Les juges du Tribunal supérieur de justice du Brésil ont accordé mardi 23 avril à l'ex-président Luiz Inacion Lula da Silva un allègement significatif de sa peine de prison pour corruption, qui laisse entrevoir un aménagement de sa peine. Après le rejet de moult recours déposés par sa défense, le chef historique de la gauche brésilienne de 73 ans, pourrait sortir de prison dès octobre après plus d'un an derière les barreaux. Mais ses démêlés avec la justice sont très loin d'être terminés.
Les quatre magistrats du STJ siégeant à Brasilia ont décidé à l'unanimité de réduire la peine du prisonnier le plus célèbre du Brésil -- de 12 ans et un mois de prison à huit ans et 10 mois. Cette décision ouvre la voie à un aménagement de peine de Lula, deux fois président (2003-2010), tombé dans les filets de l'enquête « Lava Jato » (Lavage express) autour du gigantesque scandale de corruption lié à l'entreprise pétrolière étatique Petrobras.
« Maintenant Lula va avoir le droit de passer au régime semi-ouvert en octobre, parce qu'il aura effectué un sixième de sa peine », a expliqué Lenio Streck, professeur de droit constitutionnel. « Cela va totalement changer ses perspectives ».
Ce régime autorise un condamné à avoir un emploi ou à suivre une formation à l'extérieur de la prison mais l'oblige à rentrer le soir dans sa cellule pour y dormir. Incarcéré depuis avril 2018 à Curitiba (sud), l'ex-chef d'État avait été condamné en deuxième instance pour avoir bénéficié d'un triplex à Guaruja (littoral de l'État de Sao Paulo, sud-est) de la part d'un groupe du BTP en échange de contrats avec Petrobras.
Les nombreux recours déposés par ses avocats ont tous été rejetés, mais mardi le STJ, une cour connue généralement pour son conservatisme, a totalement changé la donne pour Lula en se prononçant sur un recours en annulation déposé par les mêmes avocats.
Lula estime qu'il a été condamné sans preuve et n'a cessé de dénoncer une persécution politique pour empêcher son Parti des Travailleurs (PT) de revenir au pouvoir. Ses avocats demandent son acquittement. Dernièrement, ils ont proposé que les accusations de blanchiment d'argent soient requalifiées en crime électoral, ce qui pourrait réduire la peine afférente. La situation de Lula dans les prochains mois et années semble promise à de nombreux rebondissements.
L'ex-président a en effet été condamné en février à une autre lourde peine de prison, de 12 ans et 11 mois, par un tribunal de première instance pour avoir fait financer des travaux dans une autre propriété, également en échange de son intercession dans des contrats. Et il est au total mis en cause dans une demi-douzaine d'affaires. Le président d'extrême droite Jair Bolsonaro, farouche ennemi de la gauche, a promis une lutte sans merci contre la corruption en arrivant au pouvoir en janvier. Il a souhaité à Lula de « pourrir en prison ».
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