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CRISE DU DARFOUR - les limites de la diplomatie : Un conflit ethnique sur fond de manne pétrolière

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CRISE DU DARFOUR - les limites de la diplomatie : Un conflit ethnique sur fond de manne pétrolière

Alors que prenait fin la longue guerre qui opposait, depuis 1982, la rébellion sudiste dirigée par John Garang et le pouvoir central de Khartoum, éclatait en février 2003, une autre guerre dans le Darfour, à l’ouest du pays. Un conflit complexe. Aux éléments d’explication internes se greffent d’autres, externes.

Le conflit au Darfour est devenu plus proche de nous avec la mort de cinq casques bleus sénégalais sous la bannière de l’Union Africaine. Une région ravagée, depuis février 2003, par un conflit politico-économique, qui a provoqué la mort de plusieurs milliers de personnes et un exode massif de réfugiés au Tchad. Une catastrophe humanitaire, à propos de laquelle les Nations unies évoquent un “ nettoyage ethnique ” sans apporter une solution définitive. Pour comprendre ce conflit une présentation géographique du Darfour s’impose. En effet, la province est divisée en trois zones : Darfour Nord, Sud et Ouest. La moitié nord est saharienne, parcourue par des nomades chameliers. Au centre et au sud, en dehors des zones de montagnes mieux arrosées, où cohabitent tribus pastorales et populations paysannes, avec des heurts réguliers, particulièrement lorsque les pluies se font rares. De nombreuses tribus peuplent la région, mais toutes sont musulmanes, et l’arabe n’est que la langue maternelle d’une minorité. Les tribus “ arabes ”, ou du moins appelées telles par leurs adversaires, sont généralement nomades, chamelières au nord, vachères au sud. Les tribus “ africaines ” sont parfois pastorales mais plus souvent paysannes. À Khartoum cependant, tous sont souvent considérés avec le même mépris. De cette cohabitation surgissaient des conflits, mais pas au point d’atteindre le degré de violence actuel. Car, comme partout ailleurs en Afrique, la vie entre tribus pastorales et les tribus d’agriculteurs sédentarisées a toujours été marquée par des heurts. À cette dimension locale viennent s’ajouter des problématiques nationales. Ainsi, on a vu au Darfour, les conséquences des jeux de pouvoirs entre factions au Soudan, un pays qui n’a jamais vraiment connu la paix depuis l’indépendance en 1956. La guerre opposant le gouvernement de Khartoum aux rebelles du Sud de l’Armée de libération populaire du Soudan a ainsi souvent eu des retombées au Darfour, le mouvement de feu John Garang ayant par le passé soutenu les mouvements rebelles du Darfour contre les forces gouvernementales et les milices leur étant associées. On peut ajouter une dimension régionale à la crise du Darfour puisque la Libye et le Tchad sont intervenus dans ce conflit (le président tchadien Idriss Déby y a des attaches puisque c’est depuis cette région qu’il a mené son offensive pour prendre le pouvoir à Ndjamena en 1990). Enfin, notons que le Soudan n’a cessé de développer sa production pétrolière ces dernières années. La Chine y est fortement implantée et compte sur place des dizaines de milliers d’ouvriers chinois. Chevron est également implanté dans le Sud, tout comme TotalFina-Elf. La production pétrolière peut encore être considérée comme moyenne en comparaison des grands sites d’extraction pétrolière mais les sites soudanais ont l’avantage d’être encore peu exploités et pourraient continuer à fournir du pétrole pendant une bonne quinzaine d’années. Mais, cet aspect du problème n’est pas ce qui ressort le plus dans les analyses et commentaires de la presse occidentale.

La plupart des articles consacrés au conflit du Darfour mettent plus l’accent sur les massacres massifs qui touchent cruellement les populations. Occultant du reste, un élément très important de cette guerre fratricide, car, l’opposition entre les différentes ethnies vivant au Darfour ne saurait, à elle seule, expliquer l’ampleur des exactions. Les gisements de pétrole découverts dans cette région expliquent les luttes que se livrent, d’une part le gouvernement et les différents mouvements rebelles. Mais comme l’a fait remarquer avec pertinence un analyste averti “ cette distinction entre populations permet de développer une rhétorique bien mobilisatrice pour les opinions publiques occidentales et masque sous l’émotion et l’effroi les intérêts pétroliers au Soudan ”.

 



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