Le candidat de centre-gauche Alberto Fernandez a remporté dimanche l'élection présidentielle en Argentine au premier tour, devant le président sortant libéral Mauricio Macri, qui a concédé sa défaite.
La victoire dès le premier tour. Le candidat péroniste de centre-gauche Alberto Fernandez a remporté, dimanche 27 octobre, l'élection présidentielle en Argentine, devant le président sortant Mauricio Macri, selon les résultats officiels quasi complets.
Après dépouillement de 95,31 % des bulletins de vote, Alberto Fernandez, dont la colistière est l'ancienne présidente Cristina Fernandez de Kirchner (2007-2015), est crédité de 47,99 % des voix, devant Mauricio Macri à 40,48 %. Pour remporter la présidentielle et s'éviter un second tour le 24 novembre, un candidat devait disposer d'au moins 45 % des suffrages ou de 40 % des voix avec une différence de 10 points avec le deuxième.
Selon le ministère de l'Intérieur, la participation au scrutin a été de plus de 80 %.
Mauricio Macri, qui s'exprimait depuis son siège de campagne, a concédé sa défaite et félicité son adversaire. Il a invité Alberto Fernandez au palais présidentiel lundi matin pour discuter ensemble de la transition du pouvoir. Le candidat péroniste a déclaré pour sa part qu'il allait collaborer "de toutes les manières possibles" avec le président sortant pour faire face à la situation économique désastreuse du pays.
Une foule de sympathisants d'Alberto Fernandez s'est réunie devant le siège de campagne du candidat pour l'acclamer. "C'est un grand jour pour l'Argentine", avait déclaré M. Fernandez, confiant, peu après la fermeture des bureaux de vote.
Mathilde Guillaume, correspondante de France 24 en Argentine, rapporte que "l’ambiance est à la liesse". "Cette victoire retentissante au premier tour est une expression très nette du peuple argentin", a déclaré Felipe Solá, l'un des plus proches conseillers d'Alberto Fernandez.
"Que les Argentins cessent de souffrir"
Après l'annonce de sa victoire, le candidat péroniste, visiblement ému, a pris la parole devant plusieurs milliers de ses partisans. "Les temps qui viennent ne sont pas faciles", a-t-il déclaré. "L'unique chose qui nous préoccupe, c'est que les Argentins cessent de souffrir."
À ses côtés, Cristina Kirchner a appelé le président Macri à prendre dans les derniers jours de son mandat "toutes les mesures nécessaires pour atténuer la situation dramatique" de l'Argentine.
L'ambiance était plus silencieuse de l'autre côté de la ville, dans les locaux de Mauricio Macri. "La défaite s’annonce très rude, analyse Mathilde Guillaume. La raison principale, c’est bien sûr la crise économique terrible dans laquelle il a plongé le pays avec ses mesures d’austérité. Dévaluation, inflation, chômage, pauvreté, retour de la faim : tous les indicateurs sont dans le rouge. Le message des classes moyennes et populaires est clair : elles souhaitent respirer à nouveau et en finir avec ces quatre années de privation. Ce qui s’annonce avec les péronistes, c’est un modèle plus social, plus protectionniste aussi."
Selon Mathilde Guillaume, ces résultats peuvent aussi s'analyser "dans le contexte de crise des droites sud-américaines et de l’échec de ces politiques néolibérales. Mais si le Chili ou avant lui l’Équateur protestent dans la rue, les Argentins l’ont fait aujourd’hui par les urnes."
Une élection "exemplaire et pacifique", félicite Mexico
Le Mexique et le Venezuela ont rapidement adressé leurs félicitations à Alberto Fernandez.
Cette élection "exemplaire et pacifique" reflète "la maturité démocratique du peuple argentin" et la solidité des institutions, a déclaré dans un communiqué le ministère mexicain des Affaires étrangères.
Pour le Venezuela, l'élection du candidat de centre-gauche "envoie un message clair du peuple argentin contre l'imposition des criminelles politiques économiques néolibérales du Fonds monétaire international", a estimé le ministère des Affaires étrangères à Caracas.
L'ombre de Cristina Kirchner
Du côté des milieux économiques, des investisseurs craignent que la victoire d'Alberto Fernandez n'entraîne le retour des politiques interventionnistes de la période du kirchnérisme (2003-2015).
Des analystes se demandent en outre qui gouvernera réellement : Alberto Fernandez, ancien chef de cabinet de Cristina Kirchner et de son mari Nestor Kirchner (président de 2003 à 2007), ou bien Cristina Kirchner, 66 ans.
Habitués aux bouleversements économiques, nombre d'Argentins se sont massés vendredi devant les banques et les bureaux de change pour acheter des dollars ou retirer leurs dépôts. Depuis les primaires, les épargnants argentins ont retiré quelque 12 milliards de dollars de leurs comptes, soit environ 36,4 % du total.
Alberto Fernandez s'est efforcé de les rassurer. "Que les Argentins soient tranquilles, nous allons respecter vos dépôts", a-t-il déclaré, faisant allusion au spectre du "corralito", nom officieux des mesures prises en 2001 en Argentine pour mettre fin à une course à la liquidité et à la fuite des capitaux.
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