Willy Bardon a été condamné ce jeudi à 30 ans de réclusion criminelle par la Cour d’assises d’appel du Nord, pour viol en réunion, enlèvement et séquestration suivis de la mort et le meurtre d’Elodie Kulik en 2002, la même peine qu’en première instance.
À l’issue de 14 jours d’audience, magistrats et jurés ont suivi les réquisitions de l’avocate générale, confirmant la peine prononcée en 2019 par la Cour d’assises de la Somme, près de vingt après la mort de la directrice d’agence bancaire de 24 ans, enlevée dans sa voiture, violée, étranglée et brûlée dans la nuit du 10 au 11 janvier 2002 à Tertry (Somme). La cour, contrairement au procès en première instance, l’a cependant aussi condamné pour meurtre. À l’énoncé du verdict, Willy Bardon a fermé les yeux, l’air grave.
Tentative de suicide
En décembre 2019, comparaissant libre à Amiens, il avait alors tenté au même moment de se suicider, en avalant un puissant pesticide dans la salle d’audience. Admis en réanimation dans un état grave, il avait passé cinq jours à l’hôpital avant d’être incarcéré.
“Je n’ai jamais participé à ce crime horrible”
Depuis qu’il a été placé en garde à vue en 2013, Willy Bardon clame son innocence. “Je n’ai rien à voir” dans cette affaire, “je n’ai jamais participé à ce crime horrible”, a-t-il répété jeudi matin, avant que la Cour ne se retire pour délibérer pendant environ six heures.
“Des gémissements d’effroi”
“Cette salle résonne encore des gémissements d’effroi” d’Elodie Kulik, avait dit avec gravité, mercredi, lors de son réquisitoire, la substitute générale Annelise Cau. Cette nuit-là, après un accident inexpliqué sur une départementale de la Somme, la jeune femme avait réussi à appeler les pompiers, laissant aux enquêteurs un enregistrement “crucial” de 26 secondes, où ses cris tétanisés se mêlent à deux voix d’hommes.
L’ADN de Grégory Wiart retrouvé
“Le corps martyrisé d’Elodie a désigné” l’un d’eux: Grégory Wiart dont le sperme retrouvé sur la victime a été identifié en 2012 grâce à une nouvelle technique d’analyse ADN, avait rappelé Mme Cau. Décédé en 2003, il n’a jamais été interrogé et l’enquête s’était orientée vers ses proches. “Ce qui distingue Willy Bardon, c’est sa proximité avec Grégory Wiart” mais c’est surtout “la reconnaissance de sa voix” dans l’enregistrement par plusieurs proches, tout au long de l’enquête, avait poursuivi l’avocate générale Pascale Girardon.
“Aucune preuve”, prétend son avocat
À Douai, comme en première instance, six des douze témoins appelés à la barre ont assuré l’entendre sur la bande. Outre cette pièce, “de mauvaise qualité”, assimilée par la défense à une “image floue et furtive”, il n’existe “aucune preuve” scientifique formelle de la culpabilité de Willy Bardon, avait plaidé mercredi soir l’un de ses avocats, Me Stéphane Daquo.
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