Dans ce pays où l’état d’urgence a été renouvelé une septième fois en avril, le président Erdogan occupe quasiment tout l’espace médiatique de la campagne. Ses opposants se débrouillent tant bien que mal sur les réseaux sociaux pour convaincre les électeurs, à presque quinze jours du double scrutin présidentiel et législatif anticipé. C’est le cas de la candidate de la droite nationaliste Meral Aksener, elle libre de ses mouvements, et du candidat kurde en prison Selahattin Demirtas.
On sonne à la porte d’un appartement clair. C’est l’épouse de Selahattin Demirtas qui ouvre. Ce sont les images de la vidéo postée sur le compte Twitter du candidat emprisonné. Une quinzaine de personnes s’assoient sur les canapés colorés du salon. Soudain, le téléphone sonne.
Au bout de la ligne, le chef de file du HDP accusé de terrorisme. Il s'agit de son coup de fil hebdomadaire de dix minutes autorisé à sa famille. Mais celui-ci se transforme... en discours politique via le haut-parleur du téléphone.
Cumhurba?kan? Aday?m?z Selahattin #Demirta?'?n seçim mitingi konu?mas?: pic.twitter.com/OqvaY53TEG
— HDP (@HDPgenelmerkezi) 6 juin 2018
Internet, le candidat pro-kurde n'est pas le seul à en faire un refuge. La nationaliste Meral Aksener a elle choisi Google AdWords, la régie publicitaire du moteur de recherches, lorsqu’un internaute tape le mot-clé « jeunesse », le résultat qui s'affiche est : « la tranche d’âge oubliée par le gouvernement ». Et s’il tente, le nom du parti au pouvoir, c’est pour lire ensuite : « désormais, il y a mieux ». Ainsi, chaque message redirige vers le site du parti de la candidate.
Internet reste surveillé en Turquie. Poster un message critique vaut un passage au poste de police ou derrière les barreaux.
Les élections du 24 juin, législatives et premier tour de la présidentielle, sont particulièrement importantes, car elles marqueront l'entrée en vigueur de la plupart des mesures de renforcement des pouvoirs du président adoptées lors d'un référendum constitutionnel l'an dernier.
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