Le Sénat espagnol a débuté vendredi la séance plénière durant laquelle il doit autoriser le gouvernement à appliquer des mesures de mise sous tutelle de la Catalogne et de destitution de ses dirigeants indépendantistes. La séance a débuté peu après 10h. L'issue du vote ne fait guère de doute, le parti du chef du gouvernement Mariano Rajoy disposant de la majorité absolue pour approuver ces mesures, en vertu de l'article 155 de la Constitution.
Demande officielle au Sénat
Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a officiellement demandé devant le Sénat "la destitution du président de la généralité de Catalogne, du vice-président et des conseillers" du gouvernement régional, sous les applaudissements des sénateurs, en majorité membres de son parti. Objectif principal Il a aussi assuré que son objectif était de permettre des élections régionales dans les six mois. Il a également critiqué l'absence du président catalan Carles Puigdemont pour défendre sa position. Réaction de Barcelone La Catalogne va-t-elle réagir en déclarant unilatéralement l'indépendance? La réaction du parlement catalan est très attendue et d'aucuns craignent une escalade du conflit politique. Le vote du Sénat espagnol est prévu à 15h.
"Situation exceptionnelle"
"C'est la première fois que l'on a recours à cet article depuis 1978", a dit le chef du gouvernement. Il a évoqué "une situation exceptionnelle", avec des conséquences "très graves pour beaucoup de personnes". L'article 155 de la Constitution permet à l'Etat de prendre le contrôle d'une "communauté autonome si elle ne respecte pas les obligations qui lui sont imposées par la Constitution ou d'autres lois". Rupture totale Ces paroles interviennent alors que la rupture est consommée entre les dirigeants séparatistes de la Catalogne et l'Espagne, dont les rapports n'ont cessé de se tendre depuis le début des années 2010.
Cette crise politique a franchi un nouveau palier et inquiète le reste de l'Europe qui la suit de près, même si l'UE se garde d'intervenir. L'article 155, en bref Face aux menaces de sécession des indépendantistes, M. Rajoy a demandé que le Sénat l'autorise à prendre des mesures drastiques: outre la destitution de l'exécutif indépendantiste de la région et la mise sous tutelle du Parlement catalan, ces pouvoirs devraient aussi lui permettre de mettre sous tutelle les médias publics et la police, le tout pendant une période pouvant durer six mois, avant des élections régionales en 2018.
"Restaurer l'ordre constitutionnel"
Le gouvernement a assuré vouloir uniquement "restaurer l'ordre constitutionnel" alors que les Catalans sont divisés sur la question de l'indépendance. Il s'agit de "l'emploi, la tranquillité des familles, qui sont en danger du fait de décisions capricieuses, unilatérales et illégales du gouvernement" catalan, avait assuré jeudi la vice-présidente du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria. Forte résistance à prévoir Mais ces mesures risquent d'entraîner une forte résistance -se voulant pacifique- en Catalogne, une région très attachée à cette autonomie récupérée après la fin de la dictature franquiste (1939-1975).
Les puissantes associations indépendantistes ANC et Omnium Cultural ont lancé des appels à manifester devant le Parlement catalan dès vendredi matin, avec le slogan: "La République nous attend, il faudra la défendre". Parti populaire honni La mise sous tutelle de la région pourrait contribuer à alimenter le ressentiment contre le Parti populaire (PP) de M. Rajoy, qui avait déjà obtenu que la Cour constitutionnelle rabote en 2010 le statut d'autonomie de la Catalogne.
Beaucoup estiment qu'elle pourrait même renforcer l'indépendantisme. Réponse catalane attendue Vendredi, "nous proposerons que la réponse à l'agression incarnée par l'article 155 soit de poursuivre le mandat du peuple de Catalogne, tel qu'il découle du référendum" du 1er octobre, a annoncé le député catalan indépendantiste Lluis Corominas.
Indépendance légitime?
Avec 90% de "oui" et 43% de participation --des chiffres non vérifiables-- les résultats du référendum d'autodétermination interdit et émaillé de violences policières sont présentés comme "un mandat" pour déclarer l'indépendance. Reste à savoir si le camp indépendantiste restera assez soudé pour voter, vendredi, sa proclamation de "la République catalane". La démission jeudi du ministre chargé des entreprises au sein de l'exécutif catalan, Santi Vila, après avoir constaté que ses efforts pour le "dialogue" avaient échoué, montre que les jeux ne sont pas faits.
1 Commentaires
Anonyme
En Octobre, 2017 (13:43 PM)Participer à la Discussion