La Norvège et l'Autriche, mais aussi le Danemark, entament un assouplissement des mesures de confinement. Une opération délicate dans une Europe cloîtrée depuis des semaines.
Après l'Allemagne, d'autres pays européens commencent à assouplir leurs mesures de confinement pour lutter contre l'épidémie de Covid-19. Le continent européen a payé jusqu'ici le plus lourd tribut au virus, comptant près des deux tiers des plus de 168 000 morts recensés dans le monde lundi 20 avril. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a cependant prévenu, mardi 21 avril, que toute levée des mesures de restrictions visant à contenir la propagation du nouveau coronavirus devait être progressive. Elle a tenu à rappeler le risque de résurgence des infections si ces mesures étaient assouplies trop tôt.
L'Autriche a permis mardi dernier la réouverture prudente de ses petits commerces et jardins publics. En Serbie, certaines mesures de restriction seront assouplies à partir de mardi. Les personnes de plus de 65 ans pourront ainsi sortir se promener trois fois par semaine, si elles restent près de chez elles.
Au Danemark, les petits commerces ont reçu lundi la permission de rouvrir leurs portes, à condition d'appliquer de strictes mesures d'hygiène et de séparation. Les crèches danoises avaient rouvert le 15 avril.
La Norvège a commencé lundi à rouvrir ses "barnehager", établissements qui englobent crèches et école maternelle, premier pas d'une levée lente et progressive des restrictions décrétées mi-mars.
Urgence économique
En Espagne, les travailleurs ont été autorisés à reprendre le chemin des usines et des chantiers la semaine dernière, à condition de porter des masques. Signe de l'urgence économique, la Banque d'Espagne prévoit pour 2020 une chute vertigineuse, "sans précédent dans l'histoire récente", de 6,6 % à 13,6 % du PIB de la quatrième économie de la zone euro en raison de la pandémie. Le pays qui affiche le deuxième plus lourd bilan européen, après l'Italie, a également annoncé que la morgue improvisée dans une patinoire de Madrid, un moment symbole de l'hécatombe, fermera mercredi.
En Italie aussi, l'espoir renaît avec une hausse des guérisons et une baisse des cas graves. Peu à peu, les entreprises rouvrent, même si c'est de façon partielle et avec beaucoup de précautions. Rome doit annoncer d'ici la fin de la semaine son plan d'allègement du confinement à partir du 4 mai.
Même les organisations internationales telle que l'Union européenne de football (UEFA) se penchent sur la question. Elle a convoqué cette semaine plusieurs réunions pour évoquer l'éventuelle reprise des compétitions malgré le coronavirus.
Le danger d'une "deuxième vague"
La France a fait lundi un premier pas en autorisant à nouveau, sous conditions, les visites aux pensionnaires des maisons de retraite. Le gouvernement français prévoit une réouverture des écoles pour le 11 mai.
Toutefois l'Institut Pasteur met en garde contre le danger d'une "deuxième vague" d'infection. Il estime en effet qu'environ 6 % des Français auront été infectés par le coronavirus le 11 mai, un niveau très insuffisant pour éviter une deuxième vague épidémique si toutes les mesures étaient intégralement levées après cette date, selon des estimations publiées mardi.
"Pour que l'immunité collective soit suffisante pour éviter une deuxième vague, il faudrait 70% de personnes immunisées. On est très en-dessous", explique à l'AFP l'auteur principal de l'étude, Simon Cauchemez. Par conséquent, "au sortir du confinement, si on veut éviter une deuxième vague importante, des mesures doivent être maintenues", ajoute-t-il.
Pandémie de Covid-19 : environ 6% des Français infectés le 11 mai, selon l'Institut Pasteur
"Aller trop vite serait une erreur"
L'enjeu est énorme : relancer progressivement l'activité, contenir les impatiences des populations enfermées, voire les risques d'explosion sociale, tout en prévenant une possible résurgence du virus et en préservant des systèmes sanitaires saturés.
Cette stratégie de sortie de crise, mise en œuvre par l'Allemagne, locomotive économique du vieux continent, est scrutée par une Europe qui vit sous cloche depuis près d'un mois, et dont certains pays s'apprêtent à entamer le défi du "déconfinement" à mesure que la maladie y apparait contenue.
La situation reste "fragile", a prévenu la chancelière Angela Merkel. "Nous sommes au début de la pandémie et nous sommes encore loin d'être sortis de l'auberge", a-t-elle déclaré, jugeant qu'il serait "extrêmement dommage de connaître une rechute". "Aller trop vite serait une erreur, c'est ce qui m'inquiète", a-t-elle ajouté.
La fête de la bière prévue du 19 septembre au 4 octobre en Bavière est annulée en raison de l'épidémie de nouveau coronavirus, a annoncé mardi ce Land du sud de l'Allemagne. Cette "Oktoberfest" traditionnelle rassemble normalement chaque année environ six millions de personnes, dont beaucoup d'étrangers.
Seul le Royaume-Uni, où le confinement instauré le 23 mars a été prolongé d'au moins trois semaines jeudi, n'envisage pas encore d'en sortir.
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