Les Syriens ont commencé à élire leurs députés dimanche, dans un pays ravagé par la guerre et proche du naufrage économique. Pour la première fois depuis 2011, le scrutin va se tenir dans d'anciens bastions rebelles.
Il s'agit des troisièmes élections parlementaires en Syrie depuis 2011, début d'un conflit ayant fait plus de 380 000 morts et provoqué l'exode de millions de personnes. Les Syriens se rendent aux urnes, dimanche 19 juillet, pour élire leur députés parmi les 1 658 candidats en lice. Plus de 7 400 bureaux de vote ont ouvert leurs portes à 7 h ce matin dans les zones gouvernementales. Pour la première fois, le scrutin se déroule dans d'anciens bastions de la rébellion.
Initialement prévu en avril, le vote a été retardé à deux reprises en raison de la pandémie de coronavirus qui a contaminé 496 personnes et fait 25 morts dans les régions du régime, selon les chiffres officiels.
Le parti Baas, au pouvoir depuis un demi-siècle et intimement lié au clan Assad, remporte généralement haut la main ces législatives, organisées tous les quatre ans pour élire 250 députés, tandis que la majorité des opposants vivent en exil ou dans les secteurs échappant au contrôle de Damas.
Le président Assad et son épouse Asma ont voté à Damas, a annoncé la présidence syrienne en publiant des photos du couple élégamment habillé et portant des masques de protection contre le nouveau coronavirus. Dans la capitale également, des dizaines d'électeurs - certains portant des masques et respectant les mesures de distanciation - se sont rendus dans les bureaux de vote, a constaté un correspondant de l'AFP.
Lors des législatives de 2016, le taux de participation avait été de 57.56 % parmi les près de 9 millions d'électeurs. Mais cette année, les millions de Syriens à l'étranger, dont une majorité de réfugiés, ne pourront pas participer aux élections à moins de rentrer.
Les questions économiques et sociales dominent
Selon la commission électorale, des bureaux de vote ont été installés pour la première fois dans la Ghouta orientale, ex-enclave insurgée aux portes de la capitale. Mais aussi dans des territoires reconquis dans la province d'Idleb, ultime grand bastion jihadiste et rebelle du Nord-Ouest, qui reste dans le viseur du régime.
Damas a enchaîné ces dernières années les victoires grâce au soutien militaire de la Russie et de l'Iran, jusqu'à reprendre le contrôle de plus de 70 % du pays morcelé par la guerre. Aujourd'hui toutefois les programmes des candidats sont dominés par les questions économiques et sociales, promettant notamment des solutions à la flambée des prix et la réhabilitation des infrastructures.
Depuis plusieurs mois, l'économie est en chute libre, avec une dépréciation historique de la monnaie. Plus de 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU. Une crise accentuée aussi par les sanctions adoptées par Washington à la mi-juin, venant se greffer aux mesures similaires déjà imposées par les Occidentaux.
Aucune issue à la crise en vue
Il y a 20 ans, Bachar al-Assad, alors âgé de 34 ans, avait accédé à la magistrature suprême après la mort de son père, Hafez al-Assad. Après les trois décennies de pouvoir sans partage de son père, "Bachar" incarnait un espoir de changement. Vingt ans plus tard, son régime est traité en paria sur la scène internationale.
D'autant qu'après neuf années d'une guerre meurtrière, impliquant puissances régionales et internationales, aucune issue à la crise n'est en vue. La prochaine présidentielle est prévue en 2021.
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