Lunettes de soleil sur le nez, Emmanuel Macron, descendu d'hélicoptère, arpente la cité nabatéenne d'Hégra, en Arabie saoudite. Le paysage est désertique, presque lunaire, comme cette séquence tourisme à plus de 4.000 km de Paris où se noue au même moment une crise politique inédite.
En visite d'Etat dans le royaume sunnite depuis lundi, le président de la République a tenu à honorer cette ultime étape sur la diplomatie du patrimoine dans l'oasis d'Al-Ula, un projet touristique emblématique du prince héritier Mohammed ben Salmane. La France copilote ce mégaprojet de 20 milliards de dollars, et les enjeux économiques sont donc conséquents.
Une fois n'est pas coutume pour le retardataire de l'Elysée, le programme a été avancé d'une heure. Aucune explication officielle, mais le chef de l'Etat veut être de retour à Paris en fin de journée, quand l'Assemblée nationale rendra son verdict sur la motion de censure qui devrait, sauf grosse surprise, faire tomber le gouvernement de Michel Barnier.
Accueilli avec des figues au fromage et des tartes aux dattes et aux noisettes, entouré par la garde royale saoudienne en uniforme noir et béret vert, Emmanuel Macron admire ce site aux 7.000 ans d'histoire, où les Nabatéens avaient élargi leur territoire depuis celui plus connu de Petra au nord, aujourd'hui en Jordanie.
Veste tombée, en chemise blanche et cravate, il écoute attentivement le guide lui expliquer que "les Nabatéens avaient un lien très fort avec l'Europe" et étaient "très ouverts".
"Ils avaient leur propre alphabet ?", s'enquiert le président.
Comme si de rien n'était.
- "Je ne peux pas croire" -
N'a-t-il pas dit la veille au soir, aux journalistes qui l'accompagnent dans ce déplacement, qu'il ne pouvait "pas croire au vote d'une censure" pourtant presque inéluctable?
Lors de cet échange informel avec la presse, sans caméras ni micros, après une journée toute en discrétion au cours de laquelle il avait visité, à l'écart des médias, un palais historique de la dynastie des Daoud près de Ryad, il avait appelé chacun à "prendre ses responsabilités".
Et accusé le Rassemblement national d'être d'un "cynisme insoutenable" s'il votait la motion déposée par la gauche, et le Parti socialiste de faire preuve d'une "perte de repères complète" en approuvant la censure.
Alors qu'il est accompagné à Al-Ula par plusieurs ministres dont celui des Armées, le fidèle Sébastien Lecornu, cité avec insistance pour remplacer Michel Barnier à Matignon, Emmanuel Macron "n'en a pas du tout parlé dans l'avion", assure un membre de la délégation.
Mais le même reconnaît qu'il faudra "aller vite" pour désigner un successeur au Premier ministre.
D'ailleurs, ses proches en conviennent, le chef de l'Etat a déjà commencé à "tester" des options, déterminé, dit l'une d'eux, à se "faire violence", lui qui a souvent la nomination laborieuse.
Cette visite en Arabie intervient "alors que les crises se multiplient", "et que l'incertitude pèse lourdement", a expliqué Emmanuel Macron dans un entretien au journal libanais An-Nahar. C'est bien sûr des guerres au Moyen-Orient qu'il parle, mais l'écho résonne fort avec la situation politique française.
Car justement la crise guette, le président a pris à revers l'argument numéro un de Michel Barnier et de ses soutiens: la menace d'une "tempête" financière si le gouvernement vient à tomber.
"Il ne faut pas faire peur aux gens avec ces choses-là, on a une économie forte", a-t-il répondu mardi depuis Ryad. De la même manière, il a balayé les appels croissants à sa démission pour sortir de l'impasse -- de la "politique-fiction" qui "n'a pas de sens".
Continuant d'échanger à distance avec ses amis à Paris, il assure d'ailleurs selon l'un d'eux que la censure, "c'est la vie des institutions", "ça fait partie des outils de la Ve République" -- tout comme la dissolution de l'Assemblée qu'il a dégainée en juin, plongeant le pays dans le marasme.
