Une grande partie de l’Europe a suspendu lundi ses liaisons avec le Royaume-Uni en raison des craintes que suscite une nouvelle souche du coronavirus, ce qui complique encore une situation déjà chaotique à l’approche du Brexit pour les familles et les entreprises britanniques.
La France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, l’Irlande, la Belgique, l’Autriche, la Suisse, la Pologne, la Norvège et le Danemark, mais aussi Israël, le Canada, Hong Kong et l’Inde, ont suspendu leurs liaisons aériennes et ferroviaires avec le Royaume-Uni après que le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a averti qu’une nouvelle souche potentiellement très contagieuse du virus constituait un danger pour le pays.
Boris Johnson présidera lundi une réunion d’urgence pour discuter des voyages internationaux et des flux de marchandises à destination et en provenance de Grande-Bretagne.
Les Européens doivent également se réunir. “Dans les prochaines heures, au niveau européen, nous allons mettre en place un protocole sanitaire solide pour que les flux depuis le Royaume-Uni puissent reprendre. Notre priorité : protéger nos ressortissants et nos concitoyens”, a déclaré sur Twitter le ministre français délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari.
La France a fermé provisoirement sa frontière avec le Royaume-Uni pour les personnes et les camions, bloquant ainsi sa plus importante voie de transit commerciale avec l’Europe continentale.
“UNE SITUATION EXCEPTIONNELLE”
“C’est une situation exceptionnelle qui nous a amenés à prendre cette décision rapide et doit nous amener à redoubler de vigilance sur l’évolution (la nouvelle souche du virus)”, a déclaré lundi Emmanuel Macron lors d’un conseil des ministres en visioconférence, selon des images diffusées par BFM TV.
Le ministre britannique des Transports, Grant Shapps, a jugé la décision française surprenante. “Je suis en contact avec mon homologue en France et nous faisons tout ce que nous pouvons pour que cela redémarre, en fait ils nous ont dit qu’ils voulaient relancer les transporteurs le plus rapidement possible”, a-t-il déclaré à Sky.
Clément Beaune, le ministre français délégué aux Affaires européennes, a précisé que la suspension pour 48 heures des déplacements de personnes en provenance de Grande-Bretagne devait permettre de “clarifier les informations scientifiques”, mieux coordonner les actions au niveau européen et permettre aux ressortissants français de rentrer pour les fêtes.
“Nous devons chercher des solutions pour eux. Nous avons un message très simple : faites des tests PCR. C’est ce qui sera certainement demandé si, au-delà du délai de 48 heures nous pouvons organiser des trajets ferroviaires, par avion, par ferry, de retour. Nous le préciserons très vite”, a-t-il dit sur France Inter.
Alors que les familles et les chauffeurs de camion tentent de contourner les interdictions de voyager pour rentrer chez eux à temps pour Noël, l’isolement du Royaume-Uni fait craindre des perturbations dans les approvisionnements en produits frais à destination et en provenance d’Europe, bien que les supermarchés soient pour le moment en mesure de répondre à la demande en cette période de fêtes.
Les producteurs de fruits de mer en Écosse ont cependant déclaré que des tonnes de produits périssables étaient bloqués sur les routes en raison de la fermeture de la frontière française. Les perturbations en Grande-Bretagne vont aussi compliquer les approvisionnements en Irlande.
“ON VA VERS UNE CATASTROPHE”
La livre sterling a chuté de plus de 2 cents à 1,3279 dollar et le FTSE 100 de 2% à l’ouverture tandis que les valeurs du secteur du transport chutaient à l’instar de IAG, propriétaire de British Airways, qui s’effondrait de 15%.
Grant Shapps a indiqué que la levée des interdictions le plus rapidement possible était sa priorité mais que, compte tenu des préparatifs britanniques pour la fin de la période de transition du Brexit, son pays était prêt.
Le gouvernement britannique a déclenché des plans d’urgence en lien avec le Brexit pour faire face aux retards de transport dans la région du Kent, dans le sud de l’Angleterre.
Des fils de camions s’accumulent sur l’autoroute M20 à travers la région, en direction des ports, fermés à la circulation normale. Un aéroport voisin doit être utilisé pour contenir le fret.
Le blocage des liaisons avec le continent européen survient quelques jours à peine avant que le Royaume-Uni ne quitte l’UE, le 31 décembre à 23h00 GMT) avec ou sans un accord commercial que les négociateurs tentent toujours de conclure.
Vanessa Ibarlucea, porte-parole de la Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR), a indiqué que les chauffeurs de poids lourds étaient “bloqués sur des parkings sans toilettes” au Royaume-Uni. “On va vers une catastrophe. Et puis plus aucun conducteur ne veut aller en Grande-Bretagne, et donc la Grande-Bretagne va bientôt avoir un assèchement de son approvisionnement”, a-t-elle ajouté.
Avec la rédaction de Paris, version française Benjamin Mallet, édité par Jean-Stéphane Brosse
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