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Covid-19 : De la maladie à la guérison, ils témoignent

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Covid-19 : De la maladie à la guérison, ils témoignent
À Beauvais, Montpellier, Chambéry ou Bastia, ils ont été parmi les premiers contaminés par le Covid-19 hospitalisés. Rentrés à domicile, sur la voie de la guérison, des hommes et des femmes racontent.


Georges : « La norme, c’est de guérir »
Dans la nuit du 16 au 17 février, Georges fait une chute. Impossible de se relever. À 86 ans, le vieil homme est pris en charge par le Samu qui diagnostique d’abord une bronchite, avant de l’hospitaliser dans une chambre avec une autre personne. « Comme un malade lambda », souligne-t-il.

Ce que l’on ignore alors, c’est que le coronavirus est en train de se répandre à une vitesse foudroyante dans le département de l’Oise. Georges habite Crépy-en-Valois, l’un des foyers de la contamination. Très vite, le diagnostic du Covid-19 est posé. Georges évoque le « branle-bas de combat » qui suit et sa mise en confinement total.

Georges est l’un des premiers malades du coronavirus en France. Hospitalisé quinze jours au CHU de Compiègne, l’octogénaire va par chance être tiré d’affaire. « Aujourd’hui, je fais partie des privilégiés qui peuvent vivre normalement », témoigne celui qui a pu, depuis, regagner son domicile. On lui a diagnostiqué des problèmes cardiaques mais le rendez-vous avec le cardiologue attendra des jours meilleurs.



« Je suis assailli par les médias mais vouloir faire de moi un miraculé, c’est absurde ! » s’emporte Georges, qui s’en tient à une forme de sagesse. « Il faut se préparer à attraper la maladie mais continuer de croire que la norme, c’est de guérir ! De toute façon, je ne crains pas la mort. Elle n’est pas la fin de l’existence », assure l’homme qui, en rentrant chez lui, s’est d’abord soucié de ses proches. « L’agence régionale de santé m’a assuré que je n’étais plus contagieux. On reste prudent mais normalement, ma femme ne court aucun risque. »

Claudia : « On avance au jour le jour »

Depuis dix jours, Claudia vit seule dans un appartement du Cap Corse, à l’écart de ses proches. Cette quadragénaire, secrétaire de mairie d’une petite commune de Haute-Corse, était en vacances avec une vingtaine de personnes de sa famille dans un village de Lombardie, fin février, quand l’épidémie a commencé à toucher massivement la population italienne. Dès son retour sur l’Île de Beauté, le 1er mars, le groupe s’impose la quarantaine. Rapidement, cinq de ses membres sont testés positifs, dont Claudia : « Trois ne présentaient pas de symptômes, l’un de nous toussait et moi, j’avais le nez qui coulait et une petite toux. Aucun d’entre nous n’avait de fièvre. » Ce sont les cinq premiers cas recensés en Corse.

La secrétaire de mairie est hospitalisée le samedi 7 mars, à l’hôpital de Bastia, à l’isolement : « Il s’agissait surtout de surveiller l’évolution de la maladie. » Son état est heureusement stationnaire, sans gravité. À sa sortie, une semaine plus tard, Claudia se confine en solitaire pour ne pas contaminer ses deux enfants de 17 et 23 ans ni son compagnon, tous testés négatifs. « Il y a des moments où le moral descend un peu… Heureusement, mes proches et des amis me livrent tout ce dont j’ai besoin ! »

Claudia va bien. L’hôpital l’appelle tous les deux jours. « Avec les soignants, les médecins, on avance ensemble, au jour le jour », analyse celle qui ne suit aucun traitement. « On sent bien qu’ils n’ont pas de recul, notamment sur le temps nécessaire pour éliminer le virus. Pour l’instant, je suis encore positive. »

Beaucoup de patients se demandent de fait s’ils sont vraiment guéris. Le professeur Pierre Albaladejo, chef du service d’anesthésie-réanimation du CHU Grenoble Alpes, confirme l’absence de certitude. « Il est difficile de dire si leur état peut connaître une nouvelle aggravation à cause du Covid. Les données ne sont pas claires pour le moment », note-t-il.