La ligne de crête se révèle plus périlleuse à arpenter que le site nabatéen: dramatiser les enjeux, mais pas trop, au risque de s'exposer en première ligne.
En visite d'Etat dans le royaume sunnite depuis lundi, le président de la République a tenu à honorer cette ultime étape sur la diplomatie du patrimoine dans l'oasis d'Al-Ula, un projet touristique emblématique du prince héritier Mohammed ben Salmane. La France copilote ce mégaprojet de 20 milliards de dollars, et les enjeux économiques sont donc conséquents.
Une fois n'est pas coutume pour le retardataire de l'Elysée, le programme a été avancé d'une heure. Aucune explication officielle, mais le chef de l'Etat veut être de retour à Paris en fin de journée, quand l'Assemblée nationale rendra son verdict sur la motion de censure qui devrait, sauf grosse surprise, faire tomber le gouvernement de Michel Barnier.
Accueilli avec des figues au fromage et des tartes aux dattes et aux noisettes, entouré par la garde royale saoudienne en uniforme noir et béret vert, Emmanuel Macron admire ce site aux 7.000 ans d'histoire, où les Nabatéens avaient élargi leur territoire depuis celui plus connu de Petra au nord, aujourd'hui en Jordanie.
Veste tombée, en chemise blanche et cravate, il écoute attentivement le guide lui expliquer que "les Nabatéens avaient un lien très fort avec l'Europe" et étaient "très ouverts".
"Ils avaient leur propre alphabet ?", s'enquiert le président.
Comme si de rien n'était.
- "Je ne peux pas croire" -
N'a-t-il pas dit la veille au soir, aux journalistes qui l'accompagnent dans ce déplacement, qu'il ne pouvait "pas croire au vote d'une censure" pourtant presque inéluctable?
Lors de cet échange informel avec la presse, sans caméras ni micros, après une journée toute en discrétion au cours de laquelle il avait visité, à l'écart des médias, un palais historique de la dynastie des Daoud près de Ryad, il avait appelé chacun à "prendre ses responsabilités".
Et accusé le Rassemblement national d'être d'un "cynisme insoutenable" s'il votait la motion déposée par la gauche, et le Parti socialiste de faire preuve d'une "perte de repères complète" en approuvant la censure.
Alors qu'il est accompagné à Al-Ula par plusieurs ministres dont celui des Armées, le fidèle Sébastien Lecornu, cité avec insistance pour remplacer Michel Barnier à Matignon, Emmanuel Macron "n'en a pas du tout parlé dans l'avion", assure un membre de la délégation.
Mais le même reconnaît qu'il faudra "aller vite" pour désigner un successeur au Premier ministre.
D'ailleurs, ses proches en conviennent, le chef de l'Etat a déjà commencé à "tester" des options, déterminé, dit l'une d'eux, à se "faire violence", lui qui a souvent la nomination laborieuse.
Cette visite en Arabie intervient "alors que les crises se multiplient", "et que l'incertitude pèse lourdement", a expliqué Emmanuel Macron dans un entretien au journal libanais An-Nahar. C'est bien sûr des guerres au Moyen-Orient qu'il parle, mais l'écho résonne fort avec la situation politique française.
Car justement la crise guette, le président a pris à revers l'argument numéro un de Michel Barnier et de ses soutiens: la menace d'une "tempête" financière si le gouvernement vient à tomber.
"Il ne faut pas faire peur aux gens avec ces choses-là, on a une économie forte", a-t-il répondu mardi depuis Ryad. De la même manière, il a balayé les appels croissants à sa démission pour sortir de l'impasse -- de la "politique-fiction" qui "n'a pas de sens".
Continuant d'échanger à distance avec ses amis à Paris, il assure d'ailleurs selon l'un d'eux que la censure, "c'est la vie des institutions", "ça fait partie des outils de la Ve République" -- tout comme la dissolution de l'Assemblée qu'il a dégainée en juin, plongeant le pays dans le marasme.
La ligne de crête se révèle plus périlleuse à arpenter que le site nabatéen: dramatiser les enjeux, mais pas trop, au risque de s'exposer en première ligne.
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il y a 3 semaines (14:53 PM)Participer à la Discussion