Après un entretien avec Emmanuel Macron ce lundi, le CFCM a prévu d’annoncer des «mesures fortes» mardi.
Sur l’islam, le président voulait prendre son temps. Il avait lancé l’idée, il y a un an, de réformer la loi de 1905 pour encadrer les finances des mosquées et les dérives radicales de certains musulmans. Il devait prononcer dans la foulée un grand discours sur la laïcité. Le tollé fut tel qu’Emmanuel Macron renonça à toucher à cette loi sacrée. Et remisa son grand discours à des jours meilleurs.
Il repoussa aussi l’échéance de ce dossier qu’il envisageait d’aborder non plus par la réforme de la loi mais par la voie réglementaire en utilisant les ressources du droit existant. Son ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, était chargé de la besogne. Ce dernier avait d’ailleurs reçu, il y a dix jours, à cette fin et sans urgence, les responsables musulmans.
«Être intraitable avec les lois de la République»
Mais voilà que l’énième polémique sur le port du voile musulman enflamme la France, faisant même oublier l’attentat au cœur de la préfecture de police de Paris. Dimanche, plusieurs centaines de personnes ont ainsi manifesté à Paris contre «l’islamophobie» et «la stigmatisation» des musulmans. Quelques heures plus tôt, des inscriptions à «caractère raciste» avaient été une nouvelle fois découvertes sur le chantier d’une mosquée en construction à Charleville-Mézières. Lundi, ce sont même des tirs que la mosquée de Bayonne a essuyés, faisant deux blessés.
Tout en affirmant qu’il ne veut «pas céder à la précipitation», le président de la République change pourtant de ton et de tempo. Lundi matin, il a reçu les responsables musulmans à l’Élysée pour une réunion d’urgence. Objectif: «voir comment nos concitoyens dont la religion est l’islam peuvent vivre tranquillement leur religion en respectant absolument toutes les lois de la République», avait-il confié dimanche à RTL. Il promet surtout, «avant la fin de l’année», un train de mesures contre le communautarisme «dans l’éducation, la santé, le travail, les différents services publics».
Et annonce une fermeté nouvelle sur le sujet: «avec des mesures d’interdiction, dissoudre parfois certaines associations encore davantage, interdire certaines pratiques qui se sont installées et qui ne sont pas conformes aux lois de la République». Car «dans certains endroits de notre République il y a un séparatisme qui s’est installé, c’est-à-dire la volonté de ne plus vivre ensemble, de ne plus être dans la République, et au nom d’une religion». Il s’agit désormais d’être «intraitable avec les lois de la République», a-t-il insisté.
Présent lundi au rendez-vous de l’Élysée avec les responsables du Conseil français du culte musulman (CFCM), le ministre de l’Intérieur, chargé des cultes, Christophe Castaner, a assuré que le président de la République a demandé «au CFCM un changement de rythme pour qu’il combatte, aux côtés de l’État, le communautarisme et l’islamisme». Il attend qu’ils aient «une parole forte sur la place du voile, les femmes, l’école», a-t-il rapporté, et «un discours clair pour ne pas laisser perdurer l’ambiguïté dont s’alimentent les radicaux».
Le CFCM promet des annonces
À cette réunion élyséenne était aussi présent Dalil Boubakeur, le président par intérim du CFCM qui, depuis toujours très opposé aux radicaux, a reconnu la semaine dernière que «l’islam est un phénomène politique majeur, une idéologie de lutte, d’agression». À l’issue de cet entretien, Anouar Kbibech, le vice-président du CFCM, a annoncé qu’une réunion exceptionnelle du «conseil religieux» de l’instance se tiendrait en urgence ce mardi pour formuler des «annonces très fortes».
Et d’ajouter: «le président nous a fait passer le message qu’il comptait sur le CFCM pour prendre des initiatives fortes concernant la question de la prévention de la radicalisation, la question de la place du voile dans la religion musulmane, la question de la place des femmes». En réponse, «nous avons assuré le président de la République de la mobilisation des musulmans de France et plus particulièrement du CFCM», a-t-il souligné.
Pour l’heure, le port du voile revient au centre des débats. Ce mardi, le Sénat doit examiner une proposition de loi des Républicains (LR) visant à interdire le port de signes religieux aux parents accompagnant des sorties scolaires. Selon un sondage Ifop-JDD, trois Français sur quatre sont favorables à une telle interdiction.
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Sounna
En Octobre, 2019 (11:00 AM)Participer à la Discussion