Une nouvelle étude enfonce l'ancien président tchadien sur les crimes et pratiques inhumains commis sur certains de ses compatriotes. Il s'agit du rapport mené par le groupe d'analyse des données de droits humains de Benetech. Ce rapport est l'œuvre d'une structure américaine s'‘appuyant sur des milliers de documents de la Direction de la documentation et de la sécurité (Dds) d'Habré, la police politique qui poursuivait les opposants et gérait les prisons sous le régime Habré’. ‘Une étude qui pourrait s'avérer cruciale dans les poursuites, toujours retardées, contre Habré qui est accusé d'avoir instauré la pratique systématique de la torture’, précise le rapport. Cela, non sans souligner que l'ancien président Habré avait ‘organisé le massacre de milliers d'opposants politiques durant son règne sur le Tchad de 1982 à 1990’. Et pourtant, poursuit le rapport, ‘les éléments qui sont brandis comme preuve de culpabilité de l'ancien président Tchadien ont été découverts’ par hasard par Human Right Watch en 2001 dans les quartiers généraux abandonnés de la Dds Njamena. D'ailleurs, ‘les preuves démontrent qu'Habré n'était pas un dirigeant distant qui ne savait rien au sujet de ces crimes’, fait remarquer la présidente de l'association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l'homme, par ailleurs avocat des victimes, Jaqueline Moudeina.
Il faut dire que depuis plusieurs années, nombre d’organisations de défense de droits humains ont tenté de démontrer une implication directe de l'ancien président tchadien dans les crimes et les tortures dans son pays. Mais ce rapport du groupe d'analyse semble aller plus loin dans cette dynamique. ‘Habré dirigeait et contrôlait les forces de police qui torturaient ceux qui s'opposaient à lui et ceux qui appartenaient simplement au mauvais groupe ethnique’, poursuit Jaqueline Moudeina. Cette analyse démontre que l’ex-homme fort du Tchad a reçu ‘1 265 communications directes de la Dds concernant l'état de 898 détenus ; ce qui produit un total de 12 mille 321 victimes, le tout mentionné dans des documents encodés parmi lesquels figurent des informations concernant 1 208 décès en détention’. Ces preuves sont collectées dans des registres détenus aujourd'hui par le groupe américain d'analyse des données des droits humains. Ces nouvelles données risquent de peser très lourd dans le dossier de l'ancien président tchadien, poursuivi depuis 2006 pour crimes contre l'humanité.
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