Sommé de toutes parts d’apporter une réponse politique à la crise des “Gilets jaunes”, qui menace son quinquennat, Emmanuel Macron adressera lundi à 20h00 à la Nation une “déclaration solennelle”, a annoncé dimanche la présidence de la République. Le chef de l’Etat, qui fera cette déclaration de l’Elysée, aura reçu dans la matinée les organisations syndicales et patronales représentatives, les présidents des trois chambres et des associations d’élus territoriaux.
“Le Président de la République a souhaité réunir l’ensemble des forces politiques, territoriales, économiques et sociales dans ce moment grave que traverse la Nation, afin d’entendre leurs voix, leurs propositions et avec pour objectif de les mobiliser pour agir”, précise l’Elysée. Le déploiement exceptionnel de forces de l’ordre et un chiffre record d’interpellations (1.939 dans toute la France, plus d’un millier à Paris) ont permis de limiter l’ampleur des dégâts, notamment à Paris, par rapport au 1er décembre.
Mais après la réponse sécuritaire vient le moment de la réponse politique : Emmanuel Macron, qui a laissé cette semaine le Premier ministre, Edouard Philippe, en première ligne pour gérer la crise, sortira de son silence lundi soir. L’annonce de la suspension de trois mesures fiscales mardi par Edouard Philippe () n’a en effet pas désamorcé la colère montée d’une frange de la population, qui s’estime abandonnée par les gouvernements successifs. Un cinquième samedi de manifestations, à quelques jours de Noël, est déjà annoncé sur les réseaux sociaux.
“NOUVEAU CONTRAT SOCIAL”
“Je souhaite que le dialogue s’ouvre, que les annonces du président de la République (...) puissent enrayer cette dérive et faire en sorte que le vrai débat républicain puisse avoir lieu”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, invité du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro. Il a notamment souhaité que le chef de l’Etat annonce la mise en oeuvre d’un “nouveau contrat social” pour répondre au “mal être” et au “profond sentiment d’inégalité” dont le mouvement des “Gilets jaunes” est le symptôme. “Il est déjà important au départ de mesurer la profondeur de la crise qui traverse la France et les Français”, a pour sa part dit le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire.
“Ce n’est pas qu’une crise sociale, c’est une crise démocratique, c’est une crise de la nation (...) qui n’arrive plus à se projeter de manière unie dans son avenir, et la réponse doit se situer à cette hauteur-là”, a-t-il ajouté. Selon Le Parisien, une rencontre entre des élus locaux des Yvelines et le chef de l’Etat, vendredi, à l’Elysée a tourné à la franche explication, ce que des participants ont confirmé. Il aurait ainsi admis avoir fait des “conneries” comme la réduction de l’aide au logement ou la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires. D’autres voix, comme celles du député La République en Marche Matthieu Orphelin, ou d’Alain Juppé, le maire de Bordeaux où des casseurs ont sévi samedi, ont exhorté le chef de l’Etat à annoncer rapidement des “mesures fortes”.
IMPACT “SÉVÈRE”
Alain Juppé l’a ainsi invité à tenir “un discours d’autorité mais aussi de compréhension et d’empathie, car beaucoup de revendications de ‘Gilets jaunes’ responsables méritent d’être prises en considération”. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a assuré qu’Emmanuel Macron annoncerait cette semaine des “mesures concrètes” et “immédiates” mais a exclu un “coup de pouce” général au salaire minimum. Elle a en revanche jugé possible dans certaines branches ou entreprises d’augmenter l’intéressement et la participation, de réaliser “en urgence” l’égalité homme-femmes, voire d’augmenter les salaires, et évoqué la possibilité d’une prime transport pour les salariés qui n’ont pas accès aux transports en commun.
Le porte-parole du gouvernement a pour sa part évoqué sur LCI des “baisses de fiscalité” ou des hausses de revenus “via des primes exceptionnelles”. “On a entendu, on ne va pas simplement rappeler ce qui a été fait”, a promis Benjamin Griveaux, qui s’est dit “sûr que le président de la République saura retrouver le chemin du coeur des Français, les toucher au coeur et parler à leur coeur”. Il a cependant, lui aussi, estimé qu’il fallait, au-delà des mesures immédiates, traiter “le temps long” grâce à la phase de concertation qui s’ouvrira dans les semaines à venir.
Quelles que soient les mesures annoncées, qui s’ajouteront au gel de dispositions fiscales déjà décidé, le gouvernement sera confronté à la double contrainte du coût de ces décisions et d’une économie freinée dans son élan par la crise actuelle. “L’impact sur l’économie française est sévère”, a déclaré Bruno Le Maire à Reuters TV. “Et il faut nous attendre à un nouveau ralentissement de la croissance en fin d’année, étant donné les événements que nous venons de traverser.”
Emmanuel Jarry, avec Marine Pennetier, Jean-Baptiste Vey et Claude Canellas à Bordeaux, édité par Tangi Salaün
2 Commentaires
Anonyme
En Décembre, 2018 (10:01 AM)Anonyme
En Décembre, 2018 (13:55 PM)Participer à la Discussion