Jaroslaw Gowin, chef du parti Entente, a quitté mardi la coalition de droite au pouvoir en Pologne en raison d'un désaccord au sujet d'une grande réforme économique à venir. Mais son départ ne signifie pas automatiquement la chute du gouvernement du Premier ministre Mateusz Morawiecki.
La coalition conservatrice-nationaliste au pouvoir en Pologne a éclaté, mardi 10 août, après que le Premier ministre Mateusz Morawiecki a annoncé la démission de son adjoint, chef d'un des trois partis de la coalition.
"Le Premier ministre Mateusz Morawiecki a demandé mardi au président Andrzej Duda de révoquer Jaroslaw Gowin du poste de vice-Premier ministre et ministre du Développement, du Travail et de la Technologie", a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement Piotr Müller.
Peu après, Jaroslaw Gowin, chef du parti Entente, une des trois formations de la coalition dirigée par Droit et Justice (PiS) a annoncé que son parti quittait la coalition. "Nous quittons le gouvernement la tête haute, ma démission c'est la fin de la Droite unie et l'éclatement de la coalition", a-t-il déclaré à la presse.
Réforme économique
Jaroslaw Gowin et son parti sont depuis des mois en désaccord avec PiS notamment au sujet d'une grande réforme économique à venir. Mais son départ ne signifie pas que le gouvernement chute automatiquement car il faudrait un vote formel de défiance du Parlement. La droite au pouvoir disposait jusqu'à présent d'une majorité de 232 députés sur un total de 460 à la chambre basse.
Le parti de Jaroslaw Gowin dispose de 10 députés et sa démission pourrait pousser PiS à chercher la majorité avec d'autres petits partis, dont l'extrême droite, des députés sans partis ainsi que des députés de l'Entente de Jaroslaw Gowin.
Selon Radoslaw Fogiel, un député de PiS, certaines décision de Jaroslaw Gowin "n'étaient pas partagées par ses collègues". "Nous espérons qu'ils continueront ce projet avec nous", a-t-il dit à la presse.
Jaroslaw Gowin s'oppose au volet fiscal de la réforme chère à PiS qui, selon lui, devrait principalement toucher la classe moyenne. "Nous avons annoncé que la Droite unie n'augmenterait pas les impôts. Cependant, le projet de loi fiscale récemment présenté par le Premier ministre Mateusz Morawiecki signifie une augmentation drastique des impôts", a-t-il déclaré à la presse, indiquant avoir appris sa démission par les médias.
Liberté de parole menacée
Jaroslaw Gowin s'oppose aussi à une proposition de loi qui pourrait forcer le groupe américain Discovery à vendre la majeure partie de sa participation dans le principal réseau de télévision privé polonais TVN, une loi qui devrait être votée mercredi et qui, selon l'opposition, menace la liberté de parole en Pologne.
La Lex TVN est une loi importante pour PiS et son président Jaroslaw Kaczynski qui contrôle déjà complètement la télévision publique TVP, devenue un média de propagande gouvernementale, et via une société d'État une grande partie de la presse régionale.
Mardi soir, des protestations contre cette proposition de loi ont eu lieu dans toute la Pologne.
"Il y a quelque chose de symbolique dans le fait que ma démission soit annoncée à un moment où des manifestations ont lieu partout en Pologne contre la loi dite lex TVN", a déclaré Jaroslaw Gowin à la presse. "Cette loi viole clairement le principe de la liberté des médias." Selon lui, "lex TVN nous pousse vers un conflit avec les États-Unis, qui sont l'allié le plus important du point de vue de la défense."
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