Une semaine après la démission surprise de Nicolas Hulot, l’Elysée devait dévoiler mardi la composition du nouveau gouvernement d’Edouard Philippe dans le cadre d’un remaniement qui doit permettre à Emmanuel Macron de tourner la page d’un été et d’une rentrée mouvementés. L’annonce surprise mardi matin de la démission de la ministre des Sports Laura Flessel a fait l’effet d’un nouveau coup de théâtre à l’approche d’un remaniement sur lequel les entourages du chef de l’Etat et du Premier ministre restent muets depuis une semaine.
L’ex-sportive de haut niveau, qui n’avait aucune expérience politique avant sa nomination, dit s’être entretenue lundi soir avec Edouard Philippe et explique vouloir retrouver “des engagements passés, justement tournés vers l’humain, la solidarité et la coopération internationale”. Cette annonce relance les spéculations sur un remaniement plus substantiel que prévu qui pourrait voir également partir la ministre de la Culture Françoise Nyssen,
fragilisée ces dernières semaines par l’ouverture d’une enquête sur la maison d’édition Actes Sud qu’elle a cofondée, ou voir arriver de nouveaux secrétaires d’Etat. La composition du gouvernement devrait être connue avant 20h00, Edouard Philippe ayant fait savoir dans la matinée qu’il serait l’invité du journal télévisé de TF1.
Un mois après l’affaire Benalla, première crise d’ampleur du quinquennat, l’exécutif a connu une rentrée agitée la semaine dernière, rythmée par les propos d’Emmanuel Macron sur le “gaulois réfractaire”, la nomination de l’écrivain Philippe Besson au poste de consul de France à Los Angeles - perçue comme un “fait du prince” - ou encore une mise en garde du “Monsieur Patrimoine”, Stéphane Bern.
CHUTE DE POPULARITÉ
Dans les sondages, le chef de l’Etat voit également sa cote de popularité chuter. Selon une étude Ifop pour Paris Match et Sud Radio publiée mardi matin, seuls 31% des Français déclarent approuver son action, contre 41% en juillet. A titre de comparaison, François Hollande rassemblait 32% d’opinions positives à la même période et Nicolas Sarkozy 41%.
Quand on est président, “il y a des jours qui sont faciles et d’autres non”, a déclaré Emmanuel Macron lors d’un échange avec des collégiens de Laval (Mayenne) lundi à l’occasion de la rentrée des classes. Autre dossier épineux sur lequel le chef de l’Etat est attendu, la question du prélèvement de l’impôt sur le revenu à la source dont l’entrée en vigueur, initialement prévue pour le 1er janvier 2019, pourrait être reportée.
Cinq jours après avoir semé le doute lors d’un déplacement en Finlande, Emmanuel Macron a reçu en fin de matinée à l’Elysée, en présence d’Edouard Philippe, le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin qui a assuré ces derniers jours que les services de Bercy étaient prêts. Les déclarations du chef de l’Etat, qui a expliqué attendre des “clarifications” avant de trancher sur la mise en oeuvre de cette réforme, ont avivé le sentiment de flottement et d’hésitation à l’heure où plane le spectre d’un nouveau “ras-le-bol fiscal” dans l’opinion publique.
RUMEURS
Annoncé pour mardi, à la veille du conseil des ministres et du séminaire gouvernemental, le remaniement a fait l’objet ces derniers jours de nombreuses rumeurs et supputations. Approché par le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux et le délégué général de La République en marche (LaRem) Christophe Castaner, l’ancien eurodéputé Vert Daniel Cohn-Bendit a annoncé dimanche qu’il ne succéderait pas à Nicolas Hulot, précisant avoir pris cette décision de concert avec Emmanuel Macron.
Laurence Tubiana, présidente de la Fondation européenne sur le climat dont le nom a circulé ces derniers jours, a quant à elle assuré mardi sur France inter n’avoir reçu aucune proposition et être “très bien” là où elle est. Egalement pressenti, l’ancien ministre et actuel directeur général de WWF France Pascal Canfin a annoncé sur Twitter avoir eu des échanges lundi avec l’exécutif mais qu’il entendait continuer “avec détermination” son action à la tête de WWF.
Le nom de François de Rugy, président de l’Assemblée, revenait avec insistance mardi matin. Il s’agira du troisième remaniement gouvernemental depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron. Le couple exécutif avait procédé à un remaniement “technique” en juin 2017 après la très large victoire de LaRem aux élections législatives puis à un remaniement a minima en novembre de la même année après la nomination du porte-parole Christophe Castaner à la tête du parti présidentiel.
Avec Simon Carraud, édité par Sophie Louet
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