Un somnambule prend 36 kilos en mangeant à son insu

Retrouver des tartines au beurre de cacahuètes, des pots de yaourt et des céréales dans son lit, à part un petit-déjeuner au lit mouvementé, rien ne peut l'expliquer. C'est pourtant le quotidien de Chris Perez, un Australien atteint de somnambulisme alimentaire.

Inconscient
Cette maladie l'amène à se lever la nuit et à manger lors de ses poussées de noctambulisme. Il n'est pas conscient de ce qu'il fait et donc de ce qu'il ingurgite (ce qui différencie sa pathologie du syndrome de la faim nocturne, où le patient est éveillé et conscient de ses fringales). Là où d'autres se contentent de sortir de chez eux en pyjama, un patient atteint de ce trouble alimentaire se rue sur le frigo et les placards et les dévalise goulûment. Car malheureusement, Chris Perez ne se contente pas d'une pomme ou d'une petite tartine dans son sommeil. 

Prise de poids incontrôlable
À en croire les cadavres qui jonchent son lit et sa cuisine à l'aube, il a souvent mangé un pot de confiture à la fourchette, du granola, des biscuits salés, du chocolat. Des associations douteuses voire écoeurantes qu'il ne ferait jamais éveillé en journée et qui le rendent nauséeux au réveil et lui provoquent de graves problèmes digestifs. Pire encore, sa pathologie lui a fait prendre... 36 kilos.

Famille
Décontenancé, il a fini par comprendre qu'il devait être atteint d'une sorte de parasomnie boulimique. Et à bien y regarder, il semble que ce mal soit héréditaire car la mère de Chris Perez s'adonnait, selon sa grand-mère, à des festins nocturnes dont elle n'avait aucune souvenance le lendemain et qu'elle niait en bloc. Un cousin et une grand-tante de l'Australien souffraient eux aussi des mêmes symptômes.

Filmé
À 24 ans, Chris Perez (et ses colocataires dépités de voir les sachets de chips et les gâteaux disparaître des armoires) a enfin compris la raison de sa prise de poids et du désordre qu'il doit ranger chaque matin. De 91 kilos, il est passé à 127 kilos et souffre de maux d'estomac. Son trouble alimentaire, qui mêle boulimie et parasomnie, ne touche qu'1 à 5% de la population adulte et a été diagnostiqué par une clinique du sommeil spécialisée dans ces pathologies atypiques. Les médecins l'ont filmé dans son sommeil, ce qui lui a permis de constater, choqué, son mal.

Régime et stress
Il s'est vu se lever, chercher de la nourriture malgré un sommeil de plomb et porter à la bouche les mets choisis en mastiquant très ostensiblement. Chips, barres cholocatées, céréales, restes de plats de la veille: Chris Perez a réalisé l'ampleur de ses orgies, dont il n'avait pas mesuré la gravité. Les médecins lui ont expliqué que ce mal touche particulièrement les personnes qui suivent un régime draconien ou récurrent, ce qui était son cas. Le stress est un facteur déterminant pour les phases de crises de la maladie. Et évidemment, le trouble est un cercle vicieux. Le somnambule se goinfre la nuit, grossit, suit un régime plus strict la journée, lequel renforce la durée et la gravité des crises de boulimie nocturne inconsciente. Les aliments ingérés la nuit sont principalement gras et très sucrés, ce qui facilité la prise de poids.

Effet secondaire
Avec des anti-dépresseurs et un suivi psychiatrique, les crises ont diminué et Chris Perez a retrouvé un sommeil plus paisible. Il n'a pas perdu tout le poids accumulé et retrouve encore régulièrement des restes de nourriture éparpillés chez lui, comme si un sanglier avait visité les lieux. Le signe que la mal n'a pas disparu et qu'il doit continuer à veiller à avoir une alimentation saine mais pas trop restrictive en journée, à soigner les causes de son stress et éviter le surmenage. Si vous présentez les mêmes troubles, consultez un spécialiste car le somnambulisme alimentaire peut être le symptôme d'un autre problème médical, d'une dépression ou l'effet secondaire d'un traitement médical inadapté.