« Dans la région, tout ça est un véritable jeu d’échec. » Juliette Morillot aborde pourtant le sujet avec le sourire. Expert de la péninsule coréenne et auteure de La Corée du Nord en 100 questions, publié en 2016 aux éditions Tallandier, le pays de Kim Jong-un n’a pas beaucoup de secret pour la spécialiste. Même lorsqu’il s’agit de parler de ces mystérieuses îles, situées près de la base militaire de Sohae, qui intriguent et inquiètent la communauté internationale. Celles-ci pourraient abriter des bases militaires.
Des îles construites en 2001
(Photo : Capture d’écran Google Maps)
« Il n’y a rien de très nouveau sur la question. Ces îles sont des bases de lancement de satellite et de missiles, situées au nord-ouest de la Corée, à la frontière avec la Chine. Elles ont en vérité été construites en 2001. » Leur emplacement a parfaitement été calculé. À l’époque, l’espace aérien n’est pas accessible aux Américains, excluant toute possibilité d’espionnage. Mais le développement des technologies satellites révèle assez vite la présence des îlots. Aujourd’hui, comme l’explique Juliette Morillot, « la seule façon de savoir ce qu’il se passe en Corée du Nord est d’élucubrer à partir de photographies satellites ».
De ses observations, la chercheuse a déduit plusieurs choses : « Ce sont des îles créées grâce à la technique de la poldérisation, qui consiste à agrandir un simple rocher avec du sable. C’est une technique très utilisée dans cette zone du monde. Cela permet de construire des bases souterraines. » Des bases souterraines, pour, une nouvelle fois, ne pas être observé. Et cacher les avancées technologiques réalisées par le pays.
(Photo : Capture d’écran Google Maps).
Pas de cataclysme en vue
L’expert n’exprime aucune surprise face à cette stratégie du secret appliquée par Pyongyang : « La Corée du Nord se juge en permanence sous menace américaine. L’arme nucléaire est finalement pour eux une assurance-vie, un moyen de parler d’égal à égal avec les États-Unis. » Kim Jong-un a ainsi beaucoup misé sur la technologie balistique et les missiles à longue portée, comme l’ICBM qui serait susceptible d’atteindre les côtes américaines.
Mais selon la spécialiste, le pays ne risque pas d’attaquer Washington : « Ils savent très bien le cataclysme que cela provoquerait. Le régime veut avant toute chose garder le pouvoir, mais aussi obtenir une reconnaissance diplomatique et un traité de paix sur la péninsule. » Les tensions à l’œuvre à l’heure actuelle ne sont pas du fait du régime nord coréen, selon Juliette Morillot, mais plus de l’imprévisibilité de Donald Trump : « Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il joue avec le feu ! » en insinuant notamment en avril dernier que le « problème » nord-coréen serait « traité ».
Le conflit régional n’est néanmoins pas sans espoir. La crise entre la Corée du Nord et les États-Unis que la spécialiste décrit comme « cyclique », devrait s’apaiser grâce à l’arrivée à la présidence de la Corée du Sud de Moon Jae-In. Ce dernier a déclaré qu’il se rendrait à Pyongyang pour calmer les tensions. « C’est bon signe ! »
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