L'Ukraine est sous tension après la création d'une Eglise orthodoxe ukrainienne indépendante de l'Eglise russe. Le Kremlin a assuré vouloir protéger les fidèles russes en Ukraine. De quoi rappeler la réthorique du début de la guerre, en 2014.
A Kiev, les autobus de police sont bien visibles, notamment aux alentours de plusieurs églises. Lundi, l'Eglise orthodoxe russe a annoncé rompre ses liens avec le patriarcat de Constantinople après la reconnaissance par celui-ci d'une Eglise ukrainienne indépendante.
Les orthodoxes en Ukraine sont divisés, entre ceux fidèles au patriarcat de Moscou et ceux se revendiquant d'un patriarcat de Kiev autoproclamé après l'indépendance du pays en 1991 et qui n'était jusqu'alors reconnu par aucune autre Eglise orthodoxe dans le monde. La rivalité entre ces deux Eglises a été exacerbée par la crise russo-ukrainienne, marquée par l'annexion de la péninsule de Crimée en 2014 et par un conflit avec des séparatistes prorusses dans l'Est de l'Ukraine, qui a fait plus de 10 000 morts.
Aucune provocation n'a été recensée jusqu'à présent, d'un côté ou de l'autre, rapporte notre correspondant à Kiev, Sébastien Gobert. Le président Petro Porochenko, grand acteur de l'indépendance d'une Eglise ukrainienne, se veut aussi très rassurant : « La construction d'une Eglise orthodoxe indépendante ne peut justifier en aucune manière la source de la discorde, d'un affrontement, ou de violence. »
Pourtant, tout le monde semble sur ses gardes. Au-delà des déclarations alarmistes venues de Russie, on redoute des saisies d'églises et monastères par la force pour en évacuer le patriarcat de Moscou. Les nationalistes ukrainiens ont déjà procédé ainsi au début de la guerre en 2014.
Des représentants ukrainiens du clergé de Moscou jettent de l'huile sur le feu, en usant d'une réthorique inquiétante. « Ce que le patriarcat de Constantinople est en train de faire, c'est l'annexion des territoires du patriarcat de Moscou. On peut comparer cela à l'annexion de la Crimée en 2014 », a ainsi estimé l'archevêque Kliment à Kiev, dans une interview à Radio Svoboda.
On devine en filigrane la menace de troubles civils et d'opérations coup de poing, qui pourraient être rapidement instrumentalisés. La situation est calme à Kiev, mais reste incertaine dans le reste du pays. Le patriarcat orthodoxe de Moscou y contrôle plus de 12 000 paroisses.
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Anonyme
En Octobre, 2018 (15:55 PM)Anonyme
En Octobre, 2018 (15:55 PM)Participer à la Discussion