Le mandat du commandant du corps des Marines américains arrive à son terme lundi, sans qu'un successeur lui soit désigné. En cause: le blocage généralisé des nominations de hauts responsables militaires, décidé par un sénateur républicain opposé à l'avortement.
Ce parlementaire, Tommy Tuberville, soutient qu'il continuera jusqu'à ce que le Pentagone fasse marche arrière sur sa politique d'assistance aux soldates qui doivent se déplacer au sein des Etats-Unis pour obtenir un avortement.
Si le Sénat peut quand même approuver ces nominations au cas par cas en assemblée plénière, le blocage de cet élu, en tant que membre de la commission des forces armées, empêche de les entériner directement et de façon groupée au sein de cette commission.
Selon son équipe, il empêche ainsi l'approbation plus de 200 nominations depuis des mois.
Elu de l'Alabama, Etat très conservateur du sud des Etats-Unis, Tommy Tuberville juge illicite la politique du Pentagone de soutien aux militaires souhaitant avorter.
Le ministre de la Défense, Lloyd Austin, a toutefois affirmé qu'elle reposait sur un solide fondement légal.
"Assurer des transitions sans accroc et dans les temps des dirigeants confirmés est essentiel pour la défense des Etats-Unis et pour (garantir) la pleine force de la plus puissante force de combat de l'histoire", a-t-il souligné lundi lors de la cérémonie de départ du commandant des Marines, le général David Berger.
Cela fait "plus d'un siècle que le corps des Marines américains n'avait pas fonctionné sans avoir de commandant confirmé par le Sénat", a-t-il pointé.
Il avait estimé plus tôt que retarder l'entrée en fonction de hauts responsables militaires "met(tait) en péril la sécurité nationale de l'Amérique et entrav(ait) les opérations normales du Pentagone".
"Nous avons besoin que le Sénat fasse son travail afin d'avoir un commandant en poste" qui soit "nommé et confirmé", a exhorté lundi le général Berger.
Son adjoint jusqu'ici, le général Eric Smith, assure l'intérim.
Pour Colin Smith, expert sur les questions de défense au sein du cercle de réflexion Rand, le général Smith va devoir "assumer une double casquette", cumulant son rôle actuel avec celui de commandant par intérim.
- Risque "inutile" -
D'autres hauts responsables militaires doivent quitter leur poste dans les prochains mois, dont le chef d'état-major interarmées, le général Mark Milley, ou encore le chef des opérations navales, l'amiral Mike Gilday.
"Sans ces dirigeants en place, les forces militaires américaines subiront un degré inutile et sans précédent de risque, au moment où nos adversaires pourraient mettre à l'épreuve notre détermination", a écrit début mai le ministre Lloyd Austin dans une lettre à la sénatrice démocrate Elizabeth Warren.
En juin 2022, la Cour suprême des Etats-Unis a annulé la garantie constitutionnelle du droit des Américaines à avorter, laissant le choix à chaque Etat de légiférer sur la question.
Certaines soldates, basées dans les Etats où l'avortement est désormais illégal dans la plupart des situations, doivent désormais se rendre dans des Etats où la procédure est toujours légale.
En réponse à la décision de la haute cour, Lloyd Austin a émis une directive afin que le Pentagone mette en place des mesures facilitant la prise de congés administratifs par les membres des forces armées dans le but de "recevoir des soins de santé reproductive non-couverts" et établissant des allocations pour aider ces militaires à couvrir les coûts de déplacement.
Tommy Tuberville a dénoncé mi-février un "projet radical visant à faciliter des milliers d'avortements chaque année grâce à l'argent du contribuable", raison pour laquelle il bloque les nominations au Sénat.
Selon lui, son blocage "n'a aucun effet" sur le degré de préparation opérationnelle des forces armées américaines.
L'élu de l'Alabama a déjà prévenu que sa position demeurerait inchangée "jusqu'à ce que le Pentagone respecte la loi ou change la loi".
"C'est aussi simple que cela."
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