Selon le quotidien américain The New York Times, des pirates informatiques sont parvenus à s'infiltrer dans le réseau de communication diplomatique de l'Union européenne, et ce pendant au moins trois ans. Ils ont téléchargé des milliers de câbles qui reflètent les inquiétudes des Européens face au monde actuel. L'armée chinoise est pointée du doigt par ceux qui sont à l'origine de ces révélations. À Bruxelles, les réactions des institutions européennes sont aussi maigres que la gêne que suscitent ces révélations est grande.
La société de cybersécurité Area 1, basée à Redwood City, en Californie, est à l'origine de cette révélation. L'entreprise a fourni plus de 1 100 câbles au New York Times après avoir découvert l'intrusion.
Les enquêteurs d'Area 1 sont convaincus que ces hackers étaient employés par l'Armée populaire de libération, l'armée chinoise. Qui qu'ils soient, pendant au moins trois ans, ils sont parvenus à entrer dans le réseau de communication diplomatique de l'Union européenne, téléchargeant des milliers de câbles.
Ces écrits reflètent l'inquiétude des Européens face à l'imprévisibilité de Donald Trump, à la difficulté de traiter avec la Russie ou la Chine, ou au risque de voir l'Iran relancer son programme nucléaire.
? Consulter l'article du New York Times (en anglais)
L'un de ces câbles évoque par exemple le « succès (au moins pour Poutine) » d'un sommet organisé à Helsinki en juillet dernier, entre le président russe et son homologue américain Donald Trump. Un autre, écrit après cette rencontre, fait état d'une conversation entre des responsables de l'UE et le président chinois Xi Jinping, qui compare les manœuvres d'intimidation de Donald Trump envers Pékin à un « combat de boxe où tous les coups sont permis ».
Des mémos rapportant des conversations des services diplomatiques européens avec - entre autres - les dirigeants d'Arabie saoudite et d'Israël, mémos ensuite partagés par les Vingt-Huit.
Rendus publics également, de nombreux rapports sur manœuvres de la Russie en Ukraine. Avec cette mise en garde du 8 février dernier concernant la Crimée annexée il y a quatre ans par Moscou, et devenue « une zone sensible où des têtes nucléaires pourraient avoir été déployées ».
Les câbles piratés n'ont pas un niveau de confidentialité élevé, rapporte le journal américain. Les hackers ont également infiltré les réseaux des Nations unies, du syndicat américain AFL-CIO et plusieurs ministères des Affaires étrangères et des Finances à travers le monde.
Bruxelles a réagi très timidement à ces révélations
La Commission européenne a été la première à réagir au piratage, mais on sent bien qu’elle est gênée aux entournures et qu’elle répond uniquement parce qu’elle ne peut pas éluder la question, rapporte notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet. Les commentaires européens ne portent d’ailleurs pas sur le fond du dossier ni même sur sa gravité, signe supplémentaire du profond embarras dans lequel la fuite de ces documents confidentiels plonge les institutions européennes.
Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne affirme que l’UE prend « évidemment extrêmement au sérieux tout rapport faisant état d’allégation de piratage des systèmes de communications de l’UE. Mais en même temps, il est impossible de commenter des fuites. Ce qui est clair, c’est qu’aucun pays ou institution n’est immunisé contre ce type d’attaques ; tout système de communication a des vulnérabilités donc nous nous occupons constamment de ce défi en améliorant nos systèmes de communication pour répondre aux menaces. »
Et le commissaire conclut rapidement en soulignant que le responsable des systèmes de communication est le Conseil de l’Union européenne, qui représente les États membres. De son côté, ce dernier ne commente pas plus sur le fond de l’affaire, se contentant d’affirmer qu’il « enquête activement ».
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