Les Taliban et plusieurs hauts responsables afghans étaient rassemblés au Qatar pour tenter d'enrayer la violence en Afghanistan. Les deux parties se sont engagées à établir une "feuille de route pour la paix".
"Ce n'est pas un accord, c'est une fondation pour démarrer la discussion." Pour Mary Akrami, directrice exécutive du Réseau de femmes afghanes, les conclusions du dialogue entre Taliban et responsables afghans, ainsi que la future mise en place d'une "feuille de route pour la paix" en Afghanistan, ne sont qu’un début.
Les deux parties ont mis un terme à leurs discussions, commencées la veille à Doha, au Qatar, lundi 8 juillet. Convenant de faire baisser la violence dans le pays, elles ont publié un communiqué commun dans lequel elles s'engagent à tracer une "feuille de route pour la paix", fondée sur l'ouverture d'un processus de paix contrôlé, le retour des personnes déplacées à l'intérieur du pays et la non-ingérence des puissances régionales en Afghanistan.
Le texte prévoit aussi de "garantir les droits des femmes dans les domaines politique, social, économique, d'éducation et de culture, conformément au cadre islamique des valeurs islamiques".
La déclaration de 700 mots, saluée par les applaudissements des participants vers 21 h GMT, a été lue en langue pachtoune par Amir Khan Mutaqi, ancien ministre du régime des Taliban (1996-2001), et en dari par Habiba Sarabi, vice-présidente du Haut conseil afghan pour la paix, créé par l'ancien président afghan Hamid Karzai.
Cette rencontre, co-organisée par l'Allemagne et le Qatar et entamée dimanche, a eu lieu au moment où les États-Unis cherchent à se désengager d'Afghanistan, après dix-huit ans d'intervention militaire, soit la plus longue guerre de leur histoire.
Quelque 70 délégués afghans étaient présents à Doha : outre les Taliban, des membres du gouvernement et des élites politiques, dont des opposants, des représentants de la société civile et des médias ainsi que des femmes.
Un accord avant l’élection présidentielle
Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo s'était réjoui, dimanche, de la tenue de ce dialogue et a loué "le gouvernement (afghan), la société civile, les femmes et les Taliban" pour leur participation.
Washington met les bouchées doubles afin d'arracher un accord politique avec les Taliban avant l'élection présidentielle afghane, prévue le 1er septembre, et afin d'ouvrir la voie à un retrait des troupes américaines, arrivées fin 2001, selon les vœux du président Donald Trump.
Pour les co-organisateurs qataris, l'objectif des discussions était de tracer "une feuille de route pour l'avenir de l'Afghanistan".
Il s'agissait de la troisième réunion du genre après deux rencontres à Moscou en février puis en mai.
"Le but est de négocier pour qu'ils se mettent d'accord entre eux sur les conditions de la paix", avait expliqué dimanche à l'AFP le négociateur américain Zalmay Khalilzad.
Les entretiens interafghans se déroulaient sans la participation directe des États-Unis ni la présence officielle de représentants du gouvernement de Kaboul, pourtant reconnu par la communauté internationale. Ces derniers ne sont là qu'"en leur qualité personnelle". Les Taliban refusent en effet de négocier avec le président afghan Ashraf Ghani.
Peu d'informations avaient filtré de la première journée d'entretiens mais selon une déléguée, Asila Wardak, membre du Haut conseil pour la paix (HPC), une instance de réconciliation afghane, "tout le monde insiste sur un cessez-le-feu".
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