi après une mobilisation de la communauté internationale, déjà saisie par l'horreur d'une guerre civile qui a fait plus de 350.000 morts depuis mars 2011.
Le bombardement intervient quelques heures seulement après que le Département d'Etat a assuré avoir "la preuve" de l'utilisation d'armes chimiques par les forces de Bachar al-Assad.
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Le régime syrien nie toute utilisation d'armes chimiques et a averti à l'ONU qu'elle n'aurait "d'autre choix" que de se défendre si elle était attaquée. Le président russe Vladimir Poutine a déclaré qu'un "acte irréfléchi et dangereux" pourrait avoir des "conséquences imprévisibles". Le danger est bien là, selon les experts.
Russes et Iraniens ont beaucoup d'hommes sur le terrain pour aider Damas à reprendre tout le pays à de multiples groupes rebelles. Les conséquences d'une frappe accidentelle ou non sur des soldats de ces deux pays sont difficiles à évaluer.
Selon un bilan à mi-mars de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau d'informateurs à travers la Syrie, 106.390 civils ont été tués dont près de 20.000 enfants. Dans ce pays qui comptait quelque 23 millions d'habitants avant le conflit, environ la moitié de la population a été contrainte de fuir son foyer en raison des combats.
La Russie, indéfectible soutien au régime de Bachar al-Assad, a fait usage à douze reprises de son veto en sept ans de conflit sur des projets de résolution au Conseil de sécurité contre la Syrie.
2 Commentaires
Anonyme
En Avril, 2018 (11:38 AM)Ces occidentaux ne digèrent pas leur défaite au moyen orient face à l'Iran et la Russie.vous ne réussirez jamais
Anonyme
En Avril, 2018 (11:57 AM)Participer à la Discussion