Les Bakassi Freedom Fighters sont prêts à tuer dix otages si le gouvernement camerounais refuse de négocier
Des pirates ont kidnappé dix membres de l’équipage du navire Sagitta, propriété de l’armateur français Bourbon, dans la nuit de jeudi à vendredi au large de la péninsule de Bakassi au Cameroun. Les malfaiteurs se réclament des Bakassi Freedom Fighters, un mouvement qui milite pour l’autonomie de la péninsule de Bakassi, région riche en pétrole, située à la frontière entre le Nigeria et le Cameroun. Ils menacent de « tuer tous (leurs otages) » si dans les trois jours le gouvernement camerounais n’a pas négocié avec eux.
Six Français, deux Camerounais, un Sénégalais et un Tunisien sont depuis jeudi soir aux mains des Bakassi Freedom Fighters. Le groupe rebelle camerounais remet en cause la souveraineté du Cameroun sur la presqu’île, situé à la frontière avec le Nigeria. Les Bakassi Freedom Fighters estiment que l’Etat nigérian a été lésé dans le règlement du différend territorial qui a opposé les deux pays pendant 15 ans. Riche en pétrole, en gaz et en poissons, la presqu’île a été rétrocédée le 14 août dernier au Cameroun.
Les dix membres de l’équipage du Sagitta, un navire de l’armateur français Bourbon, ont été kidnappés dans la nuit de jeudi à vendredi aux alentours de minuit. Alors qu’ils opéraient sur un terminal pétrolier du groupe Total dans les eaux camerounaises, leur navire a été arraisonné par des hommes armés à bord de trois vedettes. Aucun des otages n’est blessé d’après une porte-parole de l’armateur Bourbon et les cinq autres membres de l’équipage sont restés à bord, sains et saufs.
« Nous les tuerons tous dans les trois jours »
Joint par l’AFP à Libreville, un des pirates a déclaré : « Les dix sont entre nos mains. Si vous ne dites pas au gouvernement camerounais de venir discuter avec nous, nous les tuerons tous dans trois jours ». Il n’a pas donné plus d’explications avant de raccrocher.
Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a demandé « que soit immédiatement activé le Centre de crise du ministère », a-t-on appris dans un communiqué publié vendredi matin. Il a ajouté que le Quai d’Orsay faisait tout pour libérer les otages. Il « se mobilise à Paris ainsi qu’au Cameroun, à Yaoundé et à Douala, pour travailler à leur libération dans les délais les plus brefs ».
Une région peu sûre pour la navigation
Les Bakassi Freedom Fighters sont membres du Niger Delta Defence and Security Council (NDDSC), un groupe rebelle nigérian qui opère dans le sud-est pétrolier du Nigeria. Ils ont revendiqué les attaques des mois de juin et juillet qui avaient coûté la vie à un sous-préfet et sept soldats camerounais. Bakassi, une région de mangrove, est difficile à la navigation et est devenue le repère de nombreux groupes armés.
Les attaques de pirates sont de plus en plus fréquentes dans le Golfe de Guinée. De nombreux rebelles y opèrent en toute impunité comme le Mouvement pour l’émancipation du Delta du Niger (MEND), au large des côtes nigérianes. Après le Golfe d’Aden, situé entre la Somalie et le Yemen, les côtes de l’Afrique de l’Ouest, de la Guinée Equatoriale au Cameroun, sont les plus dangereuses d’après le Bureau Maritime International (BMI)
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