En revanche, ce médecin, secrétaire général du syndicat SFAR, prévient qu’une nouvelle aggravation n’est jamais exclue. « Le Covid provoque à lui seul une grave atteinte des poumons mais chez certains patients, la situation est encore plus critique à cause d’une surinfection. Celle-ci provoque parfois, comme dans le cas de la grippe, une rechute. »

Mauro : « Nous avons séparé l’appartement en deux ».

Le 24 février, presque au même moment que Claudia, Mauro, informaticien de 31 ans, rentre lui aussi d’un séjour en Italie avec sa femme, ses deux enfants et sa belle-mère. Ils ne présentent aucun symptôme mais ils reviennent de Bergame, l’un des foyers les plus touchés. « À notre retour à Montpellier, nous nous sommes signalés au 15 et avons été placés en quarantaine. Dès le lendemain j’avais de la fièvre, je toussais », témoigne le père de famille, qui est alors hospitalisé au CHU de Montpellier.


Sa femme, 29 ans, qui allaite le petit dernier, et son fils de quatre ans ont également été testés positifs et admis dans un autre service, en pédiatrie, durant sept jours. « Le personnel soignant nous a beaucoup aidés pour garder une communication régulière », tient à rendre hommage Mauro, dont la situation médicale s’est ensuite aggravée, avec la survenue d’une pneumonie.

Soigné avec un antiviral normalement utilisé contre le VIH, il reste 12 jours en chambre, avant d’être hospitalisé à domicile, le 10 mars, cinq jours après sa femme, afin de laisser la place à d’autres malades. Mauro va aujourd’hui beaucoup mieux, ne souffre plus d’insuffisance respiratoire. Premier patient montpelliérain à avoir été diagnostiqué, Mauro s’estime chanceux d’avoir pu être soigné dans un service qui n’était pas encore surchargé.

Mais alors que Mauro et sa famille sont sur le chemin de la guérison, c’est sa belle-mère qui est testée positive. « Nous avons séparé l’appartement en deux parties isolées, raconte le jeune père. Nous avons acheté des lits de campings et un lit parapluie pour le bébé afin de nous installer dans le salon .» Chaque matin, le couple replie les matelas, gère les siestes des enfants l’après-midi, les coloriages. « On n’arrive pas trop à dormir, on est fatigué », soupire Mauro. La perspective d’un long confinement l’effraie mais ce n’est rien au regard de l’évolution de la situation en Italie, son pays d’origine. « J’appelle tous les jours les membres de ma famille qui habitent là-bas. Tous déplorent des décès dans leur entourage. C’est très angoissant. »

Paul : « Je pourrais de nouveau être atteint. »

Pour Paul, tout a commencé fin février comme une bronchite ordinaire. « Ça m’arrive de temps en temps, je ne me suis pas inquiété », raconte cet homme de 70 ans, maire de Chêne-en-Semine (Haute-Savoie), petit village de 500 habitants. Son médecin lui prescrit paracétamol et antibiotiques mais les cas d’hospitalisation se multiplient dans la région et il se rend compte qu’il a fréquenté des personnes infectées. À son tour dépisté le 3 mars par le CHU d’Annecy, il est hospitalisé pour au moins quinze jours.

« Le moral n’allait pas fort, reconnaît Paul. J'ai bouclé un petit bout de valise. » À l’intérieur, quelques affaires personnelles et surtout son ordinateur, son téléphone portable et son chargeur. « Suivre le chantier de l'Ehpad, vérifier les factures… Il y a beaucoup à faire », glisse l'élu, également président de la communauté de commune Usses et Rhône. L'ambulance l'emmène au CHU de Chambéry, en raison de l'engorgement de celui d'Annecy. Les soignants « habillés comme des cosmonautes » le prennent en charge. L'isolement est difficile à vivre. Sa femme, tout comme ses trois enfants et ses petits-enfants ont fait l'objet de mesures strictes de confinement durant quinze jours, par précaution.

Heureusement, Paul ne développe aucun symptôme. « On vérifiait ma température trois ou quatre fois par jour. Au bout de deux semaines, on m'a renvoyé chez moi, pour y être confiné sept jours supplémentaires. » Entre-temps, Paul a été réélu. Et il est aujourd'hui totalement guéri, sans être trop sûr de son immunité. « On m'a laissé entendre que lors de la prochaine vague, je pourrais de nouveau être atteint… »  


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