Impitoyable Kim Jong-Un. Le numéro un du régime nord-coréen a fait exécuter pour insubordination son ministre de la Défense, accusé d'avoir sommeillé lors de défilés militaires, ce qui pourrait être le signe d'une instabilité du régime, d'après les services de renseignements sud-coréens. Hyon Yong-Chol aurait été exécuté au canon anti-aérien aux alentours du 30 avril, dans une académie militaire du nord de Pyongyang.
Si cette exécution était confirmée, il s'agirait d'une nouvelle démonstration du caractère impitoyable du jeune dirigeant nord-coréen quand il s'agit de réagir au manque de loyauté supposé de certains dignitaires, y compris ceux de très haut rang. Fin 2013, Kim Jong-Un avait fait exécuter son oncle et ancien mentor, Jang Song-Thaek, accusé entre autres de corruption et de trahison.
Acte de trahison
Les services de renseignements nationaux (NIS) de Corée du Sud ont expliqué que le ministre était tombé en disgrâce pour avoir montré son mécontentement envers la gouvernance de Kim Jong-Un, avoir fait fi de ses ordres à plusieurs reprises et s'être endormi lors d'un rassemblement présidé par le numéro un. Le NIS a également dit être en possession de rapports non confirmés selon lesquels le ministre se serait rendu coupable d'un acte de trahison.
Hyon Yong-Chol avait été nommé à la tête du ministère des Forces armées du peuple il y a moins d'un an. Il a été aperçu pour la dernière fois en public les 27 et 28 avril, lorsqu'il avait assisté à des concerts. En Corée du Nord, le ministre de la Défense s'occupe principalement de la logistique et des échanges internationaux. La stratégie politique est elle l'affaire de la puissante Commission de défense nationale et de la Commission militaire centrale du parti unique.
L'exécution le mois dernier de Hyon Yong-Chol est peut-être aussi le signe d'une lutte de pouvoir au sommet du régime communiste, après la décision de Kim Jong-Un d'annuler une visite prévue à Moscou la semaine dernière pour cause de "problèmes internes". Le NIS avait déjà annoncé le mois dernier que le dirigeant de ce pays des plus hermétiques avait ordonné le passage par les armes de 15 responsables, dont deux vice-ministres, pour avoir remis en cause son autorité.
Batteries anti-aériennes
Lors d'une réunion d'information devant une Commission parlementaire mercredi, Han Ki-Beom, vice-directeur du NIS, a expliqué que des centaines de personnes avaient assisté à l'exécution du ministre de la Défense. La presse, en particulier les médias sud-coréens, a expliqué par le passé, sans que cela puisse être confirmé, que cette méthode d'exécution destinée à impressionner les esprits était réservée aux personnalités de haut rang dont le pouvoir veut faire un exemple. En avril, la Commission pour les droits de l'Homme en Corée, une organisation basée aux Etats-Unis, avait publié des photos, prises par satellite, de ladite académie militaire, où l'on voyait des batteries anti-aériennes dans un champ de tir, apparemment en prévision d'une exécution.
Depuis son arrivée au pouvoir à la suite du décès de son père Kim Jong-Il en décembre 2011, le jeune numéro un a procédé plusieurs fois à des remaniements à la direction des forces armées. Considérée comme la seule dynastie communiste de l'Histoire, la famille Kim règne sans partage sur la Corée du Nord depuis plus de six décennies.
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