Deux Américains accusés d’avoir aidé l’ancien patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, à s’enfuir de Tokyo vers le Liban dans des conditions rocambolesques en décembre 2019 ont été remis aux autorités japonaises pour être extradés, a indiqué lundi leur avocat.
Michael Taylor, un ancien membre des forces spéciales américaines reconverti dans la sécurité privée, et son fils Peter Taylor ont été remis à des responsables japonais, a affirmé Paul Kelly, en parlant d’”un triste jour pour la famille et pour tous ceux qui croient que les vétérans méritent d’être mieux traités par leur propre pays”.
Le Japon accuse Michael et Peter Taylor, ainsi que le Libanais George-Antoine Zayek, d’avoir aidé Carlos Ghosn à échapper à la justice en fuyant le pays fin décembre 2019.
Peter Taylor et son père Michael, tous deux visés par un mandat d’arrêt du Japon, avaient été arrêtés en mai aux Etats-Unis. Ils sont ensuite restés détenus car considérés comme présentant un “grand risque de fuite”.
La Cour suprême américaine avait levé le 13 février le dernier obstacle à leur extradition.
Au matin du 31 décembre 2019, le Japon découvrait avec stupeur la fuite au Liban de son plus célèbre inculpé.
Fuite “effrontée”
Deux jours plus tôt, alors qu’il était en liberté sous caution au Japon où il est accusé de malversations financières chez Nissan, le Franco-libano-brésilien quittait tranquillement Tokyo pour rejoindre Osaka (ouest du pays) en train avec deux complices.
Arrivé à Beyrouth le 30 décembre après une correspondance à Istanbul, il est soupçonné d’avoir échappé aux contrôles à l’aéroport d’Osaka en étant caché dans un caisson de matériel audio embarqué à bord d’un jet privé, le contrôle des bagages n’étant à l’époque pas obligatoire pour ce type d’appareil.
Un document des procureurs américains évoque “une des fuites les plus effrontées et les mieux orchestrées de l’histoire récente”.
Ghosn, qui fait l’objet d’une demande d’arrestation d’Interpol, reste hors d’atteinte des juges japonais, car le Liban n’extrade pas ses ressortissants.
La justice libanaise lui a toutefois interdit de quitter le pays.
“Je n’ai pas fui la justice, j’ai échappé à l’injustice” avait-il martelé début janvier 2020 lors d’une conférence-spectacle à Beyrouth devant les caméras du monde entier.
Interpellé en novembre 2018 à la descente de son jet au Japon, l’homme d’affaires autrefois adulé par les Japonais pour le redressement du constructeur nippon Nissan, avait été libéré sous caution en avril 2019, au terme de 130 jours d’incarcération.
“L’affaire Ghosn” a de nombreuses ramifications au Japon et à l’étranger.
Outre le procès principal sur l’archipel nippon, M. Ghosn est aussi concerné par plusieurs enquêtes judiciaires en France, portant notamment sur des soupçons d’abus de biens sociaux chez Renault et la filiale néerlandaise de Renault-Nissan, RNBV.
Aussi, un procès pénal s’est ouvert mi-septembre à Tokyo pour juger l’ancien responsable juridique de Nissan, l’Américain Greg Kelly, arrêté au Japon le même jour que M. Ghosn en novembre 2018 et qui clame comme lui son innocence.
Un autre procès a démarré en juillet à Istanbul pour juger sept membres de la société turque propriétaire du jet privé loué pour l’exfiltration de l’homme d’affaires.
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