Trois jours après le massacre dans deux mosquées de Christchurch perpétré par un suprémaciste blanc présumé, l'enquête progresse rapidement, en Nouvelle-Zélande et en Australie.
En Nouvelle-Zélande, trois jours après le massacre dans deux mosquées de Christchurch, le tueur présumé, qui comparaitra dans trois semaines devant la Haute-Cour de justice, a annoncé vouloir se défendre lui-même, sans l’aide d’un avocat. La Première ministre Jacinda Ardern vient pour sa part de confirmer que le gouvernement allait proposer des amendements à la loi sur le port d’armes au plus tard dans une semaine.
Les enquêteurs travaillent beaucoup à remplir les trous du parcours du présumé tueur suprémaciste blanc Brenton Tarrant, en Nouvelle-Zélande ainsi qu’en Australie, d’où il est originaire. Après avoir retrouvé là où il vivait en Nouvelle-Zélande, à 300 kms au sud de Christchurch, c’est la maison de sa soeur en Australie qui a été perquisitionnée ce lundi. Les policiers ont également retrouvé le club de tir dans lequel il s’entrainait. Les personnes qui le connaissaient semblent stupéfaits de sa cavale mortelle.
Mais il est complexe pour les enquêteurs de suivre les allers-retours de Brenton Tarrant entre les deux pays, car les Néo-Zélandais et les Australiens ont un accord du même type que celui dont bénéficient les Européens et peuvent séjourner sans problème dans un des deux pays sans visa particulier. Le tueur présumé était un grand voyageur, à tel point qu’on ne s’étonne presque pas que les autorités turques aient offert leur aide à la Nouvelle-Zélande, soupçonnant que Brenton Tarrant ait été aidé par un « réseau influent ».
Controverse autour des services secrets
L'enquête est la plus large jamais menée dans ce pays de 4 millions d'habitants, affirme la police qui en est désormais sûre : Brenton Tarrant a agi seul lors de la tuerie dans les deux mosquées de Christchurch, mais il se peut qu’il ait reçu un soutien logistique.
Par ailleurs, une polémique monte sur le rôle des services secrets : pourraient-ils avoir été au courant du projet que fomentait Brenton Tarrent ? Le Otago Daily Times, un journal de l'île du sud, a révélé ce lundi matin que les services secrets avaient émis 48 alertes l’an dernier – bien loin d’une moyenne convenable.
« Un analyste de la sécurité connu, Paul Buchanan, m’a expliqué que selon lui, pour un pays de cette taille, les services secrets émettraient typiquement une douzaine d’alertes de ce genre,rapporte George Block, journaliste à l’ODT. Là on en est à 48 ! Il dit que cela peut indiquer qu’ils étaient sur une piste. Mais aussi que s’ils n’avaient pas Brenton Tarrant dans leurs dossiers, alors le milieu des services secrets pourrait s’en mordre les doigts et des changements seront à prévoir. »
Sécurité renforcée
Le chef de la police a annoncé dimanche soir le renforcement de la sécurité à Christchurch : 200 agents supplémentaires ont été déployés dans les rues de la ville, survolée par un hélicoptère en permanence. Toutes ces mesures de sécurité visent à rassurer une population toujours sous le choc. Les écoles, qui avaient été verrouillées avec tous les élèves confinés à l’intérieur le jour du massacre, ont rouvert normalement ce lundi matin.
Les familles des victimes commencent, elles, à recevoir les premiers corps. Dans la zone du cimetière musulman de Linwood, les fossoyeurs viennent de finir de creuser les tombes pour les 50 victimes. Les enterrements devraient commencer rapidement. Une grande bâche blanche a été tirée tout autour de la parcelle pour pouvoir assurer un peu d’intimité aux proches.
Les autorités font tout pour rassurer les musulmans de Christchurch, qui depuis deux jours craignent d’être devenus des cibles. Elles envisagent même déjà de rouvrir les mosquées du pays d’ici vendredi.
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