Emmanuel Macron a décidé de présenter lui-même son plan pauvreté en prononçant un discours au musée de l'Homme ce jeudi 13 septembre.
La ministre de la Santé Agnes Buzyn aura ensuite en charge d'assurer le service après-vente lors d'une conférence de presse. Annoncée depuis des mois, cette prise de parole présidentielle aurait dû avoir lieu avant l'été, mais avait été repoussée à la rentrée. Une rentrée difficile pour le président de la République qui va essayer de reprendre la main en déclinant des mesures sociales.
Dans les sondages, Emmanuel Macron traverse un trou d'air. Sa cote de popularité ne cesse de chuter. Avant l'été, l'affaire Benalla a écorné son image. Au retour de la trêve estivale, la démission de Nicolas Hulot a perturbé la reprise gouvernementale.
Emmanuel Macron doit donc saisir l'opportunité de la présentation du plan pauvreté, puis la semaine prochaine du plan santé, pour essayer de tourner la page des soubresauts et des hésitations en envoyant un message clair sur sa détermination à lutter contre ce qu'il appelle des « inégalités de destin ».
En France, près de neuf millions de personnes vivent, en effet, sous le seuil de pauvreté. Une situation alarmante à laquelle le chef de l'Etat a dit vouloir s'attaquer à plusieurs reprises tout en repoussant jusque-là le moment d'annoncer un plan concret de lutte contre la pauvreté.
Hier soir, le porte-parole du gouvernement a pris les devants dans une interview à 20 minutes : « Notre plan pauvreté se chiffre à 8 milliards d’euros. Dans un contexte où l'on fait attention à la dépense publique, c’est un choix politique très fort », a déclaré Benjamin Griveaux.
Vers une simplification des aides sociales ?
Emmanuel Macron s'est rendu en début de semaine dans un centre parisien de l'association ATD Quart Monde. Une manière de préparer le terrain. Il doit maintenant montrer qu'il entend tenir ses engagements dans le domaine social, en présentant des mesures à la hauteur des attentes. Et faire oublier ses propos sur « le pognon de dingue » que coûtent les aides sociales qui avaient suscité la polémique.
Face à l'urgence, plusieurs mesures sont attendues, notamment une réforme des aides sociales. Objectif : davantage de simplicité sachant que beaucoup de pauvres ne touchent pas les aides dont ils devraient bénéficier. « La lutte contre la pauvreté n'est pas efficace. Il y a eu cette phrase malheureuse du "pognon de dingue". Il est exact qu'il y a un volume important de dépenses mais avec un nombre de pauvres, et singulièrement un nombre de pauvres jeunes extrêmement important. Donc on doit pouvoir faire mieux, ne serait-ce qu'avec ce dont on dispose aujourd'hui. En passant par une architecture des prestations qui ne soit plus aussi bariolée qu'elle l'est aujourd'hui. On a une dizaine de prestations, si on se retrouvait avec une prestation socle qui soit la même pour tout le monde avec des compléments selon les situations qui objectivement sont très différentes (handicap, personnes retraités), on aurait fait un grand pas dans l'efficacité de nos dépenses et de nos politiques de lutte contre la pauvreté. Il est judidicieux de simplifier et d'harmoniser un système auquel plus personne ne comprend rien », explique l'économiste Julien Damon, co-auteur d'un rapport sur le sujet remis la semaine dernière au Premier ministre.
Du côté des associations qui viennent en aide aux plus démunis, on va étudier ce plan avec la plus grande attention, même si, au Secours populaire, on rappelle qu'on n'est pas né de la dernière pluie...
Des plans sur la pauvreté, il y en a eu beaucoup de présentés. La différence cette année est sur la médiatisation apportée à ce plan. Nous, le Secours populaire, attendons de voir. Nous sommes une association de solidarité et nous sommes aiguillon des pouvoirs publics et en même temps avocats des pauvres. Par exemple, on parle des problème des vacances : l'année dernière, nous avons envoyé 60 000 gosses en vacances. Je suis effrayé de voir la situation dans laquelle des gosses sont. Ils mangent pas à leur faim. C'est une double société. Et le nombre de participants à cette société grandit.
Julien Lauprêtre (Secours populaire)
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