L’élimination du général iranien Qassem Soleimani, à la tête de la force Al-Qods, une unité d'élite des Gardiens de la Révolution islamique, et Abou Mahdi al Mouhandis, le commandant d'une milice irakienne, dans un raid américain à Bagdad, en Irak, suscite des appels à la « vengeance » de l’Iran et attise les craintes d’un conflit ouvert entre Washington et Téhéran.
Le Guide suprême de la Révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei a déclaré ce vendredi 3 janvier qu’une « vengeance implacable » attend les « criminels » qui ont assassiné le général à la tête de la force Al-Qods, Qassem Soleimani. « Il est évident que les Iraniens ne vont pas rester inertes et sans riposter à ce qu’ils considèrent comme la plus grave agression dont ils ont été victimes depuis de nombreuses années », estime sur RFI Didier Billion, directeur adjoint de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), spécialiste du Moyen-Orient.
Toutefois, le spécialiste tempère : « Il n’est pas utile de croire qu’ils vont riposter immédiatement par une série d’attentats, ce n’est pas du tout comme ça qu’ils vont réagir ». Les dirigeants iraniens sont des gens « à sang froid », la première phase, dans laquelle nous nous trouvons, « est une phase d’hommage », indique-t-il, « la riposte viendra plus tard ».
S’attaquer directement aux Américains…
En guise de représailles, l’Iran pourrait tout d’abord s’attaquer aux bases américaines présentes dans la région. Même s’il admet qu’il est « difficile de prévoir ce genre de réactions », pour le spécialiste, « il est clair que les bases américaines seront sûrement ciblées d’une manière ou d’une autre ».
Il est également possible que les Iraniens agissent pour perturber les intérêts américains. Selon des experts, on peut s’attendre à des « remous », notamment dans le détroit d’Ormuz. « On peut imaginer que [...] le trafic des supertankers (pourrait) connaître des difficultés, pour ne pas dire plus », analyse Didier Billion évoquant d'éventuels « détournements de supertankers ».
ou à leurs alliés
« L’Iran a toujours dit que s’il était attaqué soit par Israël, soit par les Américains, ce serait les monarchies du Golfe qui en paieraient le prix immédiatement », détaille Olivier Da Lage, rédacteur en chef à RFI. Les alliés des États-Unis pourraient donc pâtir des conséquences de l’assassinat ordonné par Donald Trump, notamment l’Arabie saoudite ou Israël.
Plusieurs hypothèses ont donc été émises après les premières analyses. Premièrement, les installations pétrochimiques, moteurs de l’économie régionale, pourraient être visées. Mais, selon Olivier Da Lage, une autre industrie pourrait subir les conséquences des tensions accrues au Moyen-Orient, celle du dessalement des eaux. « On en parle moins mais c’est beaucoup plus grave. Il y a les installations de dessalement de l’eau de mer. Si ces installations sont détruites, eh bien en une semaine ou deux, ces pays seraient à genoux », estime le journaliste.
Quelques heures après l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani, les conséquences de cette attaque sont encore difficilement prévisibles dans leur forme mais, selon Didier Billion, « nous sommes désormais dans une nouvelle séquence des conflits et des tensions au Moyen-Orient » dont les conséquences « seront d’ampleur et extrêmement négatives pour les peuples de la région ».
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