Afrique du Sud, Tunisie, Rwanda... Depuis plusieurs jours, la liste des pays africains qui ont opté pour des mesures drastiques de confinement s'allonge.
Après plusieurs pays d'Europe et d'Amérique latine notamment, l'Afrique, continent le plus pauvre de la planète, adopte progressivement le confinement, une mesure destinée à sauver des vies mais qui paralyse l'économie. Alors que l'Afrique a été jusqu'à présent relativement épargnée par la pandémie par rapport au reste du monde, la très grande faiblesse des services de santé dans les pays africains laisse craindre que la pandémie puisse être dévastatrice.
C’est pour éviter que le continent devienne le nouvel épicentre de la pandémie de Covid-19 que plusieurs dirigeants africains ont pris des mesures drastiques, dans un contexte matériel et culturel peu propice. Déjà en vigueur en Tunisie, au Rwanda et à Maurice, le confinement a été imposé, ce lundi 23 mars, en Afrique du Sud et à Lubumbashi, la capitale économique de la République démocratique du Congo, et dans les deux principales villes de Madagascar, la capitale Antananarivo et Toamasina.
L'armée déployée en Afrique du Sud
Ce lundi soir, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a ainsi imposé un confinement strict de trois semaines dans son pays, le plus touché par l'épidémie de coronavirus en Afrique subsaharienne. Cette mesure vise à prévenir une «catastrophe humaine aux proportions énormes», a-t-il expliqué lors d'un discours télévisé. Un total de 402 cas de Covid-19 ont été confirmés jusqu'à présent en Afrique du Sud, un nombre «multiplié par six en seulement huit jours», a insisté le chef de l'État. Pour faire respecter ce confinement total, le président Ramaphosa a décidé de recourir à l'armée. Et dès ce lundi après-midi, des militaires ont été déployés dans la capitale économique Johannesburg.
Au Sénégal, où 67 cas ont été déclarés, le président Macky Sall a pour sa part déclaré «l'état d'urgence» sur l'ensemble du territoire national à compter de ce lundi à minuit, assorti d'un couvre-feu de 20 heures à 6 heures du matin, alors que le coronavirus «gagne du terrain» dans plusieurs régions de ce pays d'Afrique de l'Ouest. «Je vous le dis avec solennité, l'heure est grave. La vitesse de progression de la maladie nous impose de relever le niveau de la riposte», a affirmé le chef de l'État lors d'une adresse à la nation diffusée par la télévision nationale.
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Toujours en Afrique de l'Ouest, l'état d'urgence, un couvre-feu et un confinement progressif des populations ont été décrétés en Côte d'Ivoire par le président Alassane Ouattara, lors d'une allocution télévisée. «Face à la progression de la pandémie (...), je déclare l'état d'urgence sur toute l'étendue du territoire (...), l'instauration d'un couvre-feu de 21 heures à 5 heures du matin à partir du 24 mars (...), le confinement progressif des populations par aire géographique en fonction de l'évolution de la pandémie».
Confinement total ou partiel
Au total 1628 cas dont 50 morts ont été déclarés sur le continent, contre plus de 340.000 cas d'infection et 15.100 décès sur la planète. En Afrique subsaharienne, 875 cas dont 11 mortels, selon un dernier bilan de l'AFP à 17 heures à partir des déclarations officielles. Un premier mort a été enregistré ce lundi au Nigeria (36 cas officiellement recensés), pays le plus peuplé d'Afrique, et au Zimbabwe.
Au Burkina Faso - 24 nouveaux cas pour un total de 99 - les autorités «envisagent de plus en plus un confinement total des populations sur une période de deux à trois semaines», selon une source sécuritaire. En Afrique centrale, le président du Gabon Ali Bongo Ondimba a annoncé un confinement partiel de 19h30 à 6 heures du matin, qui a débuté dimanche. Au Cameroun voisin (56 cas déclarés officiellement), «on espère ne pas arriver à un confinement de tout le pays», a déclaré dimanche soir le ministre de la Santé, le Dr Malachie Manaouda. Des internautes le réclament pourtant. Le Rwanda (17 cas déclarés) a interdit dès samedi soir «les déplacements non-essentiels».
Depuis vendredi, les 1,3 million habitants de l'île Maurice, située à environ 1800 km au large de la côte orientale de l'Afrique, doivent également rester confinés chez eux pendant 14 jours. Sans en être encore au confinement, le Nigeria tente de faire respecter les mesures déjà en vigueur, à commencer par l'interdiction des rassemblements. «Dispersez-vous et rentrez chez vous. Pour votre propre bien. Ne revenez pas demain», a crié dimanche la police en dispersant les sportifs et les vendeurs de rue postés devant le stade national de Surulere, un quartier populaire du centre de Lagos.
Deuxième pays le plus peuplé du continent (100 millions d'habitants, 11 cas officiellement déclarés), l'Éthiopie a annoncé à son tour ce lundi la fermeture de ses frontières terrestres.
Risque pour les plus démunis
«En réalité le confinement partiel ou total risque d'avoir des effets désastreux pour le continent africain», s'inquiète l'écrivaine camerounaise Calixthe Beyala, sur sa page Facebook. «Les populations les plus démunies en seront les premières victimes, elles crèveront de faim ou du moins leur organisme fragilisé par la malnutrition les rendra fragiles face au virus», selon elle. «Il convient de trouver pour l'Afrique des stratégies d'urgence qui répondent mieux aux besoins de nos peuples», conclut-elle.
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