L'empire du Milieu vise la firme américaine pour abus de position dominante.
À la guerre commerciale comme à la guerre commerciale, œil pour œil, bit pour bit: la Chine de Xi Jinping ne semble pas souhaiter rester les bras ballants dans la guérilla diplomatique, commerciale, douanière et technologique féroce qui l'oppose aux États-Unis.
L'agence Reuters a ainsi annoncé que le pays allait engager les premiers pas d'une procédure visant Google et ses possibles abus de position dominante, étape préliminaire qui pourrait se transformer en enquête dans les prochaines semaines.
La confrontation la plus récente entre les deux nations concerne bien sûr la volonté de l'administration Trump de faire passer, par la force, TikTok sous pavillon américain. Une décision que l'agence de presse étatique Xinhua, sans pincette aucune, a qualifiée de «parfait exemple de la piraterie moderne et des intimidations des États-Unis».
Dans l'acrimonie, les deux pays s'échangent également des «blacklists» commerciales et technologiques comme d'autres des timbres ou des images Panini. Les États-Unis ont ajouté début septembre de nombreuses entreprises –certaines d'une importance stratégique immense– à la liste de celles avec lesquelles les firmes américaines ont interdiction de travailler. Ce à quoi Pékin s'apprête à répondre avec une méthode similaire.
Vengeance
Mais l'un des plus importants contentieux entre les deux pays reste le bannissement de Huawei en 2019. Les instances fédérales américaines arguant de risques pour la sécurité nationale, le géant chinois du smartphone et des infrastructures de télécommunication s'est vu barrer l'accès au marché et aux technologies américaines –notamment celui, ô combien profitable, de la 5G.
Selon les sources de Reuters, c'est Huawei qui dès 2019 a fait pression sur le gouvernement chinois pour qu'il adresse aux États-Unis une réponse du berger à la bergère. Celle-ci pourrait prendre la forme d'une enquête antitrust, qui cherchera à déterminer si Google n'a pas appuyé sur la toute-puissance de son système d'exploitation mobile Android pour étouffer la concurrence et causer «des dégâts extrêmes» aux entreprises chinoises.
On peut comprendre que Huawei ait vu rouge écarlate: la firme n'a pas simplement été interdite du territoire américain, elle a également dû se passer des technologies que le pays lui vendait –en particulier cet Android indispensable pour le marché global, auquel elle a dû en toute hâte chercher et bâtir un remplaçant.
On peut aussi comprendre que la Chine s'en prenne à Google, avec laquelle ses autorités et son marché ont de longue date eu des relations compliquées. Car la manœuvre n'est pas qu'une mesure de rétorsion symbolique et teintée de nationalisme, pas un simple moyen de protéger les géants technologiques du pays que sont Alibaba ou Tencent, ou de camoufler les dominations parfois exorbitantes de certains de leurs produits.
Cette décision, si elle se confirmait, ferait écho à la tendance mondiale actuelle envers Google: une procédure similaire a été lancée contre le géant américain par la justice des États-Unis elle-même, et l'Union européenne –que les pratiques de l'entreprise n'ont jamais cessé d'irriter– souhaite encore serrer la vis.
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